"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sarajevo, 23 septembre 1997. U2 est en plein dans sa tournée « Pop Mart », et offre aux spectateurs ce soir-là un concert mythique! Le premier show d'un groupe majeur en Bosnie depuis la fin de la guerre en 1995. Un pur moment de rock'n'roll. Tous les classiques font résonner le stade de la ville : « Miss Sarajevo » bien sûr, jusqu'à « Sunday Bloody Sunday », et aussi « New Year's Day », où Bono sollicite l'aide du public, car il avait perdu sa voix le matin même... Avant de ponctuer par son célèbre « Viva Sarajevo! Fuck the past, kiss the future! ». Le roman de Muharem Bazdulj suit une dizaine de protagonistes le jour de ce show légendaire. De Marko, grand fan du groupe, qui connaît toutes leurs chansons par coeur. À Zeljko, supporter de foot, qui se rend au concert sans raison précise, juste pour être présent pour l'événement.
Mirsad et Robert, eux, sont à la recherche d'alcool et drogues. Tin et Merima, les amoureux, trouvent dans les musiques de U2 un écho à leurs propres émotions. Un journaliste croate couvre l'événement...
Cette nuit magique fut le symbole d'un retour à la normale pour cette région depuis trop longtemps en tension. Elle est devenue la frontière métaphorique entre le conflit et la paix, et restera toujours pour U2, selon leur déclaration, leur concert préféré.
D’une contemporanéité tremblante encore, ce livre-socle est un hymne à la jeunesse des Balkans. Terre écorchée, les meurtrissures à vif. La fragilité et la vulnérabilité prégnantes, il faudra du temps au temps, jusqu’à « Le concert ».
Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, l’annonce d’un concert mythique, le 23 septembre 1997, celui de U2.
Rappelons-nous, le fabuleux roman de Timothée Demeillers : « Demain la brume » Éditions Asphalte, et la chanson célèbre des « Bâtards Célestes » : « Fuck You Yu » , qui a fait danser la jeunesse yougoslave avant que la guerre n’éclate et qui deviendra l’étendard des résistances.
Ici, c‘est un kaléidoscope de protagonistes qui vont tour à tour être impliqués dans l’effervescence de ce concert si attendu.
L’exutoire, la preuve musicale de la fin de la guerre en 1995. L’apothéose célébrée deux ans après. D’aucuns prennent place dans cette fervente annonce.
Comme si le ciel devenait voûte bleue. La paix comme la méticulosité d’une quiétude que rien ne pourra troubler.
Le récit est musical, surdoué et signifiant. Les fans, les hommes et femmes assemblés, tous, sauront trouver le summum d’un groupe fédérateur et magnétique.
Le stade deviendra sous les chansons et l’éclatante aura de U2, sensuel, charnel et imprévisible.
« Dès les premières lueurs d’espoir et les annonces trop belles pour être vraies, Azra avait compris que le show aurait lieu. Elle pensait presque qu’avec le concert, sa vie reviendrait enfin à la normale. Elle avait dit une fois à sa mère, alors que la fin de la guerre approchait : « Pour moi, la guerre sera terminée lorsque U2 donnera un concert ici. » Son frère avait perdu la vie pendant la guerre. »
Les souffrances vives, la mort si proche, comment ce concert pourrait-il acter la résilience ? Tous, ici, sont des poulbots, des orphelins, des victimes qui frôlent de leurs épaules l’enfance égarée.
« Le pauvre Mujo était sous l’emprise d’une confusion qui ne paralysait pas que les idiots. Le nom du groupe U2 était pour lui comme un repère temporel, comme une heure de rendez-vous : on se retrouve à deux heures (U2).
Voir et acclamer U2, les idoles, leurs rêves blessés et ces voix engagées qui somment la paix. Un lâcher de colombes sur une corde de guitare électrique. Se presser, attendre, être fusion et communion. Cette jeunesse si vaste et unie, le stade de Ko ševo, comme un lieu de salut, rédempteur et initiatique.
« Le concert » magique et spéculatif, sans frontières ni batailles, les paraboles comme le tracé d’une Histoire qui ne demande qu’à mourir.
Entre les conflits encore brûlants, la paix si fragile, U2 serre la main du public et chante d’une même voix la concorde.
Ce livre, puissamment engagé, entrelacs d’êtres bousculés par les affres, est la preuve des possibles, l’union et la force. Tous, dans ce stade, les blessures lianes, les utopies en advenir prêtes à éclore.
« Le concert » est le fronton de l’espérance, majestueux. Le passage du gué et l’évocation de la liberté.
Haut les cœurs !
Muharem Bazdulj a reçu le prix du courage journalistique. Il est une des plus grandes voix voix de la Serbie contemporaine. Ce premier roman engagé est un rai de lumière, traduit à la perfection du serbe par Zivko Vlahovic. Publié par les majeures Éditions Tropismes.
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