"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Brandon Vanderkool n'a qu'une passion, les oiseaux. Poussé par son père, il vient pourtant d'entrer dans la Border Patrol, la police des frontières américaine, où il est chargé de surveiller un bout de frontière poreuse - et paisible - entre les États-Unis et le Canada. Est-ce parce qu'il est dyslexique, ou qu'il possède une perception unique du monde, toujours est-il qu'il commence à enchaîner les arrestations. Cette efficacité soudaine fait de lui un héros dans sa petite ville frontière, où les conversations vont bon train. Pendant ce temps-là, Madeline, la voisine canadienne de Brandon, désireuse de fuir cette petite communauté, s'initie au trafic de drogue.
https://animallecteur.wordpress.com/2023/11/30/le-chant-de-la-frontiere-jim-lynch/
Je qualifierai ce livre de chronique villageoise plutôt que de roman. L’histoire se passe à la frontière Ouest entre les Etats-Unis et le Canada dans l’état de Washington dont une seule espèce de fossé sépare les deux pays. On y rencontre un tas de personnages simples mais dont l’auteur arrive à les rendre intéressants comme des agriculteurs, des retraités, des fonctionnaires de douane peu occupés, des clandestins et des passeurs de drogue.
Le personnage principal est Brandon Vanderkool, un jeune homme autiste de deux mètres de haut très attachant, c’est un artiste peintre et sculpteur qui compte les oiseaux qu’il entend chaque jour, il a un don pour multiplier les arrestations car il se trouve souvent au bon endroit au bon moment ce qui fait de lui un héros malgré lui. Il y a son père, Norm, éleveur de vaches laitières en grandes difficultés financières, sa mère atteinte d’Alzheimer. Il y a aussi Sophie la voisine dont on ne sait pas grand chose mais à qui tout le monde se confie. Du côté du Canada il y a Wayne Rousseau, un professeur de sciences po à la retraite qui fume des joints à des fins thérapeutiques et sa fille Madeline dont Brandon est amoureux et qui s’essaye au trafic de drogue. Il y a aussi le chef de Brandon et tous ses collègues de la Border Patrol qui n’impressionnent pas grand monde, ni les clandestins, ni les trafiquants.
Jim Lynch raconte le quotidien de tous ce petit monde fait de gens simples qui cherchent juste à améliorer leurs conditions de vie quitte à tremper dans des activités illégales dans un pays où l’on sent les tensions de la menace terroriste au niveau des frontières juste après les attentats du 11 septembre 2001 tout en portant une attention particulière à la nature avec des descriptions de la nature et des oiseaux qui vivent sur ce territoire. En soit l’histoire n’est pas extraordinaire mais la galerie de personnages à la fois simples et singuliers rend ce roman attractif.
Quel superbe livre, le personnage de Brandon en antihéros ou mieux en héros malgré lui est juste fabuleux. Un jeune homme hors du commun à tous points de vue, par son physique de grand gaillard impressionnant, par sa maladresse et sa difficulté en société, par son obsession des oiseaux, autiste, dyslexique. Alors qu’il travail à la police des frontières, (non par celle américano/mexicaine mais celle moins connue américano/canadienne), ses collègues ont tendance à se moquer de lui et pourtant c’est bien cette particularité qui fait de lui le meilleur observateur de ce côté de la frontière, en comptant les oiseaux, il tombe sans l’avoir cherché sur de nombreux immigrés ou trafiquants de stupéfiant. L’écriture de l’auteur est parfaite lorsqu’il décide de se mettre dans la peau de Brandon afin que nous, lecteurs puissions avoir un aperçu de toutes ses facultés particulières. L’histoire se déroule après le 11 septembre et on sent la tension des Etats-Unis à garder ses frontières contre les menaces terroristes. Lynch nous montre aussi les difficultés économiques dont souffrent les habitants qui voient une façon d’améliorer leurs conditions de vie par des activités illégales. C’est ce que fait Madeline, sa proche voisine, la seule qui fait battre le cœur de Brandon plus fort. Cette lecture m’a fait réfléchir sur la normalité et le jugement. Cette fiction nous entraine sur des chemins biens différents, remplis de land art, de peinture et de l’acuité particulière d’un homme, pour un peu on louerait l’autisme comme une bénédiction. Et si l’on doit comparer la vie de Brandon et celle de son père, il n’y a pas photo. Beaucoup de personnages secondaires qui viennent apporter leur couleur au récit remisant l’intrigue de côté face à une telle déferlante de personnalités diverses et variées. Une très belle lecture dans le courant du Natural writing où l’attention se porte autant sinon plus sur l’environnement que sur la fiction elle-même. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/03/04/38070334.html
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