"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La bourgeoisie vue par le petit trou de la serrure et l'oeil de ses domestiques, qui ne valent pas mieux qu'elle. Si les maîtres sont des pantins, Célestine, la femme de chambre, est une catin, d'ailleurs assez gentille, et Joseph, le jardinier cocher, une fripouille antisémite. Ajoutez à cela quelques épices 1900, les étreintes passionnées de Célestine avec un jeune tuberculeux, un viol, un vieillard fétichiste (la fameuse scène des bottines si bien enlevée dans le film de Bunuel), et vous avez le chef-d'oeuvre de notre terrible Octave, «un personnage extraordinaire, disait Léautaud, d'une fougue, d'une hardiesse, d'un anarchisme littéraire et artistique unique à cette époque.»
lecture cocasse ^^
Célestine, femme de chambre, la plupart du temps dans des familles bourgeoises, nous dépeint ces portraits de famille ... Elle ne manque pas d'humour pour nous expliquer sa servitude, son exploitation et ses révoltes contre son statut !
Voici un classique très agréable à lire ...
Les coulisses de la bourgeoisie à travers le regard acerbe d'une simple soubrette. Tableau sans compromis des faux-semblants de la société bien-pensante du XIXe siècle, ce Journal pourrait tenir tout entier dans cette citation: Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens." On n'en dévore pas moins l'ensemble de l'ouvrage.
On peut se demander quel intérêt y-a-t'il à lire le journal d'une femme de chambre... On peut aussi s'interroger au sujet d'Octave Mirbeau, cet auteur injustement méconnu, qui pourtant est doté d'une sacrée plume et d'un style acéré en décrivant la société qui l'entoure.
Un regard sur les moeurs de la fin du 19ème siècle, qui montre toute la cupidité des êtres, le besoin de paraître, le dédain envers les plus petits, ces signes qui se répètent, inexorablement.
La période où Célestine se trouve un long moment dans une maison de placement nous montre combien ce monde était cruel, combien le dénigrement était de mise et démontre une grande misère humaine !
Pour terminer, je vous cite un passage qui m'a touchée, par son thème, par son contexte (Célestine se trouve au service d'un jeune malade condamné, et lui lit de la poésie), et par la beauté de l'écriture :
"Ce qu'il y a de sublime, vois-tu, dans les vers, c'est qu'il n'est point besoin d'être un savant pour les comprendre et pour les aimer... au contraire... Les savants ne les comprennent pas et, la plupart du temps, ils les méprisent, parce qu'ils ont trop d'orgueil... Pour aimer les vers, il suffit d'avoir une âme... une petite âme toute nue, comme une fleur... Les poètes parlent aux âmes des simples, des tristes, des malades... Et c'est en cela qu'ils sont éternels... Sais-tu bien que, lorsqu'on a de la sensibilité, on est toujours un peu poète ?... Et toi-même, petite Célestine, souvent tu m'as dit des choses qui sont belles comme des vers..."
1900. Un aperçu du monde, de sa laideur, de sa beauté, vu par une femme de chambre. Dans le désordre : la façon dont les domestiques percevaient (et perçoivent certainement encore) la vie et les mœurs de leurs maîtres - et vice versa - , la façon dont ils étaient traités, leurs conditions de travail... Le tout, et c'est la grande force de ce livre, sur un ton critique et léger. Un excellent livre, à la fois instructif et divertissant!
A défaut d'avoir pu visionner la libre-adaptation cinématographique qu'en fit Buñuel, je me suis rabattue sur l'oeuvre originale. Bien m'en a pris car il s'agit d'un excellent bouquin qui passe, tout du long de la narration, par différentes émotions : de la révolte en voyant comment étaient traités les domestiques en ce temps-là, de l'émotion en passant par un humour sarcastique de la façon dont certains protagonistes sont croqués. Il s'agit bien d'un pamphlet contre la bourgeoisie et l'Eglise qui maintenait les petites gens dans son giron, par leur ignorance, en fustigeant l'enseignement publique récemment devenu obligatoire par l'intermédiaire de Jules Ferry, sans oublier l'antisémitisme récurrent de la fin du XIXème siècle en peine affaire Dreyfus, le tout avec un accent libertaire. Ce qui n'est pas pour me déplaire, bien au contraire ! Vraiment un très bon roman !
Trois petits récits.Un peu courts à mon avis.
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