"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Maurice Jaubert, né à Nice en 1900, compositeur connu avant tout pour ses musiques de films, est mort en juin 1940 sur le front. Dans ce roman biographique qui se transforme presque en une lettre d'amour, Maryline Desbiolles, devenue Niçoise elle aussi, retrace la vie de cet être généreux et créatif, mort en héros et qui aura fréquenté les formes nouvelles de l'art, en musique (il côtoie Honegger et Messiaen) et au cinéma (il travaille avec René Clair, Marcel Carné, Jean Renoir dont il connaît bien la famille, et surtout Jean Vigo). Durant ces quarante ans d'une vie menée tambour battant, on redécouvre l'effervescence artistique des années 1920 et 1930, à Paris où Jaubert est allé exercer ses talents (en particulier à la salle Pleyel) mais tout autant à Nice, ville cosmopolite traversée et réveillée par toutes les avant-gardes.
J’ai lu ce livre à la suite d’une leçon de musique, lors du dernier festival international du film de la Rochelle. Cette rencontre devait et nous a fait découvrir le travail de Maurice Jaubert. Ce compositeur, parti trop tôt, a réalisé de nombreuses « musiques d’écran » et a travaillé avec de prestigieux metteurs en scène français dans les années 20-30-40. François Truffaut lui a rendu un bel hommage dans son superbe film, « la chambre verte ». La rencontre à La Rochelle a permis de découvrir et réentendre les musiques de film. Etait présente aussi Maryline Desbiolles qui a su parler avec beaucoup de passion de la découverte qu’elle a faite de cet homme et de sa vie. Elle a voulu en savoir plus, après une rencontre dans un collège de Nice qui porte le nom de ce compositeur. Ce livre est à la fois une biographie, une enquête et aussi une autobiographie. Ce mélange de style nous entraîne dans une lecture plaisante et j’ai beaucoup apprécié ce livre car il m’a permis de découvrir aussi un personnage, d’appréhender une période culturelle, politique. Elle nous parle de la vie culturelle et, en particulier, de la revue Esprit et de son créateur, Emmanuel Mounier mais aussi de l’exposition universelle de Paris en 1937 (bien sûr, il y a eu le Guernica de Picasso mais il y a aussi des bâtiments construits, en particulier le Trocadéro et la fée Electricité que l’on peut toujours admirer..). Elle nous parle de la période politique, le Front populaire, la Guerre d’Espagne.. On croise des personnages dont on a envie d’en savoir plus : Henri Storcks, Jean Painlevé, Giono.. Un roman-récit qui se dévore et qui nous laisse en tête une jolie petite musique, celle de Maurice Jaubert, de belles couleurs, le bleu du beau temps niçois (le fameux bleu de Klein), des souvenirs des films de Renoir, Vigo, Gremillon .. Ce foisonnement est un plaisir de lecture car on est à la fois dans une biographie d’un compositeur et de sa vie de jeune garçon et jeune homme mais aussi un texte sur une auteure qui mène une enquête sur cette vie : une enquête dans des livres, en visionnant des films de l’époque mais aussi en allant sur les lieux de vie et de mort de son personnage. Un livre qui nous donne aussi une envie folle de revoir tous ces films de cette époque et d’écouter plus finement les musiques d’écran et de découvrir les œuvres musicales composés par Maurice Jaubert.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Chronique finale
Un biographe doit-il s’impliquer et parler de lui, de ses recherches ou ne décrire que la vie du héros/héroïne choisi(e)? C’est une question légitime que le lecteur se pose au fil des pages du Beau temps. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une biographie de Maurice Jaubert, compositeur, à la 3ème personne, avec sa vie, son œuvre, ses failles, ses réussites etc. L’auteur préfère exprimer son ressenti au fil de ses recherches sur son sujet d’étude, devenu si proche. Un choix discutable si on préfère les biographies plus classiques, où l’auteur, peut tout à fait, donner son point de vue par petites touches. Mais ici, c’est tout autant une biographie, qu’une autobiographie et une description par le menu de la ville de Nice. Je conseillerais donc plutôt ce livre aux amoureux de cette ville (dont je ne suis pas), et aux passionnés de musique et de cinéma. En se concentrant sur la musique, le cinéma, et la vie même de Maurice Jaubert, officier réserviste, mort en 1940 pendant la 2nde guerre mondiale, on peut trouver des passages passionnants, touchants. Un avis à la manière de la forme de ce roman : entre-deux.
Rendez-vous de la page 50 (sur 229 pages) :
Une biographie de Maurice Jaubert, musicien qui a inventé la musique de cinéma avec Vigo, Renoir, Carné, Duvivier. Un pitch qui donne envie, bien que la description trop détaillée de Nice et de sa bourgeoisie me refroidisse un peu. Heureusement Maurice Jaubert a connu d'autres cieux plus intéressants (selon moi) : Paris, Alger etc. Le personnage est passionnant et a un parcours étonnant. Le style de Maryline Desbiolles fait de poésie, d'anecdotes personnelles et de répétitions fonctionne plutôt bien. Je ne dévore pas le livre, mais il est tout de même plaisant. A suivre.
Chronique
Le beau temps de Maryline Desbiolles au Seuil
Maurice Jaubert vous avez lu ce nom au générique de nombreux films des années 1925-1939; et de manière posthume au générique des films de Truffaut.
Ces musiques me sont connues parce que je suis une passionnée des films de ces années là et en particulier de ceux avec Monsieur Gabin.
Mais comme moi probablement vous ne savez rien d'autre de lui.
Ce compositeur est au coeur du livre de Maryline Desbiolles, et si je suis partie avec un apriori positif, connaissant l'auteur je termine ce livre totalement désappointée.
Je n'ai pas voulu attacher d'importance au fait que les trente premières pages auraient pu se résumer à deux lignes.
J'ai tout d'abord pensé que c'était pour installer l'atmosphère de l'époque et du lieu.
Très vite je me suis noyée dans les dates, les adresses, les détails militaires etc...
L'auteur insère des faits ou pensées qui lui sont personnels au sein de la vie de ce compositeur, sans que cela ajoute quelque chose de positif, cela a plutôt l'effet contraire.
Contrairement au sentiment que je croyais avoir lors du rendez-vous de la page 100, Maurice Joubert n'est pas vivant.
C'est un sujet de "papiers" au sens amoncellement de documents et non décidément il n'est pas de chair ni de musique ni de poésie.
L'intention était belle mais le résultat ne l'est pas. Dommage
Le rendez-vous de la page 100
Maryline Desbiolles , de son écriture poétique et musicale, fait revivre Maurice Jaubert.
Ce nom vous l'avez lu au générique de nombreux films des années 1925-1939; et de manière posthume au générique des films de Truffaut.
Ces musiques me sont connues parce que je suis une passionnée des films de ces années là et en particulier de ceux avec Monsieur Gabin.
Mais comme moi probablement vous ne savez rien d'autre de lui.
Il est ressuscité par l'auteur et l'époque aussi. La narration est vive et m'a donné envie de réécouter sa musique.
Chut, ne pas déranger je suis ailleurs...
ExploLectrice : la chronique
Ce livre nous propose d'aller à la rencontre de Maurice Jaubert, de son amour pour la musique, de sa passion pour le cinéma; mais aussi de s'immerger dans une époque et dans une ville: Nice. La grande réussite de Maryline Desbiolles avec cet ouvrage est bien cette capacité à recréer une époque, une ambiance, une destinée avec ses personnages marquants, ses évènements clés, ses drames et ses joies. Malgré le talent littéraire incontestable de l'écrivaine, ce livre m'est resté indifférent du début à la fin de ma lecture. Je crois que cela est dû à deux choses : d'une part les personnalités évoquées sont peu présentées au lecteur, et comme je n'ai malheureusement pas la culture de Maryline Desbiolles sur le milieu artistique des années 1920-1930, j'ai passé mon temps à me demander qui était telle ou telle personne mentionnée. D'autre part, les commentaires réguliers de l'auteure sont parfois gênants dans la lecture, elle apparaît au détour d'un évènement de la vie de Maurice Jaubert, donne son avis et son ressenti. Si parfois ce ressenti apporte une vraie dimension sensible et poétique au livre, parfois ces commentaires m'ont empêché de me rapprocher du principal protagoniste, l'écrivaine semble plutôt désirer raconter sa relation à cet artiste que présenter l'artiste pour lui-même. L'auteure s'explique page 121 sur ses interventions et dit vouloir ajouter "ma propre arabesque, et par une mystérieuse alchimie des correspondances, de récréer une matière écrite aussi impersonnelle que la matière sonore désirée par Maurice Jaubert". Ce livre peut être beaucoup de choses, mais il n'est certainement pas impersonnel, bien au contraire.
ExploLectrice "l'avis de la page 100"
J'ai du mal à lire ce livre. Je décroche très rapidement et j'ai des difficultés à rester concentrer dessus. Le sujet est intéressant, une biographie de Maurice Jaubert, mais je trouve que la présentation est assez opaque. Beaucoup de personnes croisent les pas de Maurice Jaubert, mais à titre personnel je ne connais pas tous les noms du milieu du cinéma des années 1920-1930, et je ne suis pas non plus familière de la ville de Nice ni de ses personnalités marquantes. Est-ce un livre qui s'adresse plutôt à des initiés? Je le saurai quand j'aurai fini ma lecture
La halte de la page 100
Décidément, la littérature offre de belles découvertes ! C’est le cas avec la biographie de Maurice JAUBERT que Maryline DESBIOLLES a composé, à la manière d’une partition, scindée en mouvements.
JAUBERT, un nom que j’avais déjà entendu, ou lu, au détour d’un générique peut-être, mais une personne que je ne connaissais pas.
Evoquer Maurice JAUBERT, sa vie, sa carrière si brève au sein d’un paysage niçois rayonnant, entre mer et montagne, son installation à PARIS, la dimension artistique de son œuvre dans le contexte politique de la France des années sombres qui insuffle de la nouveauté dans les genres musicaux de l’époque… c’est le travail magnifique rendu par l’auteur dès les premières pages de cet ouvrage.
C’est avec enthousiasme que je vais continuer ce roman, il dégage déjà tant de poésie…
Chronique
Maryline DESBIOLLES a composé la biographie de Maurice JAUBERT, musicien, compositeur de musiques de films, telle une partition, scindée en trois mouvements.
Compositeur né en 1900, à NICE, entre mer et montagnes, où « le beau temps donne l’idée de l’éternité ».
Fidèle à des valeurs fondées sur l’humanisme chrétien, il fréquente le Cercle Montalembert.
A NICE, il élargit ses rencontres auprès de nombreux talents de renom, tels MATISSE, GIONO, PICASSO, RAVEL, VIGO, ou RENOIR avec qui il fera sa première collaboration cinématographique au Moulin Rouge à PARIS, et bien d’autres.
L’auteur explore l’oeuvre de Maurice JAUBERT, sa dimension artistique dans le contexte politique de la France des années sombres de 1930 à la seconde guerre mondiale. Cette période était celle des mouvements de grève et des avancées sociales de 1936, de la dernière exposition universelle de 1937, de la montée de mouvements extrémistes… C’était aussi celle d’innovations culturelles importantes et JAUBERT y a participé en insufflant de la nouveauté aux genres musicaux de l’époque.
Ce livre est un véritable concentré historique autour du cinéma, à partir des années 30 jusqu‘à la mort, au front, du capitaine Maurice JAUBERT.
Si cette accumulation de richesses intellectuelles peut parfois ressembler à un catalogue, l’écriture est tellement portée par les sentiments de l’auteur pour cet artiste, que j’ai toujours eu plaisir à découvrir chaque page. Comme dans un transport amoureux, elle émet un doute sur la véracité de ses affirmations tellement elle fait corps avec la vie de l’artiste, elle le rencontre sans le voir, sans le croiser.
En écoutant « les cinq chants sahariens », « la musique semble sourdre du désert, du sable, elle porte le chant comme un petit bijou… » . Ces tableaux musicaux sont complétés par la géographie des lieux, la luminosité des paysages de NICE, « la mer qui sous-tend la musique de JAUBERT ».
Outre l’élargissement ou la réminiscence de mes connaissances culturelles et historiques, la lecture de ce roman m’a fait vivre un grand moment d’empathie avec ce musicien. Il fait partie de ces personnes trop tôt disparues à cause de la folie des hommes, nous léguant une œuvre inachevée. Il est heureux que des écrivains sachent la faire revivre. C’est déjà ainsi qu’en 2014, j’avais découvert Charlotte SALOMON, l’héroïne de David FOENKINOS.
Un magnifique ouvrage plein de poésie, à découvrir dès sa sortie !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !