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Qu'est-ce qui relie des cochons tatoués et la machine à excréter Cloaca, une bonbonne de butane décorée en Delft et une photo de montagne où s'inscrit un message privé, un vitrail et une excavatrice? La base de l'invariant de Wim Delvoye est à coup sûr son devenir-animal, un concept que Gilles Deleuze et Félix Guattari ont élaboré dans Mille plateaux.
La zone d'indiscernabilité du devenir-cochon (est-ce humain, est-ce animal?) introduit d'emblée à une double lecture des oeuvres de Delvoye selon la désignation de la profondeur (la chair du cochon) et la surface de la signification (le tatouage du cochon). II s'agit essentiellement. chez Delvoye, d'un travail de code à code, et cette double lecture peut aider à comprendre son amour des arts décoratifs, lesquels sont à la fois des écritures et des images.
Pierre Steckx, qui s’est prononcé contre la peinture d’Anselm Kiefer, se fend d’un livre sur l’artiste belge Wim Delvoye (1965), un livre à la portée philosophique et à l’écriture assez dense, voire très épaisse. Et voilà, servi sur un plateau d’argent, l’œuvre sculptural de Delvoye, mariné dans les mots comme un succulent ragoût de porc.
Wim Delvoye est, avec Jan Fabre, un des enfants terribles de l’art de mon petit pays. Il est souvent réduit à une machine « Cloaca », exploit technologique qui copie l’organique. Mais ce n’est qu’injustice, car Wim Delvoye, ce ne sont pas que des cochons tatoués, mais également des bonbonnes à gaz décorées comme des faïences de Delft, d’immenses camions ou bétonneuses parsemés de motifs baroques, des cathédrales gothiques en réduction avec des fellations radiographiées comme vitraux… Pour une lecture de toutes les créations de Delvoye, Pierre Sterckx appelle à l’aide Gilles Deleuze pour appliquer le devenir-animal, le « devenir-cochon » du titre.
L’art contemporain est « une zone d’indiscernabilité » (sic) où, chaotiquement, s’entrechoquent, se repoussent, s’annulent, s’échangent des signes, des sens, des concepts, des codes, des images, du beau, du laid, du kitsch, du sacré, du profane, de la science et de la science-fiction, tout cela sous la houlette de la culture, classique (histoire de l’art) et populaire (Walt Disney). Evidemment que l’animal est l’allié d’autres artistes (le lièvre et le coyote pour Joseph Beuys, le braque de Weimar pour William Wegman) mais chez Delvoye, le porc, omnivore si proche de l’homme, devient un écho de sa propre créativité.
Le propos n’est pas toujours adéquat, et l’auteur se laisse emporter par son écriture. Surtout quand il consacre quelques pages à la série des Christ en croix sculptés sous forme d’anneaux de Moebius. L’image sacrée devient une surface compacte dont le bord est homéomorphe à un cercle, une problématique mathématique, en quelque sorte. L’image du corps divin se mord la queue, tourne en rond, prisonnière d’un système.
Cette introduction au travail de Wim Delvoye, un peu sèche, doit être absolument complétée par d’autres lectures, ou beaucoup mieux par la visite d’une exposition monographique.
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