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Dans «Le Carré des indigents, nous retrouvons l'inspecteur principal Claude Schneider, protagoniste récurrent des romans d'Hugues Pagan. Nous sommes dans les années 1970, peu avant la mort de Pompidou et l'accession de Giscard au pouvoir. Schneider est un jeune officier de police judiciaire, il a travaillé à Paris et vient d'être muté dans une ville moyenne de l'est de la France, une ville qu'il connaît bien. Dès sa prise de fonctions, un père éploré vient signaler la disparition de sa fille Betty, une adolescente sérieuse et sans histoires. Elle revenait de la bibliothèque sur son Solex, elle n'est jamais rentrée. Schneider a déjà l'intuition qu'elle est morte. De fait le cadavre de la jeune fille est retrouvé peu après, atrocement mutilé au niveau de la gorge.
Novembre 1973, Schneider revient en ville après avoir été à la guerre d'Algérie. C'est un homme un peu étrange, solitaire, taciturne. Il est à la tête du groupe de police criminelle quand un père, Hofmann, vient déclarer la disparition de sa fille Betty. Tous deux sont convaincus qu'elle est morte, ce qui se révèle exact, le corps étant retrouvé quelques jours plus tard. A partir de là, le temps s'étire entre l'enquête sur le meurtre de Betty et les autres affaires du quotidien - la disparition d'un SDF, l'embrochage d'une femme - et certaines affaires que l'on essaie de taire comme le vol des morts par des policiers peu scrupuleux...
C'est un roman plutôt lent, le temps semble parfois interminable même si c'est réaliste, les enquêtes ne se résolvent pas en 5 minutes (comme dans d'autres romans policiers !). Je n'ai pas été touchée par les personnages, il y a beaucoup de personnages secondaires et j'ai parfois eu du mal à m'y retrouver ! L'écriture est inégale, parfois très construite avec des passages plutôt poétiques et parfois une vulgarité déconcertante. La fin, un peu brutale et rapide, m'a déçue !
La France a peur
Je n’avais jamais lu Hugues Pagan, je le confesse volontiers, moins de polars dans mes envies. Celui-ci m’a attiré et je n’ai pas été déçue, car c’est un véritable roman d’atmosphère comme je les aime.
La France des années soixante-dix y est parfaitement restituée et j’ai immédiatement entendu la voix de Roger Gicquel (même si l’action se situe vers 1973 et non 1976) : La France a peur.
Schneider est un flic cabossé (retour d’Algérie) qui a préféré revenir dans sa ville natale en province pour diriger un groupe d’enquêteurs criminels.
Paris et la carrière offerte, ce n’est pas pour lui.
Très vite malgré les réticences qui accompagnent sa venue, il démontre son efficacité dans la gestion de ses hommes comme des dossiers.
L’affaire qui domine c’est l’assassinat de Betty, Elisabeth Hoffmann, 15 ans qui n’est pas rentrée alors qu’elle se rendait à la bibliothèque. Son père déclare sa disparition immédiatement, sûr qu’il lui est arrivé l’indicible. A la suite du décès de sa femme, il a élevé sa fille seule.
La rencontre entre le père et le flic est d’une intensité humaine qui va sous-tendre tout le livre.
Schneider continue à appeler la victime Betty, une façon de retenir sa frimousse de chaton dans le monde des vivants.
Il enquête avec acharnement et va à l’encontre des pratiques de sa hiérarchie lèche-botte des politiques et plus encore.
C’est un homme à femmes, elles lui tournent autour comme les abeilles dans un champ de fleurs.
Pianiste à ses heures, il aime la nuit et cette faune qui y rôde.
Il prend les permanences nocturnes avec le sentiment que c’est là que se jouent toutes les misères du monde.
Il se sent plus proche de ces laissés pour compte que des sommets du monde.
C’est un roman noir, d’une écriture soutenue, tendue jusqu’à l’extrême. Le lecteur entend cette musique du désespoir, des vies difficiles, celles qui laissent peu de place aux joies d’une vie aisée.
Cette écriture va être tenue jusqu’au point final.
Hugues Pagan sait brillamment faire remonter le fond dans la forme, son écriture épouse les méandres de l’histoire.
C’est indissociable, la rugosité est là mais la poésie aussi.
C’est un livre que je n’aurai pas mis dans la case Polar.
Une lecture que j’ai particulièrement appréciée.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/01/23/le-carre-des-indigents/
Hugues Pagan était encore flic lui-même lorsqu’il créa Schneider, son personnage récurrent présentant suffisamment de points communs avec lui pour que certains y voient, au moins en partie, une sorte de lointain alter ego. Ce nouvel opus nous ramène en 1973, quand, « après un passage par l’armée et la guerre d’Algérie dont il ne s’est pas remis », l’inspecteur principal Schneider choisit de revenir s’enterrer dans sa petite ville de province, plutôt que de faire carrière à Paris. Là, entre certains policiers aux pratiques plus que borderline héritées de leur expérience sous l’Occupation ou pendant la guerre d’Algérie, et une population modestement industrieuse qui subit en silence les crimes dont les autorités se soucient davantage pour des raisons politiques et carriéristes que par réel souci de justice, il tente d’accomplir imperturbablement ses missions.
Elles ne sont à vrai dire en rien spectaculaires et s’enchaînent tristement, au rythme des faits divers marquant le morne quotidien de cette France invisible qui joint laborieusement les deux bouts. Ainsi, Betty, une adolescente de quinze ans dont le projet de devenir institutrice faisait toute la fierté d’un père usé par une vie de labeur ouvrier comme tant de générations avant lui, a disparu entre son domicile et la bibliothèque dont elle revenait en solex. Son corps sans vie ne tarde pas à être retrouvé. Commence, pour l’équipe de Schneider, un méthodique travail de fourmi, destiné à mettre au jour les pitoyables circonstances qui ont abouti à l’effacement de cette pauvre vie et au désespoir d’un père voué au malheur. En même temps qu’il s’efforce de faire toute la lumière sur cette affaire, avant que, vite oubliée, elle ne cède la place à la suivante pour non plus guère que quelques lignes dans les journaux, Schneider, le flic taciturne et intègre, se retrouve aux premières loges d’une réalité sociale qu’il observe sans illusion, avec autant de tristesse que de colère rentrée.
C’est précisément cet aspect de la narration qui la rend si particulière et remarquable. Peu importent ici suspense et péripéties. L’essentiel est dans l’atmosphère et le rendu désenchanté d’un quotidien insignifiant où l’on meurt invisible. Et si le rythme, lent et lancinant, finit par envoûter, c’est aussi parce que l’inimitable rugosité de l’écriture d’Hugues Pagan donne à sa narration d’indubitables accents de vérité, et que le réalisme de son texte finit par vous pénétrer et vous habiter durablement.
Ce roman noir et social cultive, jusque dans son style, une authenticité sans concession qui en fait un coup de gueule en même temps qu’un hommage aux anonymes de la France d’en bas. Un très bon cru.
L’entrée en matière du roman de Hugues Pagan est rapide. Les mots sont précis, les formules bien troussées pour capter tous les êtres de cette histoire. L’observation est fine et le rendu clair grâce à des portraits efficaces piochant dans une part d’imaginaire.
Dans le premier chapitre, on cerne le flic qui nous embarquera tout au long de l’enquête, son environnement, cette ville qu’il connaît trop bien et cet univers policier terriblement sombre. Dès le deuxième chapitre, on rentre dans l’enquête, la disparition de Betty, puis la découverte de son corps. Là, le temps se dilate. Dans cette France des années 70, rien n’est rapide. Il faut se déplacer, interroger, fouiller, être vigilant aux moindres signes. L’auteur retrouve le rythme de l’époque et il nourrit cet espace temps de détails, des caractères et de pistes. Alors tout se déploie lentement mais sûrement.
Ce roman noir est une série d’histoires en parallèle, celle de Betty, celle de sa mort, celle de la résolution et les vies des personnages (les flics surtout). Ce bunker comme l’appelle l’auteur contient toute une violence silencieuse. Les flics réunis autour de Schneider ont connu l’Occupation et la Guerre d’Algérie, en portent encore toutes les contradictions, tous les abus et tous les secrets. Ces non-dits entre des hommes – figures tutélaires du patriarcat – emplissent les silences de ce quotidien animé par l’enquête. Schneider veut retrouver le coupable et sur ce chemin de vérité, il tente de savoir qui était Betty qui « elle aussi semblait avoir eu des matins difficiles et des matins qui ne chantaient pas. » Alors la mélancolie naît et éveille des souvenirs de perte chez ce flic.
L’écriture d’Hugues Pagan est pour moi une très agréable surprise, quel excellent roman policier !
J’ai lu d’une traite l’histoire de Schneider’ le flic désabusé, mystérieux personnage, pianiste à ses heures, élégant et décontracté. Les histoires plutôt, car il y en a plusieurs au fil des pages.
Les personnages sont réalistes, des gens du commun, laissés pour compte, des indigents.
L’atmosphère nous ramène délicieusement dans les années 70. Les enquêtes ne se font pas à l’aide des réseaux sociaux mais en se déplaçant au volant d’une Alpha Roméo ou d’une Renault 8. Pas de téléphone portable, pas d’ordinateur mais une machine à écrire. On va au bistro du coin, les dames coiffées de choucroute écoutent de la musique sur un électrophone devant des raviers de pomme-chips !
Nostalgie…
Le style d’Hugues Pagan m’a enchantée. Il alterne lyrisme et crudité n’hésitant pas à insérer dans un dialogue par exemple
« Vous pouvez toujours aller vous faire suçoter la biscotte par une râpe à fromage « !
Un personnage attachant ce Schneider, un récit pétri d’humanité.
Hugues Pagan est un écrivain assez discret qui n’est pas très prolifique. Je l’avais repéré lors d’une émission dans laquelle il parlait de son dernier roman, après 20 ans d’absence. C’était en 2017. Par curiosité, j’avais tenté ce « Profil perdu » et je n’avais pas regretté mon choix.
Avec cet auteur, l’ambiance est au cœur du roman. Il a été inspecteur de police pendant de longues années. Il sait de quoi il parle. Pour raconter ce métier, il ne cherche pas à faire de la surenchère. Pas de descriptions sanguinolentes, pas de poursuites effrénées, pas de tueur en série démoniaque, pas de rebondissements à répétition, seulement une réalité. Le lecteur est au plus près du quotidien d’un service de police.
On retrouve son personnage récurrent, Schneider, dans le début des années 70 alors qu’il n’était encore qu’un jeune officier. Plusieurs dossiers atterrissent sur son bureau et il met un point d’honneur à les résoudre. A ses côtés, on déambule dans toute la structure judiciaire, où l’on croise les effluves du pouvoir, de la politique, de l’information. Chaque partie du système déplace ses pions pour défendre ses intérêts. Dans ce monde d’ambition, Schneider apparaît comme un chien dans un jeu de quilles, incontrôlable. Il n’est pas prêt à lâcher ses convictions même sous la pression.
L’auteur a conservé son écriture envoutante, qui alterne entre élégance et crudité. Par les mots, il sait cerner les maux d’une société. Loin d’être nostalgique, ce roman sombre est le témoignage d’une époque, sans concession. Même si l’intrigue peut paraitre un peu faible et qu’il ne se passe pas grand-chose, Hugues Pagan a encore réussi à me passionner, en m’immergeant dans la vie tourmentée de son antihéros taciturne. Je suis heureux que ce maître du roman noir soit revenu aux affaires !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2022/02/24/737-hugues-pagan-le-carre-des-indigents/
Tout débute par la sordide histoire de la jeune Betty, quinze ans « au visage de chaton ébouriffé » ( attention aux répétitions). Son père simple cheminot, inquiet de ne pas voir rentrer sa fille unique, va signaler sa disparition au commissariat. C'est l'inspecteur Schneider qui va être en charge de l'affaire. De retour de la guerre d'Algérie, il a rejoint la ville où il a grandit. Il est nouvellement nommé chef du Groupe Criminel. Un roman sombre où l'on rencontre des personnages secondaires bien construits et touchants, des petites gens modestes aux mauvais garçons. J'ai trouvé le personnage de Schneider formidable, il est discret, parlant peu, ne lâchant jamais rien, il force le respect par son intégrité et ne recours pas à la violence comme il est d'usage dans la police à cette époque. Son passé en Algérie revient souvent le hanté, notamment le largage de napalm sur des villages civils. Son rapport avec les femmes est complexe depuis qu'il a perdu son premier amour, il ne s'en ait jamais remis. L'auteur nous brosse un tableau sombre et désabusé où les notes de piano et le blues qu'aime tant Schneider lui colle parfaitement à la peau. Alors même si on nage dans une certaine noirceur, il y a un côté humaniste et une attention particulière est portée aux malheurs des pauvres gens dont tout le monde se fout. Il y a enfin le rappel d'une époque révolue, on est sous la fin du mandat Pompidou et la politique oscille entre la crainte des rouges et celles des immigrés. Un polar à l'atmosphère poisseuse, crimes, braquages autant d'enquêtes que l'équipe très soudée du Groupe criminel est prête à relever. Une écriture fluide et captivante qui nous fait entrer dans une autre dimension et nous changent des polars actuels. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/02/17/39252539.html
Un polar noir que j'attendais avec impatience!Il retrace les débuts de Schneider et insiste sur ses valeurs morales mais aussi sur la tristesse profonde qui l'habite dénoncée par son regard sur lequel l'auteur H.Pagan insiste.On retrouve chez Schneider les souffrances de l'ex-inspecteur Pagan.Personnellement,je trouve que l'écriture de ce roman est moins nerveuse,plus axée sur le descriptif:un bonheur!malgré quelques redites(cravate ardoise etc...)une minutie nous donne à "voir"lieux et personnages.L'écriture de scénarios a peut-être modifiée sa façon de concevoir la narration.
Fan de l'auteur,admirative de son intelligence(pour l'avoir rencontré deux fois),je ne puis qu'encourager la lecture de ce polar:quelle qualité du style!!!!
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