"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jack, comme tant d'autres travailleurs, est une victime de la crise des années 30. Renvoyé parce qu'il est juif de l'usine Ford où il travaillait à Détroit, il retourne habiter chez son père, à New York. L'homme, vieux, fatigué et malmené par la vie, sombre, à l'instar du pays, dans la dépression. Jack, sans travail, sans argent, a bien du mal à s'occuper de ce père devenu colérique et alcoolique, et à payer le loyer que le propriétaire, Kowalski, leur réclame chaque semaine de façon toujours plus insistante.
Un soir qu'il débarque avec deux hommes de main, Kowalski et Jack en viennent aux poings et un coup de feu part. Persuadé qu'il va être accusé de meurtre, Jack n'a d'autre choix que de fuir le pays. Il s'embarque alors avec son ami Andrew, un idéaliste et militant communiste de la première heure, pour l'Union soviétique car cette nation nouvelle, paradis des travailleurs, cherche des ouvriers qualifiés pour développer son industrie automobile.
Pourtant, une fois en URSS, les promesses s'évanouissent et les illusions, nourries de rêve américain, laissent la place au désenchantement. Jack découvre un monde où tout est respect de l'ordre, répression et corruption. Devenu agent double bien malgré lui, il se laisse entraîner par les événements, mais il va bientôt devoir chercher à comprendre qui tient réellement les ficelles de son destin et choisir son camp, en politique comme en amour.
1932. Brillant mécanicien, Franck Beilis a été licencié par Ford parce que d'origine juive. Depuis, il cohabite et survit avec son père, devenu alcoolique à la mort de son épouse, dans un appartement de Brooklyn.
À bout de ressource, il reprend contact avec Andrew, un ami d'enfance devenu syndicaliste communiste. Celui-ci tente de le convaincre d'émigrer en URSS. Il y parviendra après que Jack, au cours d'une altercation, soit convaincu d'avoir tué le propriétaire de l'appartement de son père.
La trame de l'histoire, basée sur des réalités historiques, tient la route. On adhère volontiers à ce mariage contre nature entre un chantre du capitalisme américain (Ford) et un état communiste (l'URSS) pour construire une usine d'automobiles à Gorki - l'argent n'a pas d'odeur ! -, comme on imagine bien que des ouvriers, victimes du crash boursier de 1929, rêvent d'un avenir meilleur en Russie communiste.
En revanche, les multiples aventures de Jack, un apprenti capitaliste au pays des Soviets, finissent par exaspérer. Et ce n'est pas l'épilogue qui sauvera la face !
Le roman est centré sur un Jack Beilis qui ne sait plus en quoi croire ou à qui faire confiance. La personnalité des autres personnages, qui va de l'effacement à la manipulation, manque généralement de subtilité, même si les jeux d'acteurs sont bien dissimulés. On est finalement peu surpris par les "vrais" caractères révélés lors du dénouement.
Entrer dans le roman demande un petit effort. Ensuite on se laisse prendre par la narration, jusqu'à l'épilogue. C'est bien et simplement écrit ; il y a du rythme, un peu comme dans un thriller. L'auteur délivre donc un roman plutôt long, qui se laisse lire sans grande difficulté.
Dommage que cela ressemble trop à un remake de "Tintin au pays de soviets"...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/10/10/le-dernier-paradis-antonio-garrido-bernard-grasset-jack-au-pays-des-soviets/
Le dernier paradis est consacré à une histoire peu connue : celle des Américains touchés par la Grande Dépression et qui sont allés tenter leur chance dans la Russie soviétique dans les années 30.
Hormis le côté historique (aussi bien cette émigration peu connue que les conditions de vie en Russie soviétique), il y a un côté thriller qui tient le lecteur en haleine. On se demande qui est qui. Il y a de nombreux rebondissements, des histoires d’amour… mais aussi des traits un peu forcés.
Au final, un bon moment de lecture, un vrai dépaysement, mais qui ne constitue pas une lecture à recommander absolument.
https://etsionbouquinait.com/2021/12/08/antonio-garrido-le-dernier-paradis/
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