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Voici un livre rond, transparent, mystérieux, le livre d'une douce urgence qui commence avec cette aquarelle de Folon : «Oui c'est moi dans la bulle, à la surface du papier glacé. Votre main passe sur le livre, caresse le mirage, et ne dérange rien. Je suis dans la couleur du jour ; une aube imperceptible, ou bien peut-être un soir ; dans cette nuance idéale des premières pages : le rose informulé, tremblant, de tout ce qui commence et, d'avance, le bleu voilé d'une mélancolie légère - il est toujours très tard dans le premier matin du monde. Mais vous avez tourné la page, écarté doucement le rideau froid de l'apparence, et je vais naître au monde : il suffit d'un regard.»Un personnage évadé d'une bulle d'aquarelle, un collectionneur de kaléidoscopes, de billes et de boules en verre, la magie d'un mime florentin, un soir d'été. Commence une aventure étrange, du bleu des Tuileries au blanc-gris d'un hiver suédois. Trois personnages caressent le rêve impossible d'apprivoiser le temps.
"Le Buveur de Temps" est un tableau de Jean-Michel Folon (cf. la couverture). A partir de l'observation de celui-ci, Philippe DELERM nous emmène dans une promenade onirique au gré du goût des aliments, des liquides, des gens, du temps qu'il fait. Ce sont des couleurs, des impressions, des réflexions courtes. Une flânerie dans un quotidien pourtant décrit comme morne, celui de M. DELCOURT. Il ne parle pas, jamais. C'est la bulle du temps échappée d'un tableau qui l'accompagne, échappé d'un verre de bière, échappé d'une boule en verre, échappée d'une bulle d'eau. Ce tableau d'où a jaillit la bulle d'eau bouleverse M. DELCOURT et lui fait voir le monde autrement. Ou comment l'art nous traverse et nous transforme.
Ou bien est-ce l'inconscient de M. DELCOURT comme sortit de lui-même qui le regarde avec douceur ? Presque une douceur de vieillesse quand le temps a longtemps été vécu et qu'on ne lui court plus après désormais. Cette solitude entre les lignes que l'on perçoit... Cela m'a fait penser au film "Sixième sens" et le personnage de Bruce Willis qui est là mais qui ne l'est pas, comme la bulle du Buveur de Temps, la bulle du souvenir qui veut désormais vivre le présent.
L'entrée en scène du Florentin continue sur une mélancolie nostalgique, sur l'impact du choix de vie des autres sur soi. Le Florentin est peut-être en fait la vie de M. DELCOURT, cet homme si seul qui joue un rôle social.
C'est aussi la description des lieux parisiens par la sensation de celui qui les connait par coeur, qui s'y meut en connaissant les codes, bien loin du touriste surpris et curieux de tout.
Il faut être en forme pour le lire, avoir du temps pour se laisser bercer et imprégner par les sensations puis les mots.
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