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Au moment de mourir, en 1924, Kafka demande à son ami Max Brod - qui s'y refusera - de brûler son journal, ses lettres, ses romans inachevés, etc. Quand, en 1968, Max Brod meurt à son tour, à Tel-Aviv, Kafka est reconnu comme l'un des plus grands écrivains du siècle et son héritage devient l'enjeu de querelles passionnées.
Les procès vont réveiller « l'éternel débat sur l'ambivalence de Kafka envers le judaïsme et le projet d'établissement d'un État juif - et sur l'ambivalence d'Israël envers Kafka et la culture de la diaspora ». Selon l'auteur, l'État juif repose notamment sur « l'idée que c'est seulement en Israël - et seulement en hébreu - que l'on peut à nouveau entrer dans l'histoire en tant que Juif ». Ce livre restitue le monde de Kafka de l'entre-deux-guerres. Le sionisme apparaît comme un refuge, face au double risque qui menace le peuple juif : d'un côté, la violence antisémite, de l'autre, la perte d'identité par une lente assimilation. Si Kafka n'a jamais vraiment adhéré au sionisme, il a appris l'hébreu avec passion. N'était-ce pas d'abord un « moyen de renaissance spirituelle » qui donnerait un nouveau sens à l'idée même de nation, grâce à l'amitié entre Juifs et Arabes ?
À qui appartient Kafka ? Et, plus généralement, à qui appartient l'héritage de la diaspora ? Kafka lui-même n'a pas tranché, soulignant qu'il était un Juif écrivant en allemand : « Suis-je un écuyer monté sur deux chevaux ? Malheureusement, je n'ai rien d'un écuyer. Je gis par terre. »
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