Des conseils de lecture pour tout l'été !
Un jour, Jim Sams, cafard au destin extraordinaire, se réveille dans le corps du Premier ministre britannique. Il sait une chose : il a une mission à accomplir. Rien ni personne ne l'arrêtera dans sa volonté de porter la « voix du peuple », le Réversalisme. Ce Projet national qui rendra sa grandeur à la Grande-Bretagne a pour but l'inversion du sens de la circulation de l'argent. Désormais, les magasins rémunèrent leurs clients pour leurs courses. Les citoyens peuvent alors remettre à leurs employeurs une somme correspondant à leur temps de travail. Idée absurde pour certains, parfaitement logique pour d'autres, les débats à propos du Réversalisme font rage au Parlement et le reste de la planète observe, incrédule. Dans un habile jeu de miroirs, ce court texte rappelle évidemment La métamorphose de Kafka et le regard désabusé et satirique d'un Jonathan Swift. Il nous donne à voir un monde de faux-semblants et les rouages impitoyables du pouvoir. Avec intelligence et humour, Ian McEwan propose un commentaire piquant et absurde de la société britannique actuelle.
Des conseils de lecture pour tout l'été !
Un beau matin, le corps du premier ministre conservateur britannique est investi par un cafard qui en prend le contrôle. Il en va de même pour presque tout son gouvernement. Et ce cafard, de là où il est, entreprend de mettre en œuvre une politique économique farfelue, le Reversalisme. En gros, il s’agit d’inverser le cours de l’argent, de payer les gens qui consomment et qui doivent ensuite payer leur employeur. Pour mettre en œuvre cette nouvelle politique unique au monde qui permettra au Royaume Uni de faire cavalier seul, le cafard est prêt à utiliser tous les biais que la politique politicienne met à sa disposition : mensonge, fake news, attaques ad-nominem, politique du tweet, manipulation des médias. Le but de tout cela, faire du Royaume-Unis un paradis de pauvreté et d’insalubrité pour les cafards.
Ce petit livre très court (qu’on pourrait presque lire en une fois) et complètement iconoclaste est une sorte de fable, ou plutôt un pamphlet contre le Brexit : c’est limpide, c’est assumé, c’est imparable. L’écrivain britannique attaque de biais avec deux métaphores. Le Reversalisme (aussi étrange voire incompréhensible qu’il soit), c’est le Brexit. Le Revsersalisme inverse le cours de l’argent, le Brexit inverse le cours de l’Histoire, dans les deux cas il s’agit pour le Royaume de faire machine arrière, seul contre tous, convaincus de sa supériorité, en faisant fi du résultat très incertain de la manœuvre. Le cafard, c’est le populisme, qui pour arriver à ses fins ne s’embarrasse plus d’aucune barrière morale. Le cafard et son équipe de cafard mentent effrontément, salissent leurs adversaires (puisque les faire exécuter discrètement n’est malheureusement pas possible), utilisent des manœuvres parlementaires indignes et se servent effrontément des morts pour servir leur politique. Il n’a pas trop de mal à mettre le président américain Trupper dans sa poche, en lui assurant que le Reversalisme déversa des tombereaux d’argent légal sur son compte Offshore. Ian MacEwan inverse la tragédie du Bugaled Breizh : l’armée française détruisant par accident un chalutier anglais et tuant les marins (au passage, ce faisant, il crédite la thèse française de l’accident militaire). Cela donne au cafard l’occasion inespérée d’utiliser sans vergogne les morts pour servir sa politique. Une telle caricature sonnerait comme caricaturale si elle ne venait pas d’un auteur anglais de talent et à succès. Savoureux à lire (sauf pour Boris Johnson j’imagine !), efficace dans sa démonstration, implacable dans sa conclusion, « Le Cafard » est un coup de pied dans le tibia du Brexit, même si ça ne change pas la réalité, ça fait plaisir !
Face à des situations tellement absurdes et incompréhensibles, l'écrivain n'a souvent qu'une seule arme : sa plume. Et quand il s'appelle Ian McEwan, c'est un régal. Un petit bijou d'ironie et d'intelligence qui ne se prive pas de piquer là où ça fait mal, avec un humour qui aura du mal à panser les plaies d'amour-propre de ses compatriotes qu'il égratigne sans aucune pitié. Ce n'est pas vraiment un roman, plutôt une novella, un texte satirique, le cri d'un citoyen anglais qui ne reconnaît plus son pays et cherche une explication aux comportements absurdes de ses dirigeants. Dans le cerveau de Ian McEwan, tout est permis...
Tout est permis, y compris le postulat que tous ces gens qui gouvernent ne sont pas vraiment eux-mêmes. A commencer par le plus célèbre d'entre eux, le locataire du 10, Downing Street dans le corps duquel se réveille un beau matin Jim Sams, un cafard habitué des locaux de Westminster qui ne tarde pas à découvrir, une fois acclimaté à sa nouvelle enveloppe, que d'autres de ses semblables sont autour de la table du conseil des Ministres. Pas de doute, ils ont une mission à accomplir : porter "la voix du peuple". Il était temps de prendre les choses en mains face à un Premier Ministre champion du retournement de veste et du changement opportun d'opinion alors que s'affrontent deux clans : les Réversalistes et les Continualistes. Les premiers prônent l'inversion du sens de circulation de l'argent comme solution à toute crise économique : payer pour son emploi et recevoir de l'argent pour chaque achat (pour résumer rapidement), et les deux clans s'écharpent comme savent le faire les britanniques. Irréaliste ? Suicidaire d'embarquer le Royaume-Uni alors qu'aucun autre pays ne voudra suivre ? Qu'à cela ne tienne, Jim Sams possède désormais les armes pour imposer la théorie plébiscitée par le peuple lors d'un référendum que personne ne s'attendait à voir prendre cette tournure et rendre ainsi toute sa grandeur à la Grande-Bretagne (toute ressemblance avec une situation, etc, etc.).
Ian McEwan s'en donne à cœur joie en démontant avec un humour féroce tous les principes du populisme et de l'incompétence d'une classe politique essentiellement préoccupée du pouvoir ; en cela, le symbole du cafard, s'il en rappelle d'autres est extrêmement fort et caustique. Les cafards sont des insectes charognards qui peuvent même se montrer cannibales... Charmant. La théorie du Réversalisme, finement ciselée dans l'absurde est un terrain d'action jouissif pour le romancier qui peut ainsi mettre à nu tous les rouages de la politique, de ceux qui entrainent un peuple vers l'inconnu en se lavant les mains de la suite puisqu'une fois sa mission terminée, le cafard redeviendra cafard.
Un pur plaisir, il y a des moments vraiment jubilatoires comme cette façon d'analyser les tweets du président américain (toute ressemblance...) ou de présenter les différentes interventions des chercheurs et experts, plus aguerris les uns que les autres dans l'art de ne rien démontrer. Je ne sais pas si cela a bien défoulé l'auteur mais je me suis régalée de cette magistrale leçon d'ironie. Brillant, as usual !
"Quand Jim eut terminé, il arpenta l'étroite mansarde en exultant. Rien n'était plus libérateur qu'une suite de mensonges bien ficelés. Voilà donc pourquoi on devenait écrivain..."
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Avant même de jeter un oeil sur la quatrième de couv (j’aime beaucoup Ian McEwan), je me suis souvenue d’un autre cafard, de taille, celui-là, d’origine tchèque et personnage principal du culte La métamorphose. Alors lorsque dès la première ligne on découvre que le héros se nomme Sams, le doute n’est plus permis : nous avons affaire à un pastiche. Mais l’auteur rusé inverse le processus et c’est la blatte qui se retrouve au réveil dans le corps du …premier ministre anglais!
Le temps de s’habituer à la perte de ses anciens attributs et et d’apprendre à se servir de ce corps humain, et le voilà qui prend ses fonctions. Soucieux de réformer le pays, il propose une révolution : inverser le flux de l’argent. Autrement dit, vous payez pour travailler et recevez de l’argent lorsque vous faits des achats (nul n’est besoin de préciser qu’une petite gymnastique intellectuelle est indispensable pour imaginer le truc). Et c’est là que la lumière surgit : quelle réforme absurde l’Angleterre at-elle récemment proposée , sans trop y croire, prise à son propre piège lors d’un réferendum?
C’est donc une gentille critique à peine déguisée de la politique anglaise, et l’on comprend que l’auteur n’est pas du côté des ségrégationnistes. C’est drôle, emmené, plein d’humour, un peu amer parfois. Juste assez court pour ne pas devenir barbant et assez long pour régler ses comptes.
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