"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Son visage était comme un labyrinthe parfait qui me détournait d'un très inquiétant quelque chose. » Un homme vit cloîtré dans une bibliothèque insolite qui accueille jour et nuit des manuscrits refusés par les éditeurs. On y trouve des mémoires de grand-mère ou bien des livres sur la culture des fleurs à la lueur des bougies dans une chambre d'hôtel. Un jour, une jeune femme sublime vient déposer son livre. Il parle de son corps, cette chose terrible qui l'encombre tant. Entre le bibliothécaire maladroit et cette merveilleuse créature une intense histoire d'amour va naître.
Je me demande comment j’ai fait pour passer à côté si longtemps de cet auteur, passionnant. Une acuité franche de ce qu’il observe de l’existence. Dans la catégorie la vie ne tourne pas rond, les descriptions des personnages et des livres sont truculentes. Beaucoup d’humour, un peu noir. Des piques jamais morfondantes
C’est drôle parce que trash sans le vouloir. Une écriture qui donne à voir, à ressentir les protagonistes sans superflu.
Au confins de l’absurde ?
Un portrait cathartique du monde. Son inconséquente misogynie qui ne reproduit que des creux. Les époques se succèdent, les constatations se ressemblent ou s’assemblent.
Vida est belle aux yeux sociaux. Une beauté propice au harcèlement faisant de son corps un étranger. Le narrateur est bibliothécaire d’un endroit étonnant, une bibliothèque pour les livres que personne ne veut. De là à penser aux hommes dont personne ne veut, il n'y a qu’un signe.
On parcourt cette société dépeinte à la folie, en se demandant légitimement ce qui est aberrant ; les situations que l’on vit ou le loufoque d’un imaginaire débridé. Mon cœur balance mais vu la situation actuelle et celles des femmes, notamment de l’avortement puisqu’ il en est question, il penche nettement plus d’un côté. Lutte, acquis, évolution, retour en arrière, on ne peut que se dire que ce monde dépeint n’est pas si truqué.
Rare sont les hommes capables d’autant de finesse et de clairvoyance en parlant du corps des femmes et de ce que la société leur impose. Brautigan, un grand.
Pour poursuivre sur la question de l’avortement
Un podcast :
LSD : Avortement : Le pouvoir du médecin
https://www.franceculture.fr/emissions/series/avortement-le-pouvoir-du-medecin
Une BD : Il fallait que je vous le dise d’Aude Mermilliod avec Martin Winckler
Plus spécifiquement aux Etats-Unis
Un docu : Lake of Fire de Tony Kaye 2006
Un roman : Un livre de martyrs Américains de Joyce Carol Oates
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