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La première biographie de l'éminence grise du maréchal Pétain.
Bernard Ménétrel fut le médecin du maréchal Pétain et, à partir de 1936, son secrétaire particulier. Cette première biographie cerne la personnalité et le parcours d'un homme très méconnu, mais poursuivi par une réputation d'éminence grise, de conspirateur, voire d'âme damnée. Fils d'un intime de Pétain, Ménétrel l'a connu toute sa vie . Non seulement il le tutoie et l'appelle par son prénom, mais il a pris la place du fils que Pétain n'a jamais eu. Ces liens d'affection et de confiance amènent le Maréchal à faire entrer Ménétrel dans son cabinet en mai 1940. Chargé au départ des oeuvres caritatives et du courrier personnel, il ne tarde guère à dépasser ces attributions : Ménétrel est partout, tour à tour spectateur, factotum, acteur parfois.
Il est dans les couloirs de l'hôtel du Parc au coup d'Etat du 13 décembre 1940 et on l'accuse d'avoir voulu faire assassiner Laval. Il sert de messager pour le retour au pouvoir du même Laval en avril 1942, et on l'accuse d'en être l'artisan ! C'est lui qui annonce à Pétain le débarquement américain en Afrique du Nord, qui pousse à la retraite le Maréchal quand l'armée allemande envahit la zone libre, qui organise en 1943 le complot qui doit redonner le pouvoir à Pétain en supplantant de Gaulle. En 1944, il assiste enfin à la dérive d'un chef de l'Etat qui godille entre sursauts et compromissions. Il est dans la chambre même de Pétain quand, le 20 août 1944, les Allemands forcent sa porte pour l'emmener en Allemagne.
Là encore, il l'accompagne en captivité, à Sigmaringen, avant d'être arrêté, puis transféré dans un camp jusqu'en mai 1945. Ménétrel est inculpé d'intelligence avec l'ennemi. Au rythme des procès de l'épuration, parfois des exécutions, s'organise un monde où les excellences tiennent salon dans leurs cellules, sur fond de pénurie. Ce chapitre renouvelle complètement la très noire histoire de l'épuration.
A l'aide de nombreux documents inédits, cette biographie - ni procès ni réhabilitation- retrace avec sensibilité le portrait d'un homme qui a gâché sa vie et dont la mort précoce a laissé le destin comme en suspens.
Bénédicte Vergez-Chaignon a consacré son doctorat à l'histoire des internes et anciens internes des hôpitaux de Paris durant la première moitié du XXe siècle. Elle a publié "Le Monde des médecins au XXe siècle" (1996) et a participé à de nombreux ouvrages collectifs ainsi qu'à la monumentale biographie de Jean Moulin publiée par Daniel Cordier ("L'Inconnu du Panthéon", 1988 et 1993, et "La République des catacombes", 1999).
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