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Angleterre, 1866. Nell vit rejetée de tous à cause des taches de naissance qui constellent son corps. Lorsque le Cirque des Merveilles de Jasper Jupiter plante son chapiteau non loin de chez elle, son existence bascule : son père la vend au propriétaire comme nouveau phénomène de foire.
Contre toute attente, la jeune fille voit son horizon s'élargir. Elle se lie d'amitié avec les autres artistes et se prend d'affection pour Toby, le « photographiste ». Elle qui n'a connu que l'obscurité entre enfin dans la lumière et c'est un véritable triomphe. Mais que lui arrivera-t-il le jour où son succès menacera d'éclipser celui de l'homme qui l'a achetée ?
Depuis toujours, Nell est moquée en raison des tâches qui parsèment sa peau. Les jeunes du village rient d'elle, son père, veuf, la rejette et la craint. Seul son frère adoré la protège. Dans ce petit village pauvre d'Angleterre, arrive <a href="/livres/Macneal-Le-cirque-des-merveilles/1406314" class="titre1">le Cirque des merveilles</a>. Là, les « différents », la femme à barbe, les nains, les triplées, la géante, ont leur place. Ils se produisent sur scène pour le plus grand plaisir du public. Quand Jasper Jupiter, le propriétaire du cirque, aperçoit Nell, il voit en elle la possibilité d'en faire le clou de son spectacle. 20 livres plus tard et elle est à lui ! D'abord horrifiée, Nell, contre toute attente, va s'habituer à cette vie si différente et au succès qui l'attend. Elle s'attache aux autres membres de la troupe, Stella, Peggy, Brunette et surtout à Toby, le frère de Jasper. Toby, le « photographiste » qui vit depuis toujours dans l'ombre de son aîné.
Plus que l'histoire en elle-même, j'ai surtout aimé la plongée dans l'univers des cirques du XIXe siècle. C'est à la fois fascinant et effrayant ! Fascinant parce que c'est un monde de magie et de rêve mais effrayant par le côté exhibition des « monstres ». Dans une note à la fin du livre, l'auteur explique qu'elle a voulu comprendre quelles pouvaient être les pensées de ces « monstres » que l'on exploitait sans vergogne. Elle s'est beaucoup documentée et inspirée de faits réels, ce qui rend le roman d'autant plus crédible et touchant. J'ai appris énormément de choses sur cette époque. Certains « monstres » ont vécu l'enfer tandis que d'autres ont pu sortir leur épingle du jeu.
Le récit mêle les voix de Nell, de Toby et de Jasper. Les relations entre eux sont bien dépeintes, surtout la relation d'amour et de haine entre les deux frères. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et je me suis attachée à Stella, la femme à barbe. C'est un récit vivant et j'ai été embarquée.
#grandprixdeslecteurspocket
Du rejet au devant de la scène, l’ascension d’une « merveille »…
Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette lecture et le style de l’autrice. À travers ce roman, Elizabeth Macneal revient sur l’engouement, notamment durant l’époque victorienne, pour les freak shows, ces spectacles mettant en scène des personnes considérées par la société comme anormales en raison de leur physique. Bien que les protagonistes soient issus de son imagination, on croisera d’ailleurs quelques noms célèbres de personnes ayant réellement existé comme Elephant Man et d’autres personnes que je ne connaissais pas, mais dont le destin m’a révoltée. Considérés comme de simples marchandises, ces hommes et femmes étaient dépossédés de leur propre vie sous l’autel du divertissement.
Mais la situation est plus complexe qu’il n’y paraît, car si de nombreuses personnes ont été exploitées et réduites à l’état de chose de leur vivant ET de leur mort, certaines ont su tirer profit de cette vie de spectacle. C’est d’ailleurs le cas de notre héroïne, Nell. Vendue par son père à Jasper, propriétaire du Cirque des Merveilles, elle va contre toute attente s’épanouir dans sa nouvelle existence. Alors qu’elle a passé sa vie à raser les murs pour ne pas attirer l’attention des gens du village, elle découvre le plaisir d’être sous les projecteurs et de susciter l’émerveillement dans les yeux des spectateurs.
Elle était rejetée et moquée en raison de ses taches de naissance considérées par certains comme les marques du mal ou une chose contagieuse dont il faut se prémunir, elle est maintenant adulée ! Les produits à son effigie se multiplient, lui renvoyant une image bien différente de celle qu’on s’est évertué à lui donner d’elle-même depuis qu’elle est enfant. Ce miracle, elle le doit à Jasper qui lui a inventé une histoire sur-mesure, effaçant son passé pour lui construire un nouvel avenir ! Ce directeur de cirque ambitieux et impitoyable l’a également poussée à sortir de sa réserve pour déployer ses ailes au sens propre comme au sens figuré.
Mais que se passe-t-il lorsque la créature prend son envol et que son succès fait de l’ombre à celui de son créateur, un homme brillant mû par des rêves sans fin de grandeur et une soif inextinguible de reconnaissance ? Jasper est le personnage le plus complexe et ambigu de ce roman. S’il suscite quelques brefs élans de compassion, c’est un homme despotique, tiraillé entre son amour sincère du cirque, et ses rêves de gloire qui le poussent sur un chemin bien dangereux. Des rêves pour lesquels il semble d’ailleurs prêt à tous les sacrifices. Mais à force de vouloir atteindre le ciel, ne risque-t-il pas de se brûler les ailes ?
Le Cirque des Merveilles : plus qu’un cirque, une famille !
Parsemé de références à Frankenstein et au mythe d’Icare, ce roman nous plonge avec réalisme dans le monde du cirque, des apparences et du fragile équilibre entre rêves et cauchemars, entre fable que l’on invente pour divertir et enchanter, et mensonges que l’on se raconte afin de faire coller la réalité à ses propres illusions. Au fil des pages, la tension s’installe et s’accroît, un peu comme si à chaque représentation, c’était le chapiteau qui menaçait sournoisement de s’écrouler pour ne laisser que la charpente d’un édifice construit sur des illusions, mensonges et trahisons.
Aimant beaucoup l’ambiance des cirques, j’ai adoré la manière dont Elizabeth Macneal nous permet d’intégrer la troupe du Cirque des Merveilles. Une troupe constituée de personnes plutôt hautes en couleur qui ont su nouer des liens forts malgré les circonstances de leur rencontre. En effet, l’autrice ne tait pas la vérité de l’époque et de ces freak show basés sur l’exploitation de personnes vendues comme une simple marchandise en raison de leur différence et de leur physique. Néanmoins, si le cirque de Jasper est une prison qui n’en porte pas le nom, c’est aussi, pour ses membres, ce qui ressemble le plus à une famille.
On assiste d’ailleurs à des moments de doutes et d’angoisse quant à l’avenir dans une société en quête perpétuelle de nouveauté, mais également à de beaux instants de solidarité féminine, de complicité et d’amitié. La plupart des artistes semblent ainsi avoir trouvé leur place, et certains ne sont pas prêts à renouer avec leur ancienne vie où rien ne les attend à part l’ennui et le rejet. Pour Nell, quitte à être pointée du doigt, autant l’être en étant admirée même si la gloire peut se révéler éphémère et le public bien ingrat et versatile !
Des liens complexes unissant des protagonistes très différents les uns des autres…
D’abord apeurée et blessée par la manière dont son propre père l’a vendue, Nell va s’affirmer et, petit à petit, commencer à tracer son propre chemin, choisissant enfin par et pour elle-même. Je l’ai trouvée un peu froide dans certaines situations, mais j’ai aimé la voir s’émanciper de l’influence des hommes et du regard des autres pour s’accepter telle qu’elle est. S’exposer oui, mais s’exposer quand elle le souhaite et comme elle le souhaite, pas pour satisfaire l’ego d’un homme, mais pour ressentir ce qui la fait vibrer elle et lui donne le sentiment d’être vivante. Sans parler de texte féministe, le Cirque des Merveilles offre d’ailleurs, notamment au niveau de la fin, un beau message d’émancipation féminine.
En ce qui concerne les protagonistes masculins, ils s’incarnent principalement dans le tyrannique, charismatique et visionnaire Jasper, et son taciturne et réservé frère Toby, qui a longtemps préféré être spectateur du monde plutôt qu’acteur et maître de son destin. Les deux frères sont aux antipodes l’un de l’autre, une différence qui se reflète dans leur relation complètement déséquilibrée. Jacob voue une admiration sans borne à son grand frère qui a, quant à lui, un besoin farouche de voir dans l’oeil de son cadet cette dévotion teintée de mystification qui le grandit et lui donne un sentiment de toute-puissance. Leur relation est malsaine et asymétrique, mais l’autrice nous pousse à voir au-delà des apparences, le plus fort n’étant peut-être pas forcément celui que l’on pense. Elle interroge également les liens complexes et forts pouvant unir les membres d’une fratrie, faisant un parallèle non dénué d’intelligence entre Jacob et son frère, et Nell et le sien. Peut-être qu’il vaut mieux parfois se séparer pour continuer à s’aimer sans s’entraver…
Jasper impressionne par sa passion fiévreuse pour le cirque et sa détermination qui broie tout sur son passage, mais j’avoue avoir préféré les chapitres consacrés à Toby, un homme qui n’arrive pas à trouver sa place. Il faut dire qu’à force d’avoir toujours vécu dans l’ombre, difficile de rejoindre la lumière ! Un lien va se développer entre lui et Nell, et si les plus romantiques y verront peut-être une belle histoire d’amour, j’y ai surtout vu la difficulté pour cet homme de vivre pour lui-même, un peu comme s’il avait toujours besoin d’une figure de référence pour avancer. Aux côtés d’une enfant qui intégrera en cours d’aventure la troupe, c’est probablement le personnage le plus touchant du roman, ce qui ne fait pas de lui une blanche colombe. Ainsi, planent au-dessus de lui et de son frère, la guerre de Crimée et le fantôme de Dash, un fantôme qui les lie à jamais !
Une écriture dynamique et immersive au service d’une histoire de fraternité, d’amitié et d’amour…
Quant au style d’écriture, je l’ai trouvé très agréable et immersif, l’autrice réussissant à nous faire vivre de l’intérieur la vie dans un cirque, et ressentir les émotions des protagonistes, tous dotés d’une sensibilité propre. L’alternance des points de vue entre Nell, Toby et Jasper apporte, en outre, un réel dynamisme et concourt à cette impression de tension qui ne fait que croître, leur vison de l’avenir semblant prendre des directions opposées… Mais à trop se diviser, l’empire construit pas Jacob ne risque-t-il pas de s’effondrer ?
En conclusion, entre la vie mouvementée au sein du Cirque des Merveilles, la quête obsessionnelle de Jasper pour faire toujours plus grand, plus beau et original, les blessures du passé, les liens entre certains membres de la troupe qui se développent et instaurent une nouvelle dynamique, les trahisons et la tension qui va crescendo, impossible de s’ennuyer. Très vite, on se sent captif d’une lecture bien plus riche et complexe qui n’y paraît, et qui nous offre une plongée grandiose dans le monde du spectacle et des apparences. Un monde d’illusions qui peut se montrer aussi généreux que cruel avec ceux et celles qui le font vivre ! Fascinante et rythmée, une aventure humaine qui questionne la complexité des relations fraternelles et la notion de famille au sens large, mais aussi la mince frontière entre le succès et l’échec… Après tout, plus haute est l’ascension, plus dure est la chute !
le cirque des merveilles propose sous son chapiteau sa troupe de prodiges de la nature, géants, nains, une fille ourse, un garçon à têtes de cochon, une femme à barbe, l'autre bossue. Toute l'Angleterre victorienne se bouscule pour admirer et toucher ces monstres. le directeur du cirque, Jasper, achète Nell à son père pour 20 livres, une fille de 19 ans, dont le visage et le corps sont parsemés de taches de naissance, une femme léopard. Bientôt il transformera la vie de cette fille, grâce à lui, elle deviendra extraordinaire loin des moqueries et des affronts.
Un roman à trois voix, Nell, Jasper et Toby le frère de Jasper. Une plongée dans l'Angleterre du XIX siècle avec en toile de fond la guerre de Crimée qui hante les nuits de Jasper, le souvenir de son frère Jasper et de son inséparable ami Dash pillant les cadavres des Russes morts au combat. Un récit captivant porté par un plume réaliste qui nous rappelle celle de Victor Hugo dans Notre Dame de Paris. Mais ce roman est avant tout trois histoires d'amour qui s'entremêlent, l'amour d'un frère pour son aîné, d'une femme pour une petite fille albinos, d'un « photographiste » pour la reine de la lune et des étoiles. À la fin du livre, la note de l'auteur est édifiante.
Un grand merci aux éditions Presses de la Cité et à Babelio pour leur confiance.
Le cirque des Merveilles d’Elizabeth Macneal : un roman hypnotique
Les monstres ne sont pas ceux qu'on croit.
Les monstres sont ceux qui jettent en pâture des innocents pour remplir leurs poches.
Les monstres sont ceux qui s'imaginent pouvoir tout contrôler…
Et si le spectateur de ce petit cirque des Merveilles était lui aussi un monstre ?
Il y a une beauté hypnotique dans cette galerie de portraits pas comme les autres…
Mais ces images si elles sont fascinantes, nous interrogent également sur le sens que l'on doit leur donner.
Il est aussi question de la réaction du spectateur, de son voyeurisme (la reine Victoria elle-même aurait été adepte de ces spectacles étranges et des artistes qu'elle conviait parfois au palais…).
Et quid ici de l'artiste en question. Ici Nell, "monstre" dans son village (à cause de ses taches de naissance), artiste et star éthérée sous le grand chapiteau : le spectacle lui permet-il de se libérer ou au contraire l'aliène-t-il encore plus ?
J'avais déjà adoré le premier livre d'Elizabeth Macneal La fabrique des poupées dont l'histoire - un thriller -interroge également sur la notion de liberté.
Ici encore, l'autrice décortique les relations humaines pour nous offrir un livre brillant, sensible et vrai.
Alors monstres ou merveilles ? Personnellement : c'est un deuxième coup de coeur (et il faut noter le travail de traduction vraiment admirable d'Alice Delarbre) !
Jasper dirige un cirque et il est toujours à l'affût de phénomènes à exhiber dans son cirque des merveilles.
Il repère Nell dans un village. Elle a la particularité d’avoir des taches sur tout le corps. Nell qui a aussi été repérée par Toby, le frère de Jasper qui travaille avec lui mais vit dans son ombre.
Jasper achète Nell à son père. Nell qui était la risée de son village, qui n’avait pas vraiment d’avenir, aura une autre identité au sein du cirque des merveilles. Les frères lui inventent une histoire, lui offre une nouvelle identité et la font voler pour en faire une créature mystique.
La fascination de Toby pour Nell l’amène à remettre en cause la domination de son frère sur lui. Jasper est aveuglé par son objectif : produire son cirque devant la reine Victoria quitte à s’endetter auprès de gens peu recommandables, il pourrait se brûler les ailes.
C’est un roman choral dans lequel l’autrice donne la parole à Jasper, Toby et Nell nous plongeant dans les tourments de chacun pour une histoire bien rythmée.
J’avais déjà adoré le premier roman d’Elizabeth Macneal, La fabrique de poupées, pour l'atmosphère qu’elle avait créé et c’est aussi ce qui m’a charmé ici. Ancrée dans l’époque victorienne, Elizabeth Macneal nous entraîne dans un univers féérique et sombre, dans un cirque aux personnages étranges nain, géant, bossu et autre personnage qui fascinent et effraient, en leur rendant leur humanité.
Une sorte de conte noir avec des histoires d’ambition dangereuse, de rivalité fraternelle ainsi qu’une histoire d’amour.
Toute cette atmosphère et cette histoire entraînante sont réussies grâce à un très beau style imagé et poétique.
J’ai lu récemment un autre roman sur le même sujet et je l’ai beaucoup aimé. Difficile alors, pour "Le Cirque des Merveilles", de rivaliser. Toutefois, même si je n’ai pas autant été transportée par celui-ci, ma lecture fut agréable et intéressante.
En effet, il est également question ici de l’univers du cirque et des curiosités humaines données en spectacle, ce qui était courant (mais aussi un business juteux) à une époque. Contrairement à "La vie qu’on m’a choisie" (de Ellen Marie Wiseman), l’histoire se situe à l’époque victorienne, au XIXème siècle au cœur de l’Empire britannique donc. La Reine Victoria était friande de ce type d’exhibitions et a largement contribué à leur succès… Fin de la parenthèse, c’était vraiment une autre époque… De celle où il ne faisait pas bon d’être différent.
C’est avec le personnage de Nell que nous allons pénétrer dans l’antre du cirque et de ses Merveilles. Jeune femme rejetée par l’ensemble des villageois à cause des taches de naissance qui ornent l’ensemble de son corps, elle sera vendue par son père à Jasper Jupiter qui ne tardera pas à avoir de grands projets de spectacle pour elle. Si les débuts sont bien évidemment très difficiles pour Nell (arrachement familial brutal, perte des repères, se voir devenir un phénomène de foire…), elle finira par trouver un sens à sa vie à travers les applaudissements et les acclamations de la foule. Nellie Moon – son nom de scène – est née et aussi fou que cela puisse paraître à nos yeux de contemporains, elle en est heureuse. Mettre sur le devant de la scène des personnes particulières (femmes à barbe, hommes ou femmes de petite taille ou au contraire de très grande taille, personnes albinos, etc) et faire du profit sur leur dos, on ne peut pas dire que cela soit très éthique, humaniste, bienveillant. Mais il faut se rendre compte du quotidien difficile que ces personnes devaient subir, entre railleries et avenir inexistant. Alors, s’il on ouvre en grand notre esprit, on peut comprendre l’opportunité que ce changement de vie pouvait finalement être à leurs yeux. De plus, Nell se lie d’amitié à d’autres artistes, ce qu’elle ne connaissait pas dans son village. Tout à coup, on s’intéresse à elle, elle existe aux yeux de tous ces spectateurs. Elle va même vivre l’amour. Alors, même si tout n’est pas rose, elle va largement se contenter de ce qu’on lui propose.
Le succès à Londres est fulgurant. La foule l’acclame toujours plus et Nellie Moon s’envole. Son cœur bat la chamade, elle ne s’est jamais sentie aussi vivante. Mais cette forme de pouvoir est jalousée par Jasper, lui qui est avide de notoriété et dont l’ambition est démesurée. Il le répète à l’envi, il est le créateur, l’inventeur et le propriétaire de ce cirque et de tous ces gens. Il supporte de plus en plus mal d’être effacé par la grande Nellie. Et puis il y a ce frère, Toby, discret, plus humain, qui a toujours traîné dans l’ombre de son aîné. Il y a cette attirance entre lui et Nell. De grands chamboulements sont à venir, mais comment tout cela va-t-il bien pouvoir se terminer ?
L’écriture est fluide, il n’y a pas vraiment de longueurs, parfois seulement un léger manque de rythme. On se prend d’amitié pour Nell et Toby, même s’il on aurait envie de secouer les puces de ce dernier ! Je trouve que c’est un roman intéressant qui contribue à nous rendre compte de réalités historiques tout en nous divertissant. Ce n’est pas une histoire convenue et notamment la fin n’est peut-être pas celle à laquelle on s’attendait. C’est un bon roman que je recommande.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2022/06/09/lecture-le-cirque-des-merveilles-elizabeth-macneal/
Autre temps, autres moeurs. En Angleterre, mais aussi aux Etats-Unis et même en France, les fantaisies de la nature constituaient une attraction prisée. Le succès du célèbre cirque Barnum et de ses freaks en témoigne. C’est cet univers du cirque et de ses penchants morbides que nous relate Elizabeth Macneal, autour de la personnalité attachante de Nellie Moon. Héroïne fictive, elle n’en porte pas moins les caractéristiques communes à tous ces êtres que leurs différences ont, suivant leur bonne ou mauvaise fortune, conduit vers la gloire ou la misère.
Nellie est née avec une peau constellée de taches. Maudite, crainte, ou simplement rejetée et moquée, résignée à vivre son existence de pauvresse (le père veuf n’est pas capable de subvenir aux besoins de ses deux enfants) auprès de son frère tant aimé, son sort sera scellé lorsque le diabolique Jasper Jupiter entrevoit pour la jeune fille un avenir de gloire….
De la campagne anglaise jusqu’à Londres, sous le règne de la Reine victoria, que l’on dit friande de curiosités, on vit avec la troupe du cirque, le quotidien de ces compagnons d’infortune. La gloire certes mais à quel prix, et pour combien de temps. D’autant que Jasper a des ambitions qui dépassent ses moyens.
Le sujet est traité avec beaucoup d’humanité, sans jugement, inutile hors contexte. Il est bien évident que de nos jours on n’offre plus ce genre de distractions, mais il n’est pas si lointain le temps des exhibitions qui n’ont été interdites qu’en 1906.
Et pourtant, malgré tout, ces pratiques d’un autre temps qui nous paraissent si révoltantes, ont permis à un certain nombre de « freaks » d’obtenir une reconnaissance et de gagner correctement sur vie. Elizabeth Macneal ne manque pas d’évoquer ce paradoxe.
On retrouve le style simple et agréable de La Fabrique de poupées. L’histoire est bien rythmée et on est suspendu au destin de la jeune fille. Les relations complexes qui unissent les personnages au coeur de l’intrigue sont analysées avec soin.
Un deuxième réussite pour cette romancière anglaise.
Sans oublier la qualité de l’objet livre, présenté avec une jolie couverture.
Merci à Babelio et aux éditions Presses de la cité
Traduction Alice Delarbre
462 pages Presses de la cité 12 mai 2022
Masse critique Babelio
Nell est une jeune femme vivant dans un petit village dans l’Angleterre de la fin du 19ème siècle, en pleine période faste pour les « freaks show ». Elle cueille des violettes et est rejetée par tous sauf son frère à cause de ses très nombreuses tâches de naissance. Le jour où le cirque de Jasper Jupiter arrive en ville, la vie de Nell va changer. Son père y voit l’occasion de s’en débarrasser et l’a vend au cirque. Nell va devoir s’intégrer dans sa nouvelle vie.
Le cirque des merveilles est une lecture en demi-teinte pour moi, il y a des aspects que j’ai adorés et d’autres non. L’univers du cirque est vraisemblable. J’aime beaucoup la nuance mise en avant tout le long. Il y a le regard méchant des gens et l’absence de jugement au sein du cirque. D’un côté on se montre et se fait payer pour être jugé, d’un autre on forme une famille qui se soutient…. C’est tout l’équilibre entre cocon et bête de foire. La construction des personnages est aussi fine. Jasper est tout en contraste. D’un côté il aime sa troupe et est persuadé qu’il oeuvre aux mieux pour chacun, d’un autre son ambition est telle qu’il peut perdre tout sens de la mesure et se perdre. Toby est un grand costaud, plein de complexes et qui ne vit que pour son frère ou presque. La relation entre Jasper et Toby est complètement déséquilibrée et l’évolution de leur relation est bien menée. Nell suit clairement un parcours initiatique. D’introvertie elle grandit, s’accepte et devient même dépendant du spectacle. Au sein du cirque, chaque personnage oscille entre passion, vie pour le cirque et besoin d’autre chose. Il y a vraiment tout le panel des ressentis et des choix de vie. L’écriture embarque le lecteur. L’ambiance est sombre avec des pointes de joie ce qui colle parfaitement au cirque de l’époque. Maintenant il y a aussi des points qui m’ont moins plus. Dans un roman sur le cirque, on s’attend à un récit rythmé, en perpétuel mouvement alors qu’ici il y a comme une impression de langueur, d’attente statique. Les deux frères ont été à la guerre avant de monter le cirque et un secret les unit ce qui justifie l’insertion de flash-back sur cette période. Malheureusement ces paragraphes m’ont paru sans fin et sans réel intérêt. Autre partie de l’intrigue qui ne m’a pas plu : deux personnages se tournent autour pendant très très trop longtemps. Enfin si les recherches autour du monde du cirque et des freaks ont été poussées, pour donner un récit bien documenté et correct, ce n’est hélas pas le cas dès qu’il est question de fossiles. Le même animal est même décrit une fois volant et une fois marin, personne dans tout le processus éditorial n’a vu la contradiction apparemment (il est marin, non il ne vole pas). En conclusion, j’ai apprécié la finesse du traitement humain de ce roman et le quotidien dans ce cirque mais certains choix rendent ce récit un peu mou.
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