Entre confirmations et découvertes littéraires, faites le plein d'idée de lectures...
«Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita Szapire cinq ans plus tard. Vicente et Rosita se sont aimés et ils ont eu trois enfants. Mais lorsque Vicente a su que sa mère allait mourir dans le ghetto de Varsovie, il a décidé de se taire. Ce roman raconte l'histoire de ce silence - qui est devenu le mien.»
Entre confirmations et découvertes littéraires, faites le plein d'idée de lectures...
La première liste consacrée à la rentrée littéraire n'a pas suffi ? Voici la suite !
Vicente, juif-polonais ou polonais-juif, vit en Argentine avec sa femme et ses trois enfants. Ils sont gais et insouciants.
Il n'a pas réussi à convaincre sa mère de le rejoindre ; elle ne pouvait pas abandonner sa fille exilée en Russie et son autre fils, médecin, qui aide ses compatriotes.
Et la guerre arrive avec ses nouvelles lointaines, peu fiables. Comment croire à ce qu'on lit alors que la communauté internationale ne s'émeut pas ?
Mais lui commence à douter, les rares lettres de sa mère son terribles ; le font vaciller.
Alors il s'enferme dans son ghetto intérieur, il devient mutique.
Un livre sur la culpabilité, sur les origines, sur la religion, sur l'incapacité à venir en aide.
L'écriture est fluide, la rythme lent avec quelques longueurs.
Un roman agréable à lire mais une petite déception car je m'attendais à une envolée d'émotions au regard des critiques dithyrambiques que ce roman a reçu.
Au café Tortoni, ce 13 septembre 1940, Vincente Rosenberg va rejoindre ses amis Ariel et Sammy.
C’est un lieu à la mode et qui voit passer les célébrités, José Luis Borges, Arthur Rubinstein, Roger Caillois…venus à Buenos Aires pour fuir ce qui se trame en Europe.
En ce jour, la conversation tourne autour de deux sujets : les mères juives et la guerre en Europe.
Vincente est arrivé bien avant les évènements en 1928, juste à la recherche de son indépendance.
« C’est ce qu’on fait depuis la nuit des temps, non ? On aime nos parents, puis on les trouve chiants, puis on part ailleurs…C’est peut-être ça être juif… »
La vie est passée vite depuis son installation dans ce pays, il s’est marié, il a trois enfants, un magasin de meuble à faire tourner, les journées sont bien occupées et le temps a filé.
Sa mère et son frère sont toujours en Pologne, sa sœur elle est en Russie. Cela fait trois mois qu’il n’a pas eu de nouvelles.
Sammy avait fui le vieux continent avec toute sa famille et Ariel avait réussi à convaincre les siens de venir depuis 1937.
Vincente depuis douze ans n’a pas tenu sa promesse d’écrire toutes les semaines, comme il n’a pas réussi à convaincre sa mère et son frère de fuir. A-t-il assez insisté ?
« S’éloigner de sa mère en 1928, l’avait tellement soulagé — être loin d’elle, aujourd’hui, le torturait tellement. »
Le 9 décembre 1940 enfin une lettre. Plutôt alarmante, il y répond et réitère sa proposition de les faire venir à Buenos Aires.
« Wincenty, mon Wincenty, mon cœur, mon enfant,
Tout est devenu compliqué ici. Beaucoup de voisins de l’immeuble sont morts ces derniers mois. Berl soigne des gens pour quelques zlotys, mais la plupart n’ont plus de quoi payer. On ne sait pas ce qu’on va devenir. Il y a bien Shlomo qui nous aide parfois un peu, mais même pour lui les choses sont devenues difficiles. Les Allemands ne nous parlent plus, ils nous traitent comme des animaux. »
Lui qui avait délaissé la lecture des journaux, traque la moindre information, il lit tout ce qu’il trouve. Il rejoint de plus en plus souvent ses amis au café et pourtant participe de moins en moins. Comme s’il avait besoin de leur présence pour se réchauffer sans pour autant pouvoir livrer ce qui obstrue toutes ses pensées.
Il se heurte sans cesse à son incapacité à réussir à sauver les siens.
C’est indicible et finalement impossible de reconnaître l’inacceptable.
Alors le silence l’enveloppe l’emporte loin de son présent.
L’auteur amorce son récit en trouvant un biais original car le sujet a été l’objet de multiples essais et romans etc. Ce qui est surprenant c’est la douceur qui se dégage de l’ensemble pour dire l’indicible, l’horreur sans jamais user ou abuser de scènes horribles.
Cela ne fait que concentrer l’attention du lecteur, ce silence est ressenti dans toute la splendeur d’un retentissement qui nous fracasse les oreilles, nous noient les yeux et va nous nouer le ventre jusqu’à la dernière ligne.
Dire avec force l’origine du silence, de la culpabilité qui se propage aux descendants.
Nous ne saurons jamais si Gustawa…
« Si jamais elle a été arrêtée, j’espère qu’elle a réussi à garder son châle. C’est tout. Juste ça : son châle en laine rose. Je demande que ça, mon Dieu en qui je n’ai jamais cru. Je demande que maman, si elle a été arrêtée, soit tombée sur un soldat allemand assez humain pour comprendre que ce châle en laine rose ne pouvait faire de mal à personne. »
Vincente est un corps errant, difracté de sa famille et de ses amis, un esprit exilé qui rejoint les siens dans le ghetto intérieur même s’il ne peut avoir qu’une vague idée des horreurs de la réalité.
L’auteur redonne la voix à son grand-père, c’est puissant, troublant et déchirant.
©Chantal Lafon
En 1928, Vicente Rosenberg quitte la Pologne et s’installe à Buenos Aires. Distendre un peu les liens familiaux, prendre un peu de large avec ses racines, se construire un bel avenir. Très vite, Vicente rencontre Sammy et Ariel, juifs polonais comme lui, fréquente les bars, fonde un foyer avec Rosita…
12 ans plus tard, « le 13 septembre 1940, à Buenos Aires, l’après-midi était pluvieuse et la guerre en Europe si loin qu’on pouvait se croire encore en temps de paix. »
12 ans plus tard, sa conscience se brise. Depuis son départ, Gustawa sa mère, lui écrivait des lettres auxquelles il ne répondait, mais maintenant, elle lui parle « du grand mur que les Allemands ont construit ». Puis les lettres s’espacent, leur ton est dramatique et, plus de nouvelles. Un ghetto d’un autre type s’érige à l’intérieur de Vicente, qui sera brisé par la culpabilité, les regrets et l'impuissance.
Une première lecture de l’œuvre de Santiago H. Amigorena que je n’oublierai pas. J’ai rejoint Vicente, petit-fils de l’auteur, au plus profond de sa mélancolie et suis sortie de la lecture extrêmement touchée. Quelques jours plus tard en écrivant ces lignes, je me sens très petite et suis reconnaissante envers l’auteur de communiquer avec habileté, force, pudeur et sensibilité sur la shoah, d’enseigner et de transmettre la mémoire des familles.
Pour ce petit-fils, l’écriture de ce roman a été l’exutoire « pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ».
A lire absolument avant de partager largement.
Déçu par la politique et animé par une envie de réussite, Vicente Rosenberg quitte la Pologne en 1928 pour s’installer à Buenos Aires.
Laissant sa mère et son frère à Varsovie, il fonde une famille et vit heureux jusqu’à l’invasion de la Pologne par les nazis en 1939.
Car s’il a vécu en oubliant le passé et les siens, la souffrance de la population de Varsovie murée dans le ghetto va le révéler à sa condition de juif et l’enfermer dans un silence dont il ne pourra sortir, comme si les mots ravivaient son remord de ne pas avoir été là où il aurait dû être.
Ce roman nous interpelle sur la difficile et pesante «appartenance mi-religieuse et mi-ethnique» à ce peuple juif que la douleur a réuni de tous temps.
Le propos de Santiago H. AMIGORENA est une révélation d’une telle justesse qu’elle est difficile à supporter et l’on se sent coupable de n’être pas plus que les spectateurs de cette catastrophe humaine.
Une écriture simple et lancinante qui nourrit le malaise du remord et crée une irrépressible empathie pour ces êtres déracinés qui ont vécu l’holocauste emprisonnés dans un «ghetto intérieur».
L’émotion est au rendez-vous dans ce court roman qui fût une révélation pour moi et que je ne suis pas prête d’oublier.
« […] les mots ne dépendent pas de ce que croit dire celui qui les dit : les mots disent ce qu’ils deviennent, ils racontent toujours une histoire, des histoires. »
Les mots de Santiago H.Amigorena glissent un pied dans la porte de l’histoire verrouillée de silence de sa famille. Lorsque Vicente Rosenberg, son grand-père, quitte Varsovie en 1928 pour aller s’installer en Argentine, il n’est pas (et il ne peut pas être, pas encore, pas si tôt !) un juif qui fuit la menace nazie, il n’est qu’un jeune homme comme tant d’autres, gonflé de l’espoir de construire sa vie dans un pays plein d’avenir et, surtout, loin de l’amour étouffant de sa mère. Alors, oui, il répond à ses lettres, mais pas toujours, mais de loin en loin, mais de moins en moins. Jusqu’à ce que des mots terribles, des mots qui seront les derniers, tracent les contours d’une réalité qu’il ne voulait pas voir, qu’il ne pouvait pas croire et contre laquelle il ne peut plus rien. Alors, de douleur et d’impuissance, il se tait.
L’histoire que racontent les mots de Santiago H.Amigorena est, paradoxalement, celle d’un silence qui se creuse dans le fracas lointain des armes, dans la douleur montante des larmes, dans la terreur sournoise des flammes d’une terre brûlée à venir. Celle d’un silence qui se bâtit, à grand renfort de honte et d’angoisse sur les ruines encore fumantes d’une existence dont on ne soupçonnait pas la valeur, de souvenirs dont on ignorait qu’on les chérissait. Les mots de Santiago H.Amigorena racontent un gouffre qui se creuse, un mur qui se construit, un silence qui se fige peu à peu entre le racontable et l’indicible, entre ce que les mots peuvent traduire et ce qu’aucun d’entre eux, jamais, n’aura le pouvoir de dire avec assez de force, de poids, d’horreur et de justesse. Ils racontent l’histoire du nouveau péché originel, celui de la génération « d’après », entravée pour toujours des chaînes de la culpabilité d’avoir échappé au pire, de n’avoir pas su le voir, le dire et d’avoir osé vivre tandis que tant d’autres mourraient. Les mots de Santiago H.Amigorena racontent le silence coupable de ceux qui n’ont pas voulu croire aux mots qui racontaient et qui donnaient à voir et à hurler, le silence qui enferme et qui tue, le silence qui condamne. Qui « damne avec » ?
En retrouvant les mots enfouis, les mots qui n’ont pu être dits avant lui, Amigorena dévoile, avec justesse et une douloureuse lucidité, la Genèse d’un silence qui, à votre tour, vous laissera sans voix.
Pourquoi Vicente décide brutalement de se plonger dans le silence ?
Santiago H. Amigorena raconte le mutisme de son grand-père qui lui pèse depuis tant d’années. Une histoire de famille basée sur des non-dits à propos de l’Holocauste.
Le ghetto intérieur est un roman court et saisissant par les sentiments ambivalents que nous fait ressentir l’auteur : tant on est fasciné par la complicité et l’amour inconditionnel qui lient Vicente et Rosita, tant on partage avec lui le sentiment d’impuissance face à une famille que l’on détruit à douze mille kilomètres de là.
Un énième roman sur cette période noire et atroce du génocide juif, mais un nouveau regard : celui d’un exilé impuissant face à ce drame familial.
Dans « Le ghetto intérieur », Santiago Amigorena retrace le drame de son grand-père juif polonais exilé en 1928 en Argentine.
Il s’en voudra toujours de ne pas avoir assez insisté pour faire venir sa mère et ses frère et sœur en Argentine pendant la 2ème guerre mondiale.
J’ai été fortement marquée par la plume de cet auteur.
Il recense les méthodes et les termes employés par les nazis pour désigner les différentes étapes chronologiques du processus d’extermination des juifs.
Cette lecture nous confronte à la froide réalité des faits historiques, une lecture indispensable pour ne pas oublier.
L’écrivain met des mots sur le mutisme de son grand-père Vicente Rosenberg qui s’est enfermé dans la douleur de la culpabilité, faute de ne pouvoir traduire sa douleur en paroles.
Nommer les choses, c’est déjà avancer dans le chemin de la résilience.
Des années après les faits, Santiago Amigorena soigne ainsi une plaie familiale béante.
Car nommer, c’est faire exister.
Le comble étant que pendant les années directes de l’après-guerre, parler des camps, de l’Holocauste, a été impossible. Les gens ne voulaient pas savoir, pas entendre. Celà relevait de l’indicible comme la douleur de ce grand-père.
Ce texte est très riche de réflexions sur la guerre et l'extermination massive de millions de juifs. Mais il questionne aussi la volonté de savoir, ou de se voiler la face pour continuer à vivre dans un semblant de normalité. Il interroge l'identité, sujet très fort dans ce récit : identité du peuple juif, exclusive de toute autre identité et qui porte le poids de la culpabilité et de l'Histoire. Santiago H. Amigorena analyse également le poids des mots, leur signification et leur portée historique. A travers sa propre histoire, il met en lumière le poids de l'histoire familiale également, ce que l'on appelle aujourd'hui la psychogénéalogie et comment le silence d'un aïeul peut affecter l'existence de sa descendance. Les réflexions portées par l'auteur sont très riches et passionnantes.
Néanmoins, je n'ai pas été touchée par l'émotion. Je n'ai pas ressenti d'empathie pour cet homme qui se laisse emporté par la culpabilité d'avoir abandonné sa mère dans l'oeil du cyclone, un homme qui s'enferme en lui-même pour ne plus avoir à penser à ce que vivent sa mère et son frère au coeur du Ghetto de Varsovie. Emporté par ce qui finit par s'imposer à lui, il ne peut que se couper de tout ce qu'il ressent et du monde qui l'entoure, de sa femme et de ses enfants, pour ne plus avoir à imaginer l'inimaginable. Cette réaction, pour compréhensible qu'elle peut être, m'a laissée distante. Ce silence a finit par m'exaspérer. Cette rengaine incessante de l'auteur autour du silence et de l'introspection, cette façon de toujours y revenir alors que rien n'évolue, ont fini par me lasser. Là où les autres lecteurs ont été touchés par l'émotion, j'ai pour ma part souvent eu envie de sauter quelques pages pour revenir au volet historique. Dommage car cela m'a empêcher d'apprécier réellement cet ouvrage.
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2019/12/le-ghetto-interieur-santiago-h-amigorena.html
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