"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rivière protégée par une loi fédérale, la Tamassee est un lieu quasi sacré. Quand une jeune adolescente s'y noie et que son père veut faire installer un barrage pour dégager son corps, bloqué sous un rocher, les environnementalistes s'insurgent et les journalistes se déchaînent. Photographe originaire du coin, Maggie s'interroge : comment choisir entre le deuil d'un enfant et la protection de la nature ?
C’est toujours avec quelques frissons que je me plonge dans les intrigues de Ron Rash, et, une fois de plus, « Le chant de la Tamassee » m’a passionnée jusqu’au bout.
LaTamassee, c’est cette rivière intrépide et encore sauvage qui coule dans les montagnes de la Caroline du Sud. Une fillette, venue là en vacances avec ses parents, s’y noie. Son corps, retenu prisonnier sous la roche, va être au centre de tous les enjeux : Les parents, les politiques d’un côté qui veulent récupérer le corps de la fillette pour l’enterrer dignement et, de l’autre les écologistes et les habitants, ces « culs terreux », qui ne veulent pas qu’on touche à leur rivière et, plus largement, à leur territoire et leur mode de vie.
Au centre de cette histoire, Maggie, une jeune photographe, qui revient dans sa ville natale pour couvrir l’évènement. L’enjeu est de taille, va-t-on enfreindre la loi fédérale de protection de la rivière ? Autour de ce conflit humain viennent s’ajouter les histoires anciennes d’une famille déchirée, les rancœurs et l’incompréhension qui règne entre les autochtones qui vivent durement et ceux venus là pour exploiter le filon touristique.
Sans jamais prendre parti, l’auteur maintient la tension d’un bout à l’autre du récit et ses personnages sont profondément humains.
Ses descriptions de la nature sont époustouflantes, on retrouve là le Ron Rash amoureux et protecteur des grands espaces et de la nature sauvage.
Perdre un enfant est difficile, quand celui-ci a disparu et a été englouti dans un fleuve, le Tamassee, on peut comprendre que le père, riche banquier, veut tout mettre en oeuvre pour retrouver le corps de son enfant. de plus, lors de la noyade, il est resté sur la rive. Mais le Tamasee n'est pas un fleuve comme les autres. Il est l'un des rares protégé par une loi de sauvegarde fédérale. la Wild and Scenic Rivers Act, loi fédérale interdit à quiconque de perturber l'état naturel d'une rivière qui a obtenu le label" sauvage". Des règles ont été établies et sont surveillées par l'office des forêts, par le shérif de la ville la plus proche. Alors quand ce père, étranger de la région, décide de faire installer un barrage provisoire dans le fleuve. Cela va bousculer les moeurs locales. Maggie est une enfant de la région, elle est photographe de presse et revient, avec un collègue journaliste, couvrir les réunions préalables à l'installation ou pas du barrage. Elle va retrouver son père, malade, taiseux et dont les rapports entre eux sont conflictuels. Son collègue va essayer de comprendre cette région et ressentir les différents animosités. de plus, lui-même a perdu sa fille dans un accident de la route. Ce texte parle beaucoup et avec délicatesse des rapports filiaux, de la perte, du deuil. Mais aussi des questions écologiques face à certains hobbys. Un texte romanesque qui nous transporte dans une région, les Appalaches, où persistent des zones sauvages, et qu'il convient de préserver, mais pas toujours facile. Ron Rash réussit à mêler romanesque et grands questions actuelles.
Une famille du Minnesota est pour quelques jours en vacances et s'arrête pique-niquer au bord de la Tamassee, rivière "sauvage" protégée, qui forme une frontière naturelle entre la Caroline du Sud et la Géorgie.
Ruth la fillette de douze ans, espiègle, s'éloigne du lieu du pique-nique, pour mettre un pied dans chaque état et le raconter, à son retour, à ses copines. Mais le drame surgit elle se noit.
Le prologue narrant l'accident est d'une cruelle beauté.
Ensuite la problématique se posant est la suivante: la tamasee garde le corps de Ruth, faut-il braver les dangers et la protection de cette rivière sauvage pour recouvrer l'enfant et lui faire des obsèques ou laisser les choses en l'état;
Dès lors deux camps s'affrontent sous les feux croisés des médias.
Le lecteur suit ces débats sous les regards de Allen Hemphill journaliste et de Maggie Glenn photographe et originaire du coin, tous les deux travaillent pour le Messenger.
Le chef de file pour l'application stricte de la "Wild and Scenic Rivrs Act de 1968" est Luke Miller, bien connu de Maggie.
Le lecteur fait connaissance de cette Amérique profonde et rude, à travers les souvenirs de Maggie et son regard de photographe.
Les parents sont totalement incarnés, dans leur malheur et le dilemme qu'il impose de facto .
Au-delà du drame humain, émergent des enjeux ignobles avec une presse déchaînée.
Ron Rash en excellent conteur, nous offre une palette complète de sentiments, dans un décor sauvage omniprésent. On peut entendre le tumulte, le grondement de cette rivière sauvage.
L'auteur nous offre un final explosif et sauvage aussi noir que l'âme humaine.
Ron Rash a un talent fou pour décrire cette nature sauvage et un vocabulaire aussi riche et varié que les paysages qu'il décrit.
Faut-il perturber le cours d'une rivière, prendre le risque d'abîmer un site naturel protégé, pour sortir le corps d'une enfant noyée afin que les parents éplorés puissent faire le deuil ? De quel côté devrions nous être ? C'est le postulat de départ de ce roman qui met face à face la détresse d'êtres humains dévastés par le chagrin, les intérêts mercantiles d'un lotisseur, mais aussi la défense de l'environnement par des militants écolos acharnés et la pratique "au jugé" des gens du cru.
Maîtrise parfaite des antagonismes, peinture précise des caractères, voila ce que Ron Rash sait instiller dans cette histoire si près de la vérité qu'à la lecture on change d'avis sur la question presque à chaque chapitre : oui, il faut construire le barrage pour récupérer le corps, non, il ne faut surtout toucher à rien...Le tout avec une narration impeccable, à la fois douce et tourmentée, qui choisit d'ajouter au récit une tension amoureuse et un "règlement de compte" familial qui permettent à l'auteur de ne pas rester dans le strict débat écologique.
Pourtant, dans la veine du nature writing, Ron Rash nous donne à aimer ce coin sauvage, ce paradis de nature, cette rivière capricieuse et indomptée, et à souhaiter sans doute qu'elle garde les corps noyés et que personne ne profane son cours...
Un beau roman qui m'a donné envie de découvrir Un pied au paradis et Une terre d'ombre !
Ron Rash... Un de mes écrivains préférés, un monument de la littérature américaine, un défenseur de la nature et de l'écriture sublimée. Le chant de la Tamassee est son tout dernier roman publié aux éditions du Seuil : un coup de cœur !
Cet auteur incontournable pour tous les amoureux du nature writing nous plonge au cœur d'une thématique qui lui est chère : celle de l'écologie, de l'environnement. Ce livre nous raconte le quotidien des habitants en lien direct avec la Tamassee, la dernière rivière libre et pure de l'Etat. Un choix cornélien, une controverse et une scission s'installent : faut-il aller à l'encontre de la loi de protection de la rivière pour retrouver le corps d'une jeune enfant noyée ou alors laisser le corps pour faire perdurer le caractère sauvage du cours d'eau ? Chaque protagoniste fait un choix... Les conséquences seront redoutables.
L'histoire nous est racontée en deux parties, du point de vue interne de Maggie : une journaliste qui a fui son patelin, son passé et qui va devoir y retourner pour couvrir l'événement. On s'attache immédiatement à ce personnage qui n'arrive pas totalement à choisir son camp, qui doit faire face aussi à ses propres démons et qui doit tout de même avancer. C'est l'œil objectif de la photographe et le cœur subjectif de la femme qui vont devoir réussir à s'unir pour affronter les épreuves à venir.
Au-delà du sujet de l'environnement, des personnages émouvants, ce que j'aime chez Ron Rash c'est son écriture : il s'agit d'un hommage constant à la montagne et la rivière. Ce sont des éléments omniprésents et omnipotents qui impactent sur la personnalité des hommes bien plus que l'homme n'impacte sur ce paysage sauvage. Un grand bravo à la traduction d'Isabelle Reinharez : elle sait magnifiquement faire chanter la musique, la poésie des mots de Ron Rash.
En définitive, un roman américain à mettre dans tous les bonnes bibliothèques !
Grâce à la lutte acharnée d’un groupe d’écologistes, la Tamassée, rivière frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie, a obtenu le Label « rivière sauvage ». Y toucher, en détourner le cours naturel est une violation de la loi fédérale, c’est la dernière rivière de l’état qui coule librement.
Ruth, une fillette de 12 ans, se noie dans cette rivière, sa famille n’ayant pas pris conscience du danger du cours d’eau. Les recherches du corps par les équipes de secours locales restent infructueuses, les parents de Ruth tiennent absolument à récupérer le corps pour faire leur deuil, la mère mettant en avant ses convictions religieuses, ils font alors appel à un entrepreneur qui veut poser un barrage mobile sur la rivière pour récupérer le corps.
Les écologistes pensent que cela constituerait un précédent et « qu’une fois qu’on aura violé la loi, on aura ouvert la voie à toutes sortes d’autres exceptions, y compris celle qui vise les promoteurs immobiliers » et que « Le corps de la fillette appartient maintenant à la Tamassée, à l’instant même où elle s’est avancée dans les hauts fonds elle a accepté la rivière selon ses conditions. C’est ça, la nature sauvage, la nature selon ses conditions pas les nôtres, et il n’y a pas d’entre-deux »
S’ensuit alors un débat très animé entre écologistes qui refusent qu’on viole la loi fédérale, la famille de Rush qui s’appuie sur de nombreux soutiens politiques et les habitants du coin qui connaissent mieux que personne leur région et qui pensent souvent qu’«on se préoccupe peut-être un peu trop de la rivière et pas assez des gens».
Le père de Ruth ne manifeste que mépris envers les habitants de la région qu’il dénomme les « cul terreux », c’est un patron inflexible qui a l’habitude de commander et de se faire obéir.
Ron Rash développe ici une situation complexe sur le plan moral, il ne prend pas parti et nous laisse libre de décider, il donne tous les arguments pour et contre. La Tamassée est une rivière imaginaire mais j’ai entendu Ron Rash indiquer dans une interview que cette question pourrait être d’actualité en ce moment dans certaines régions des Etats-Unis.
Outre ce débat moral, ce roman parle du deuil (peut-on faire son deuil sans avoir récupéré le corps ?) et de culpabilité.
J’ai aimé l’histoire, le sujet fort qui nous fait nous poser une foule de questions, prendre position mais aussi changer d’avis au cours du récit. J’ai aussi aimé l’écriture de Ron Rash qui nous décrit à merveille, sans descriptions fastidieuses, la rivière, la région et l’âme de ses habitants. Il fait de la Tamassée un personnage à part entière du roman.
Cependant je n’ai pas eu un vrai coup de cœur pour ce roman car j’ai trouvé que les positions extrémistes des différents partis en présence nuisaient à leur crédibilité et que le traitement du sujet aurait gagné avec des positionnements moins tranchés. J’ai , par exemple, trouvé complètement invraisemblable l’acharnement de l’entrepreneur à poser un nouveau barrage mobile lors de la cérémonie religieuse au bord de la rivière.
C’est le premier roman de Ron Rash que je lis et n’ai donc pas de point de comparaison avec ses autres ouvrages mais son écriture et la thématique abordée m’ont donné envie de lire d’autres romans de cet auteur.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/03/le-chant-de-la-tamassee-de-ron-rash.html
Entre la Caroline du Sud et la Georgie coule une "rivière sauvage" La Tamassee .Lors d'un pique-nique en famille,Ruth ,jeune fille de Douze ans plutôt intrépide
s'y noie.La Tamasse garde son corps prisonnier.La famille trés croyante souhaite récupérer son corps pour lui donner un sépulture,et lui éviter d'errer au fond du
purgatoire. Alors s'en suit une guerre avec les écolos du coins,dont Luke fervant protecteur de "sa Rivière Sauvage "
Les vieilles rancunes se réveillent,deux camps s'affrontent,qui l'emportera ?
Lire un roman de Ron Rash ,c'est une belle ballade en pleine nature,parfois semée d'embuches où tu croises toujours des cabossés de la vie,des personnages aux secrets enfouis,des familles disloquéés, et pas aprés pas tout se dévoile.
Ron Rash est aussi proche de la nature ,et aussi protecteur qu'avec ses personnages
Extrait:
" Ce n'était pas la première fois que le chagrin pouvait être purifié en se transformant en chanson,ai-je soudain pensé.Tout comme un morceau de charbon est purifié en se transformant en diamant."
On le savoure,on tente de ralentir la ballade mais on est déjà happé par l'histoire,même si on sait pertinemment qu'il faudra du temps avant la prochaine excursion livresque,avant de découvrir de nouveaux paysages Américains et d'autres histoires de ce fabuleux conteur .
Extrait:
"Elle chantait les pneus de voiture,écrasant le gravier d'une allée ,ce que l'on laisse derrière soi mais qu'on oublie pas "
Elle était belle cette virée au bord de la rivière sauvage où il te suffisait de tendre l'oreille pour écouter son chant .
Un magnifique roman qu'Isabelle Reinharez a rendu possible ma lecture grâce à son super boulot de traductrice.Un grand merci à Isabelle et à Ron Rash pour cette ballade en terre d'Amérique,
Un roman Fort et Délicat,Noir et Lumineux,aux personnages aussi attachants que malmenés,où chacun à son histoire dans l'histoire.....
Une fois de plus cette plume m'a envouté,j'ai succombé et j'en redemande .....
À très vite Ron <3
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