Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Un enfant pêche sous le regard attentif de son grand-père Bernard. Une scène banale, en temps de paix. Mais gagnée des décennies plus tôt par le vieil homme, alors jeune Alsacien membre du groupe de résistants Feuille de lierre. Mais le Lierre vaincra-t-il la progression de l'Araignée nazie, qui a annexé l'Alsace ? Ou ses ennemis précipiteront-ils Bernard vers le camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck ? À moins que son sort ne soit encore pire...
Cette histoire, celle de son propre grand-père, fut longtemps un tabou familial. Alors Grégoire Carlé est parti à sa recherche à travers livres et rencontres de survivants, dressant le stupéfiant tableau d'une Alsace écartelée mais aussi un poignant portrait de son grand-père, héros discret pourtant aux premières loges de l'absurdité de la guerre. Un travail à la fois universitaire et personnel, d'une rigueur et d'une beauté étourdissantes.
Que dire après la percutante et détaillée chronique de Domi Mot ?
Simplement que c’est un ouvrage d’une grande qualité qui
• Souligne la relation avec ce grand père alsacien qui s‘ouvre difficilement sur sa vie à son petit-fils, dans une proximité avec la nature apaisante, résiliente, mais aussi parfois calcifiée … mais aussi lieu de résistance … Mais c’est bien l’auteur, Grégoire, ce petit fils, qui va faire les recherches et reprendre le fil de l’Histoire rendant hommage à certains oubliés ;
• Convoque les souvenirs, la mémoire de la résistance, l’engagement de jeunes dans cette seconde guerre mondiale, avec la particularité de ce territoire tiraillé qu’est l’Alsace avec des ancrages divers (langue, culture, …), mais un attachement affirmé à la France (… et qui peut faire penser d’une certaine façon à l’Ukraine) ;
• Adopte une écriture graphique particulièrement cohérente avec le sujet : dessins et couleurs font parfois penser à ces anciennes BD … nous ramenant dans cette époque terrible.
C’est bien un ouvrage à découvrir et partager.
Grand merci à mon frère pour ce cadeau qui porte une dédicace de toute beauté de Grégoire Carle que je remercie amicalement.
Citation vers la fin de l’ouvrage des précisions (illustrées) de Grégoire Carle :
« Boire à la source du Léthé au cyprès blanc efface les souvenirs, mais celle de Mnémosyne permet de conserver la mémoire du passé pour que cesse de se reproduire à l'infini les mêmes errements.
Mnémosyne engendra les 9 déesses des arts : les muses. La mémoire est mère des arts, c'est ce que nous enseigne Hésiode dans sa théogonie.
Cette œuvre n'aurait jamais dû voir le jour car mon grand-père comme la plupart de ses compagnons d'infortune, choisirent la source au cyprès blanc dès leur jeunesse sacrifiée.
Choisir entre les 2 sources, c'était choisir entre le deuil et son refoulement. À vrai dire le choix ne s'est pas tellement posé, cette histoire ne rentrait pas dans le roman national sauf lors du procès de l'horreur d'Oradour. Pendant que la France célébrait ses héros de la libération, les familles alsaciennes et mosellan accueillaient discrètement leurs enfants de retour de Russie, pour ceux qui avaient eu la chance de rentrer
ici dans les Hautes-Alpes où mon grand-père a passé ses vieux jours, on trouve les fontaines pétrifiantes. Tout ce qu'on y plonge fini de changer en Pierre, enrobé d'une gangue minérale protectrice. Un bon endroit pour oublier.
Mais en grattant bien on retrouve la matière originelle de l'objet. Il a fallu beaucoup gratter pour retrouver la matière de ce récit ….
Un ouvrage au graphisme très réussi rendant hommage aux adolescents résistants qui emprunte au symbolisme pour expliquer les difficultés subies dans cette région à l'histoire franco-allemande complexe.
#NetGalley
Été 1994, "les souvenirs jaillissent des profondeurs"... ces moments à la pêche partagés par un grand-père avec son petit-fils sont l'occasion de révéler un passé douloureux, qui commença le 1er septembre 1939, lorsque le tocsin retentit en Alsace. L'ordre d'évacuation est donné pour 210 000 lorrains et 380 000 alsaciens.
C'est une histoire intime que nous conte Grégoire Carle. Celle de son grand-père, Bernard, qui avec quelques autres jeunes camarades, résista à l'araignée nazie qui pris possession de force l'Alsace, cette région ballottée malgré elle d'un côté du Rhin à l'autre. Appuyé sur une grosse documentation historique, il raconte les alsaciens virés de chez eux, privés de leur maison, puis dressés, mis au travail pour le Reich et résistants avant d'être enrôlés de force dans la Wehrmacht.
Côté graphisme, les planches visibles à l'exposition "Adolescents en guerre" au Musée du papier à Angoulême rendent grâce à l'impressionnant travail de Grégoire Carle. Encre, aquarelles donnent une épaisseur et une lumière bien particulière au récit. L'auteur se joue aussi des cases qui se tordent, se distendent, explosent...
Très bel hommage à ces adolescents qui, formant des réseaux (La feuille de lierre et la main noire) forcent le respect par leurs actions de résistance dans une région traumatisée par ses questions d'identité, "Le lierre et l'araignée", album à la fois intime et universel, lutte contre l'oubli en les mettant en lumière.
Grégoire Carle s’est inspiré de l’histoire réelle de son grand-père : un très jeune résistant alsacien du groupe « la feuille de lierre », opposé à l’araignée allemande, sournoise et prédatrice.
Été 1995 – Un enfant pèche la truite avec son grand-père. Paysages sublimes de nature, de rivière. Une bulle de beauté aux coloris lumineux, aux traits précis et travaillés.
Tous les deux sont des pécheurs passionnés : « Ma canne oscille d’un battement régulier. Une énergie fluide circule de mes reins jusqu’à la soie et propulse cette minuscule mouche sur la rive opposée...Mais la truite n’en veut pas !
Je dois encore apprendre à lire la rivière, ce livre écrit dans une langue secrète et dont le courant tourne les pages »
Au fil de l’eau comme au fil des souvenirs….
Pépé se souvient : 1er septembre 1939, l’évacuation de Strasbourg - vidé de 200. 000 habitants
Le contraste est marqué graphiquement entre la paix, la fluidité de la rivière et les souvenirs du vieil homme à Strasbourg. Un fond toujours clair mais personnages sombres.
22 juin 1940 – l’armistice et le retour des alsaciens qui ont fui le conflit. Un seul objectif pour les occupants : rendre les alsaciens, allemands, à tout prix.
« Mais si, en dépit du rouleau compresseur de l’appareil nazi, survivait une étincelle de rébellion, alors le Gauleiter disposait d’un outil particulier. Un camp de rééducation des récalcitrants.
Ce camp fonctionnait comme un organe de propagande.
On y « reprogrammait » les rebelles à coup de travaux forcés, de jeûnes et de
châtiments corporels. Au bout de quelques mois, les prisonniers étaient relâchés et leur aspect fantomatique suffisait à dissuader quiconque de braver les autorités allemandes. »
Une situation complexe et douloureuse pour cette région, écartelée entre deux pays, familière aux habitants, dès 1870, puis 1918 et maintenant en 1940. Chacun veut rendre allemands ou français cette population d’Alsace / Moselle. Qu’il s’agisse de l’Allemagne nazie mais aussi de la France, la situation des alsaciens et mosellans a toujours été difficile.
« Quand Clemenceau et Poincaré sont arrivés à Strasbourg, ils ont refusé de recevoir les élus du Conseil, pire, ils ont mis en place l’épuration ethnique.
L’Alsace et la Moselle ont été les seuls territoires de France métropolitaine où l’état appliqua la loi du sang, comme dans son empire colonial…
Certes les allemands font pareil, mais eux ne se réclament pas des Lumières. »
Beaucoup d’alsaciens se sont alors davantage tournés et reconnus dans le communisme.
Le sentiment de ne jamais être à sa place. Trop français pour les allemands et trop allemands pour les français.
Les jeunes alsaciens, dont le grand père de Grégoire Carle, travaillent à l’usine de constructions mécaniques ( SACM) qui fournit l’armée allemande. C’est encore des ados, 15, 16 ans et ils adorent pécher. Pour manger, vendre leur poisson, mais aussi se retrouver loin des oreilles indiscrètes.
Ils trouvent un fort de défense, abandonné à la hâte par les soldats français en 40 et bourré de munitions : « Il est hors de question que ces armes aillent dans les mains des boches. »
La résistance commence alors avec le sabotage des lignes électriques, les tracts antinazis et l’aide aux prisonniers de guerre français évadés des camps allemands. Y compris les sabotages des pièces dans la SACM.
Ils constituent un groupe « la feuille de lierre ». Un nom chargé de sens : « toujours vert, toujours fidèle ».
Ils seront arrêtés et envoyés au camp de travail de Schirmeck : « Ce jour-là les nazis ont tabassé et torturé 14 gamins de 15 ans sans réussir à leur arracher le moindre aveu. »
J’ai particulièrement apprécié cette histoire quotidienne, au plus proche des habitants. Une BD richement documentée, foisonnante de détails précis, ceux du quotidien des alsaciens et mosellans.
J’ai simplement regretté quelques longueurs, et l’anonymat relatif des personnages. Difficile de différencier les jeunes résistants les uns des autres, et je n’ai pas reconnu, parmi eux, qui était le grand-père de l’auteur…
Cela n’empêche, c’est une BD passionnante et magnifiquement dessinée.
Merci à Netgalley et aux Editions Dupuis de m’avoir permis de découvrir ce groupe de résistants, très jeunes, de « la feuille de lierre. »
https://commelaplume.blogspot.com/
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Waouh ! J'apprécie le préambule :- ) mais heureusement à nous tous, tous les fanas des BD, on apporte chacun sa part. Et tu n'es surtout pas le dernier ! :- )