Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre. Ce mois-ci, Annie-France vous fait découvrir le premier roman de Benjamin Wood, Le complexe d'Eden Bellwether (Zuma), Prix du roman FNAC 2014.
Cambridge, de nos jours. Un soir, en passant dans le campus après le travail, Oscar, aide-soignant, est attiré par les sons de l'orgue provenant de la chapelle de King's College. Subjugué malgré lui, il ne peut maîtriser un sentiment d'extase. Dans l'assemblée, une jeune femme capte son attention. Iris n'est autre que la soeur de l'organiste prodige, Eden Bellwether. Introduit par Iris dans leur cercle d'amis, Oscar va découvrir la passion exclusive d'Eden pour la musique baroque et ses conceptions étranges sur l'usage hypnotique se son art.
Un premier roman magistral sur les frontières entre génie et folie, la manipulation et ses jeux pervers.
Un livre diabolique, impossible à lâcher. Marine Landrot, Télérama.
Un savant mélange entre virtuosité romanesque et érudition scientifique. Stéphanie Dupays, Le Monde des livres.
Un coup de maître tout en ambiguïtés. Baptiste Liger, L'Express.
Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre. Ce mois-ci, Annie-France vous fait découvrir le premier roman de Benjamin Wood, Le complexe d'Eden Bellwether (Zuma), Prix du roman FNAC 2014.
Excellent roman d’atmosphère proche du thriller sur fond de thérapies alternatives.
Première page en prélude - Juin 2003 : 2 morts. Un corps à l’étage de la maison et un autre dans l’ancienne chapelle. Un comateux sur la berge d’une rivière au fond du jardin que l’ambulance conduit sous oxygène aux urgences. Réunis sur la terrasse à l’arrière du presbytère, 4 amis. Chacun se sent responsable. Le vent froid soufflait dans les tuyaux cassés d’un vieil orgue.
« Oscar Lowe dirait plus tard à la police qu’il ne se rappelait pas la date exacte où il avait vu les Bellwether pour la première fois. »
L’auteur pose son cadre à Cambridge et met en scène 5 étudiants issus de milieu bourgeois et un jeune homme aide-soignant dans une maison de retraite, issu du monde ouvrier.
Ce dernier, en revenant de son travail, est attiré par la musique d’orgue alors qu’il passe devant la chapelle de King’s. Non croyant, il entre dans l’édifice pour écouter. En en ressortant, il rencontrera Iris et son frère Eden qui se tenait alors aux claviers.
Par immédiate sympathie, Oscar sera présenté à leurs trois autres amis mais deviendra vite furieux d’avoir été sans son consentement l’objet de leurs petits jeux qui consistent à la mise en hypnose.
Pourtant, son mécontentement ne sera que de courte durée car une relation amoureuse va se créer entre lui et Iris puis son frère et ses amis s’excuseront de la petite plaisanterie faite à son insu.
Chemin faisant, Oscar va rapidement constater qu’Eden a un égo démesuré et sa croyance en la musique de Matheson comme thérapie va devenir de plus en plus troublante au point de convaincre et manipuler ses proches.
A la maison de retraite, Oscar se lie avec un vieillard qui lui fera rencontrer le docteur Crest, un des plus grands psychologues mondialement reconnu.
Ce psy est atteint d’une des plus vilaines tumeurs au cerveau qui soit et il se sait condamné.
Oscar lui parle d’Eden car Crest a écrit de nombreux livres sur le charlatanisme des guérisons miracles et sa profession peut conduire à aider Eden qui se targue d'être un génie mais qui dans la réalité, s’approche plus d’une certaine folie grandissante et des plus inquiétantes.
Le docteur Crest va rencontrer Eden pour lui prouver son incapacité à soigner un cancer. De son côté, Eden va se prêter au jeu, convaincu de ses pouvoirs de guérison.
Iris va se casser la jambe et alors qu’elle devrait rester alitée quelques semaines, Eden de façon surprenante va la remettre sur pied en quelques jours après son opération, ce qui va encourager le jeune homme et renforcer sa personnalité narcissique au discernement altéré.
La grande demeure familiale avec chapelle attenante meublée d’un grand et vieil orgue sur lequel Eden fait ses gammes, est souvent vide des parents absents qui se rendent compte du comportement spécial, autoritaire et hautain de leur fils mais n’en disent rien jusqu’au jour où…
L’hypnose et la thérapie musicale sont considérées comme une forme de traitement sur les lésions cérébrales et cancéreuses reconnues sous les termes d’hypnothérapie et musicothérapie utilisées en compléments post-opératoires et qui ont vu des résultats efficaces sur des victimes d’AVC et malades d’Alzheimer, mais cela reste dans le domaine des conforts placébo, la musique entre autre réduisant l’anxiété.
L’auteur sait faire la part des choses et pose la question du pourquoi retirerait on la foi à des gens qui ont un fol espoir dans la lutte contre la maladie et quelle est la limite de tolérance à observer, sinon celle de la nuisance à autrui, avant de dénoncer et condamner gourous et guérisseurs…
Une montée en puissance hyper tendue pour ce roman virtuose et érudit à rebondissements qui ne se lâche pas.
Cambridge un soir de fin octobre , Oscar Lowe jeune aide-soignant à Cedarbrook, est harassé et n’a qu’une envie, rentrer chez lui au plus vite et dormir.
Pour cela, il prend un raccourci, en coupant par le parc de King’s College et passe devant la chapelle où un office à lieu. Il est attiré par « un ronronnement grave et rauque », qui s’est gravé dans son corps.
« Il y avait une fragilité dans cette musique, comme si l’organiste n’enfonçait pas les touches mais faisait voltiger ses doigts, comme un marionnettiste. »
En écoutant l’office, il est attiré par une jeune fille blonde qui, elle aussi, semble vivre cette musique.
C’est Iris, la sœur de l’organiste Eden Bellwether.
Deux mondes viennent de s’accrocher.
Oscar est un jeune homme rempli d’humanité qui n’a pas choisi son métier par hasard, il est attentionné et proche des patients dont il a la charge, ayant conscience qu’il est là pour se substituer aux gestes qu’ils ne peuvent plus accomplir eux-mêmes. C’est pourquoi il ne se sent nullement avili par les tâches rebutantes.
Iris va voir en lui une bulle d’oxygène dont elle a besoin tant son frère Eden est étouffant. Ces deux-là vivent avec Jane, petite-amie d’Eden et Yin et Marcus. Ils forment un clan et n’ont pas la même vie que les autres étudiants qui vivent sur le campus.
Eden, musicien, intelligence supérieure, brillant, fascinant, flirte en permanence entre le génie et la folie. Manipulateur hors-pair, il est venimeux.
Oscar, détecte chez lui cette faille. Il tombe amoureux d’Iris qui lui fait des confidences bizarres.
Les parents d’Eden et Iris acceptent facilement le nouveau venu même si pour ce dernier « Ils avaient cette insupportable assurance que confère la fortune, et l’autosatisfaction que donne la piété. »
Dans ce groupe, tout le monde a un rôle à jouer savamment orchestré par Eden.
Ce premier roman est intelligent, savant et maîtrisé.
L’auteur est diabolique, il emmène ses lecteurs dans une étude sur les limites entre génie et folie, l’hypnotique pouvoir guérisseur de la musique, la perversité des personnes narcissiques.
Eden se prend pour un Dieu guérisseur et réussit à faire croire en son pourvoir. Pour cela il tend des pièges, des filets pour mieux interpénétrer son petit monde, mais il ne se confronte pas au monde réel.
Oscar en est l’absolu contraire, lui qui veut « Aider les gens quand ils sont démunis. »
L’auteur joue en permanence sur ces deux mondes, en faisant de ces deux personnages des êtres complexes.
Cela donne un effet de miroir permanent où le lecteur peut se perdre sans s’éloigner, où il a envie de prolonger l’expérience.
En effet il est évident qu’Eden, par sa personnalité, est l’aveu probant que sa méthode est un échec.
Mais la force du roman, est de faire osciller le lecteur en permanence malgré le prologue qui annonce le drame d’emblée.
Un très beau premier roman, envoûtant tant par le fond que la forme.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 27 août 2019.
J'avais acheté le livre après avoir entendu une interview de l'auteur lors de la parution de la traduction française, mais en anglais - je ne sais pas ce que vaut la traduction mais la version anglais est tout cas magnifiquement écrite.
Le début peut paraître un peu long et laborieux, le temps que les personnages et la trame se mettent en place mais c'est ensuite envoûtant, je n'avais rien lu de tel jusqu'à présent.
C'est d'un côté un roman réaliste sur la vie à Cambridge et le parcours initiatique d'un jeune homme issu d'un milieu modeste (Oscar), qui entre en relation avec un groupe d'étudiants très aisés, ayant fréquenté les internats d'élite. Mais il s'agit aussi d'interrogations sur la force et l'énergie de la musique, sur les méandres de l'esprit et la psychologie, sur la capacité d'influence, sur les relations frère/soeur, sur la difficulté à affronter la maladie, à être parents. Magnifique !
➰Oscar Lowe dirait plus tard à la police qu'il ne se rappelait pas la date exacte où il avait vu les Bellwether pour la première fois, quoiqu'il fût absolument certain qu'il s'agissait d'un mercredi.C'était par une soirée de fin octobre, à Cambridge; la lumière plombée de l'après-midi avait décliné bien avant six heures, les avenues pavées de la vieille ville étaient sombres et silencieuse.〰 Prendre le temps de rentrer dans ce roman captivant , magnifiquement écrit où rien ne manque : romanesque, suspense, manipulation , génie et folie ! Je n'ai plus lâché ce récit et ses personnages attachants et parfois mystérieux , la musique baroque, Cambridge et son milieu universitaire ...tous les éléments sont là pour vous faire passer un moment de lecture inoubliable ...un livre que l'on quitte avec regrets et qui nous marque ! J'ai adoré ...Merci au #livredepoche de m'avoir permis de découvrir cette perle !#Blandicesbooks
Un premier roman, un pavé envoûtant. Dès les premières pages ce livre laisse planer un sentiment de malaise... Sur fond de musique qui capte l'attention et qui hypnotise, nous sommes conviés à accompagner Oscar au cœur d'une communauté d'universitaires brillants.
Le pouvoir hypnotique au cœur de cette intrigue. Et s'il s'agissait simplement de manipuler le lecteur ...
Comme une bonne recette, cette histoire contient tous les ingrédients prêts à séduire mon intérêt. Une histoire de manipulation, d'obsession, de contrôle et de fascination dans un décors chargé d'histoire et de culture, immuable : Cambridge. Un cadre majestueux pour un récit moderne et contemporain.
C'est aussi l'histoire de la rencontre de deux mondes qui s'entremêlent, celui d'un jeune homme travaillant dans une maison de repos et celui d'étudiants qu'un fossé social sépare. Parmi ces derniers, Eden, jeune prodige se sent doté d'une connexion sur la vie grâce au pouvoir de la musique.
La rencontre se fait, la magie opère et le sortilège peut commencer.
Mais la passion et l'ambition peuvent-elles être sans danger ? C'est ce que détermine avec brio Benjamin Wood qui en a d'ailleurs été récompensé par le Prix du Roman Fnac en 2014, son tout premier roman.
Roman magistral sur la manipulation avec le prestigieux campus de Cambridge pour cadre, « Le Complexe d’Eden Bellwether » nous entraîne à la frontière ténue entre le génie et la folie. Oscar, un jeune aide-soignant, tombe amoureux d’Iris, une étudiante studieuse qui l’intègre à son groupe d’amis et lui fait connaître Eden, son frère, particulièrement charismatique. Eden traite le monde entier avec une condescendance extrême et se prend pour un guérisseur adepte de l’hypnose et de la thérapie musicale ; en contrepoint, Oscar est un garçon des plus normaux et équilibrés, tel un miroir positif – et fragile – qui va s’efforcer d’empêcher Eden d’entraîner sa soeur et ses amis dans le délire dans lequel il s’enfonce inexorablement, avec le soutien d’un professeur spécialisé en troubles de la personnalité. Mais qui manipule qui ? Débat entre médecine traditionnelle et naturelle, sciences et croyances, le récit se déroule à la façon d’une partition de musique envoûtante. Diaboliquement construit, ce premier roman habile arrive à tenir le lecteur en haleine sur près de 500 pages.
La première partie, intitulée « Premiers jours », m’a semblée interminable. Plus de 200 pages quand même. Tout me paraissait pénible, verbiage, histoires d’étudiants banale, manière anglaise de tout disséquer, peu d’action….Maintes fois, j’ai failli arrêter. Mais, on me l’avait prêté en me disant que c’était bien, alors j’ai continué et bien m’en a pris.
A partir de « Derniers jours », ça s’emballe et ça devient passionnant.
Elden est un étudiant hors norme doublé d’un musicien plus que talentueux. Sa sœur, Iris, s’éprend d’Oscar, modeste aide-soignant dans une maison de retraite.
Une famille riche et snobe, un groupe d’amis soudés, un vieux professeur et son ami psychologue… Eden va manipuler avec brio tout son entourage. Génie ou folie ?
On est pris dans une spirale infernale et l’angoisse ne nous quitte pas.
C’est bien écrit et le suspens est permanent.
Comme quoi parfois, ça vaut le coup d’insister !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !