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A l'aube de la quarantaine, Roger Darmon aimerait savoir d'où il vient pour savoir où il va. Il n'a pas connu son père, sur lequel sa famille maternelle lui a laissé entendre le pire.
Quand il tombe sur une coupure de presse des années soixante évoquant la mystérieuse disparition de François Darmon, dont on a retrouvé la voiture incendiée près du village de Sainte-Colombe, Roger décide de partir en Ariège mener son enquête.
Rapidement, il apprend que son père, juif, était arrivé dans la région à sept ans, après l'arrestation de ses parents par la Gestapo à Paris. À la ferme de la Borde Blanche où il avait trouvé refuge, le petit garçon avait échappé à une rafle. C'est le couple d'instituteurs du village qui l'avait recueilli et élevé.
Roger ne comprend pas. Tous ceux qu'il interroge évoquent un homme charmant, intelligent. Rien, en tout cas, n'explique le mépris dans lequel sa famille maternelle tenait son père. Et encore moins sa disparition. Pour connaître la vérité, Roger devra ressusciter les fantômes du passé.
Georges-Patrick Gleize entrecroise les époques et les générations pour évoquer la quête d'identité d'un homme et composer une émouvante partition sur la mémoire.
Avec Georges-Patrick Gleize, je me suis plongé dans une histoire pleine de rebondissements, sur les pas de Roger Darmon, à la recherche de la vérité sur la disparition brutale de son père.
Le Crépuscule des Justes, comme ce titre l’indique, est lié à l’antisémitisme, à la persécution des juifs durant la terrible période de l’occupation et du sinistre régime de Vichy qui faisait du zèle pour arrêter les juifs et les livrer aux nazis.
Avec une écriture soignée, un sens du détail impressionnant, des descriptions au scalpel, l’auteur n’a pas ménagé sa peine. J’avoue que, parfois, j’ai trouvé cela un peu pesant mais je reste admiratif devant l’érudition de l’auteur, son travail de recherche, comme son souci du détail à propos du quotidien. De plus, Georges-Patrick Gleize brosse un tableau précis et documenté sur l’évolution de notre territoire, explique bien l’évolution du monde agricole et ses conséquences dramatiques dans les villages. Surtout, il n’hésite pas à intégrer des noms utilisés quotidiennement, des mots en occitan, cette langue du sud de la France qui revit bien au-delà de la région qui s’appelle maintenant Occitanie.
L’histoire débute à Saint-Christophe-sur-L’Hers, en 1998, au début de l’automne. Roger Darmon qui travaille habituellement sur les plateformes pétrolières, profite de ses vacances pour revenir dans ce village du piémont pyrénéen afin de rencontrer ceux qui ont connu Francou, son père, disparu subitement en 1962.
Le passé ressurgit alors par touches successives. L’auteur, avec un sens de la précision remarquable, fait remonter toute une époque grâce à Rafael Mendez qui a fui la dictature franquiste, Yvette Amiel chez qui le petit Francou a trouvé refuge, Brigitte Espinasse sa logeuse et enfin Augustin Magne, un boucher retraité.
Avant de connaître le dénouement d’une histoire qui révèle bien des malheurs ayant jalonné le XXe siècle, l’auteur m’a gratifié de la recette du gras-double, délice mitonné par Brigitte Espinasse pour un Roger Darmon qui se régale, bien sûr !
Un épilogue clôt ce roman édité par Calmann-Lévy Territoires, roman qui pourrait avoir une suite à condition de… traverser l’Atlantique, « Mais Roger Darmon avait la sérénité de l’histoire pour lui. Loin de tout sentiment de revanche, il n’avait fait que chercher la vérité pour honorer la mémoire d’un père inconnu, sans doute idéalisé. »
Mi-octobre 1998, dans le petit village occitan de Sainte-Colombe-sur-l'Hers, situé dans le piedmont pyrénéen, un véhicule de location approche et se gare sur la place devant la mairie. Un homme, la quarantaine, en sort et après s'être enquis d'une possibilité d'hébergement temporaire auprès de l'épicière se dirige vers la ferme de la Garosse où Brigitte Espinasse pourra lui proposer un gîte.
Si cet homme, Roger Darmon est là, ce n'est pas pour des vacances, mais parce qu'une partie de l'histoire de sa famille s'est jouée ici. Il n'a jamais connu son père, sur lequel sa famille maternelle lui a laissé entendre le pire. Est-il fils de salaud, fils de héros, fils de victime ? C'est une réponse à cette question qu'il est venu chercher ici après être tombé sur une coupure de presse de 1962 relatant sa mystérieuse disparition, sa voiture incendiée ayant été retrouvée près de ce village.
Magnifique roman sur la quête d'identité.
Georges-Patrick Gleize, par une enquête bien menée, sur cette recherche d'identité et de vérité livre ici un roman très vivant dans un décor superbe, au cœur et aux alentours de ce village perdu aux confins de l'Aude et de l'Ariège. Dans "cette France profonde de toujours et d'aujourd'hui", la vie se déroule, paisible, et l'arrivée de "cet étranger" ne peut qu'alimenter commentaires et ragots.
Nous sommes rapidement immergés dans cette vie rurale, l'auteur n'hésitant pas à employer des termes occitans dont il nous donne la traduction en bas de page, comme il le fait d'ailleurs aussi pour des termes de vocabulaire rares ou des faits historiques peu connus, ce que j'ai beaucoup apprécié. Outre de belles descriptions de ce décor naturel, il va même jusqu'à nous faire profiter d'une recette des gras-doubles, qui, je l'avoue m'a mis l'eau à la bouche et que j'espère pouvoir rapidement tester !
Mais le plus intéressant, à mon avis, c'est le contexte historique dans lequel nous replonge l'écrivain, avec l'arrivée en octobre 1941 du père de Roger dans la région, François alors âgé de 7 ans, accompagné de son oncle Samuel, ses parents d'origine juive ayant été arrêtés par la Gestapo à Paris. On ne peut que souligner la maîtrise avec laquelle l'auteur entrecroise les époques et les générations et la documentation précise et fouillée de cette époque.
De plus la résolution de cette énigme, vitale pour notre personnage principal est menée de façon magistrale avec une tension allant crescendo pour se terminer dans un final hallucinant !
C'est un roman fort dans lequel l'auteur combine à merveille son amour des Pyrénées et sa passion pour l'histoire, un roman où les relations humaines ont également une place de choix.
Le crépuscule des Justes est un mélange d'histoire locale et d'histoire de France avec en prime une histoire d'amour. C'est un livre qui m'a fait passer un excellent moment et j'en profite pour remercier les éditions Calman-Lévy / territoires.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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