"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Marcher là-bas, où tout a commencé. » Après La Nuit de feu, où Éric-Emmanuel Schmitt décrivait son expérience mystique dans le désert du Hoggar, il revient aux sources avec ce récit de voyage en Terre sainte, territoire aux mille empreintes. Bethléem, Nazareth, Césarée, lieux intenses et cosmopolites qu'il saisit sur le vif tout en approfondissant son expérience spirituelle, ses interrogations, réflexions, sensations, étonnements jusqu'à la surprise finale, à Jérusalem, d'une rencontre inouïe avec ce qu'il nomme « L'incompréhensible ».
Dramaturge, romancier, nouvelliste, essayiste, cinéaste, traduit en 48 langues et joué dans plus de 50 pays, Éric-Emmanuel Schmitt est un des auteurs les plus lus et les plus représentés dans le monde. Membre depuis 2016 de l'académie Goncourt, il prolonge ici sa réflexion sur la foi, inaugurée avec La Nuit de feu (2015). " L'auteur nous livre ici une expérience spirituelle unique et inoubliable." Biblioteca
Insister pour que quelqu’un fasse une chose qu’il ne sent pas vraiment n’aboutit que rarement à un livre réussi.
Le Vatican aurait sollicité E.E. Schmitt afin qu’il écrive sur Jérusalem. Après un certain nombre de décalages du départ, cela s’est fait et E.E. Schmitt a fait un périple en Terre Sainte ou plutôt un pèlerinage commandé. Pour lui prouver sa reconnaissance le Pape François a postfacé ce livre.
Il décrit pas mal de détails de voyages - qui n’ont que peu d’intérêt en soi - expose ses impressions grâce aux notes prises pendant le séjour. Juste quelques données historiques et religieuses savamment posées dans le contexte géographique.
Mon sentiment c’est que je n’ai pas retrouvé la plume de « mon E.E. Schmitt », celui que j’aimais lire.
La plupart de ses ouvrages, que ce soit ceux de philosophie, de théâtre ou les romans, m’ont presque tous apporté des moments de dépaysement ou de découverte historiques ou culturelles. Mais là j’ai eu beau avancer en espérant que quelque part il y aurait un sursaut de la part de l’auteur, rien n’y a fait. Pas de lumière, pas d’écriture attirante, pas de pincement philosophique ou même religieux comme on aurait pu s’y attendre étant donné qu’il a déjà écrit quelques livres sur le sujet.
Un citation pour donner l’esprit de cet ouvrage :
« Clandestin, j’ai tout accompli en douce. A pas feutrés.
Comme un voleur je me suis faufilé dans l’enclave cernée de murs élevés ».
Ici, nous avons la preuve s’il en fallait, de ne jamais commander, imposer, même au meilleur des écrivains, un sujet à traiter, un livre à produire. Car oui ce livre est bien « une production » mais pas un joli roman ou un bel essai écrit par notre sympathique et talentueux E.E. Schmitt.
Tant pis, j’attendrai sa prochaine publication.
« Le défi de Jérusalem » d’Eric-Emmanuel Schmitt est un carnet de voyage en Terre Sainte.
C’est un journal d’érudit, le rapprochement de chaque lieu visité avec la Bible est passionnant ; c’est un journal spirituel, le cheminement d’émotions de l’auteur est assez touchant et parfois troublant.
En fait, ça m’a donné envie d’y aller voir par moi-même…
Eric Emmanuel Schmitt part sur les traces de Jésus à l’occasion d’un voyage en israël. Une narration sobre, sans prétention qui nous décrit les états d’âmes d’un visiteur s’insurgeant sur le tourisme de masse, mais aussi au rendez-vous d’un surprise spirituelle qui va conforter sa foi. Surprenante interruption ou seulement une pause dans l’entreprise romanesque de la traversée du temps ? Ce récit revêt sans doute une importante particulière dans la spiritualité de l’auteur qui rencontre le pape et se voit adresser en postface de l’ouvrage un texte papal émouvant.
Sur un coup de fil surprise du Vatican, Eric-Emmanuel Schmitt accepte de suspendre l’écriture de son cycle La Traversée des Temps, dont le troisième des huit tomes est paru l’an dernier, pour une visite en Terre Sainte et, peut-être, la publication d’un journal de voyage.
Lui que l’étude des Evangiles et l’expérience du désert du Hoggar ont convaincu de croire au mystère divin – lui inspirant au passage plusieurs livres comme L’Evangile selon Pilate et La Nuit de Feu –, mais qui, peu assidu des églises, observe la liturgie chrétienne avec des yeux de « poisson rouge », débarque donc à l’aéroport de Tel-Aviv pour, passablement décontenancé, rejoindre à Nazareth un groupe de pèlerins réunionnais, menés par le père Henri et la guide Guila. Bardé de sa bonne volonté et de ses carnets de notes qu’il noircit studieusement, le voilà lancé dans le circuit habituel du pèlerinage en Terre Sainte, avec en point d’orgue la découverte de là « où tout a commencé » : Jérusalem.
L’érudition et la qualité de réflexion de l’écrivain se mêlent à sa sincérité pour un compte-rendu souvent aussi drôle qu’intéressant, tandis que ses observations le conduisent d’une certaine frustration – entre contagion du béton, tohu-bohu urbain et flots de bimbeloterie à destination des hordes de touristes, « l’unique berceau de l’extraordinaire est l’ordinaire » – à une franche irritation – « Quand je lis les récits de voyageurs anciens, tels Chateaubriand, Lamartine, Loti, je les jalouse d’avoir foulé des sites vierges » –, et même à de vraies bouffées de rejet – « Que fais-je ici ? La dérision me gagne. Mon esprit voltairien commence à persifler, jugeant ce spectacle aussi navrant que ridicule » « L’envie de déserter cette mascarade me ronge. Je ne m’estime ni en résonance ni en sympathie avec ceux qui m’encerclent, j’aspire à récupérer ma liberté, ma rationalité, mon autonomie. Maillon de cette chaîne de bigots, moi ? Quelle prison ! Je vais m’extraire de ce rituel imbécile. »
Pourtant, à sa plus grande stupéfaction, alors que, s’appliquant à suivre sans broncher le parcours programmé, il se prend insensiblement à lâcher prise, ce n’est pas moins qu’une vraie révélation, l’incompréhensible expérience d’une évidence rappelant le « Il fait Dieu » de Didier Decoin, qui l’attend au détour de ce voyage dont il reviendra confondu et bouleversé.
L’on reste durablement impressionné par ce texte intelligent et sincère, qui sertit si bien l’extrême intimité d’une expérience spirituelle à corps défendant dans la sage objectivité d’observations et de réflexions historiques, politiques et philosophiques, en tout point captivantes. Voilà un écrivain que l’on ne se lasse pas de lire et d’écouter, fasciné par son érudition, son humanité et… son carnet d’adresses où figure désormais le Pape François à qui l’on doit la postface de ce livre. Coup de coeur.
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