"L'autre qu'on adorait" a fait notre bonheur en 2016, découvrons les lectures de Catherine Cusset
"L'autre qu'on adorait" a fait notre bonheur en 2016, découvrons les lectures de Catherine Cusset
Ses livres partout traduits et son engagement contre le racisme et le sexisme en Afrique et dans le monde ont fait de Chimamanda Ngozi Adichie, non seulement une grande dame de la littérature nigériane, dans la lignée de Chinua Achebe et de Wole Soyinka, mais aussi l’une des personnalités africaines les plus influentes qui soient, véritable icône internationale que l’on s’arrache pour des conférences et des entretiens. Multi-consacrée par les reconnaissances les plus prestigieuses – elle est notamment membre de l’Académie américaine des arts et des lettres –, elle est citée comme l’un des plus grands auteurs de sa génération, la BBC citant en 2019 L’autre moitié du soleil, son livre jugé le plus réussi, parmi les « 100 romans qui ont façonné le monde ».
L’autre moitié du soleil, c’est la terrible histoire du Biafra, cette éphémère république née en 1967 de la sécession de la partie sud-est du Nigeria, qui choisit de frapper son drapeau du symbole d’un demi-soleil. Oscillant entre le début et la fin des années soixante, le récit évoque l’euphorie post-indépendance du Nigeria, vite empoisonnée par les graines de zizanie germées de l’artificiel découpage des frontières du pays par les puissances coloniales européennes, et s’appesantit sur la courte existence du Biafra, réintégré – avec ses précieux gisements de pétrole – dans le giron nigérian après trois ans d’une guerre civile et d’un blocus qui devaient faire périr, de la famine bien plus encore que des combats, plus d’un million de Biafrais, majoritairement de l’ethnie Ibo.
Dans ce cadre historique où vient d’ailleurs s’inscrire l’histoire familiale de l’auteur – ses deux grands-pères n’ont pas survécu aux camps de réfugiés du Biafra –, le lecteur est emporté par le souffle romanesque d’une fiction peuplée d’une myriade de personnages gravitant autour de deux sœurs jumelles, Olanna et Kainene, issues de l’ethnie Ibo en même temps que des classes aisées nigérianes. La première, liée à l’universitaire Odenigbo, évolue au coeur de l’intelligentsia du pays, tandis que la seconde, unie à Richard, un Anglais blanc bien décidé à devenir aussi Ibo que possible, se démène pour reprendre la gestion des entreprises paternelles. La tourmente s’abattant bientôt sur leur monde, Richard, devenu peu à peu correspondant de guerre, tentera d’intéresser la presse internationale au sort du Biafra. Mais c’est Ugwu, un jeune et pauvre villageois entré au service d’Olanna et Odenigbo, qui entreprendra véritablement la relation, de l’intérieur, du calvaire des Ibos et des Biafrais, étape essentielle pour que cette histoire ne devienne pas le trou noir de la mémoire nigériane, et pour que les traumatismes puissent trouver les moyens de guérir un jour.
« Imagine des enfants aux bras comme des allumettes, Le ventre en ballon de foot, peau tendue à craquer. C’était le kwashiorkor – mot compliqué, Un mot pas encore assez hideux, un péché. » « Ugwu l’avait remercié et avait secoué la tête en réalisant que jamais il ne pourrait traduire cet enfant sur le papier, jamais il ne pourrait décrire assez fidèlement la peur qui voilait les yeux des mères au camp de réfugiés quand les bombardiers surgissaient du ciel et attaquaient. Il ne pourrait jamais décrire ce qu’il y avait de terriblement lugubre à bombarder des gens qui ont faim. »
Preuve par l’exemple que, pour reprendre les mots de l’auteur, « Il est temps que les Africains racontent eux-mêmes leurs histoires », ce livre cathartique, parfois qualifié de tolstoïen, participe du devoir de mémoire, alors que le Nigeria, mal cicatrisé, peine encore à trouver son unité. C’est aussi une œuvre romanesque portée par un grand souffle, que l’on peut retrouver au cinéma puisqu’elle fut adaptée au grand écran en 2013, sous le même titre, par l’écrivain et réalisateur anglo-nigérian Biyi Bandele.
Au début des années 60, le Nigéria est un jeune Etat indépendant. A Lagos, Olanna et Kainene, sœurs jumelles, profitent de cet élan de renouveau post-colonisation. Elles appartiennent à une famille bourgeoise aisée igbo, une ethnie majoritairement chrétienne présente principalement dans l’est du pays, dans la région du Biafra. Chacune des deux jeunes femmes vit sa vie de son côté : la belle et plantureuse Olanna et son amoureux Odenigbo font partie d’un cercle d’intellectuels universitaires qui discutent politique et refont le monde à la moindre occasion. La froide et sarcastique Kainene, au physique plus ingrat, travaille quant à elle dans une des entreprises de son père, et entretient une relation avec Richard, journaliste britannique entiché de culture et de traditions igbos.
Depuis l’indépendance, les tensions sont vives entre les Igbos et les deux autres principales ethnies majoritairement musulmanes (les Haoussas au nord du pays et les Yorubas au sud-ouest). Au fil du temps, elles ne font que s’exacerber. Entre troubles politiques et coups d’Etat, les Igbos sont ostracisés, accusés de tous les maux, et finissent par être chassés ou massacrés dans les régions où ils sont minoritaires, selon un processus qui évoque furieusement la mécanique du génocide rwandais.
Les deux sœurs et leur entourage n’échapperont pas à la spirale infernale qui s’empare du pays, jusqu’à la sécession du Biafra en 1967 et la guerre de reconquête menée par le Nigéria jusqu’en 1970.
Le demi-soleil du titre est celui qui s’est étalé en jaune éclatant entre 1967 et 1970 sur l’éphémère drapeau du Biafra, Etat qui n’a pas survécu à la guerre et la famine terribles qui ont découlé de sa proclamation d’indépendance. De ces événements, seules ont percolé jusqu’en Occident ces images, diffusées aux journaux télévisés, d’enfants faméliques aux os saillants et aux ventres gonflés. Images qui n’ont eu d’autres conséquences que de donner vaguement mauvaise conscience aux téléspectateurs en les poussant chaque soir à terminer leur assiette avant de quitter la table.
« Le monde s’est tu pendant que nous mourions ». En effet, les grands de ce monde n’ont pas été nombreux à se préoccuper du triste sort des Biafrais. Ceux-ci, pour leur plus grand malheur, vivaient dans une région riche en pétrole notamment, ce qui explique que, pour le Nigéria, téléguidé par le Royaume-Uni et l’URSS (alliés en pleine guerre froide, c’est dire l’ampleur de la convoitise), il était hors de question de perdre la plus infime parcelle de souveraineté sur cette manne. D’où le blocage des frontières, les bombardements et les massacres, provoquant l’exode de milliers d’Igbos vers le Biafra et une pénurie alimentaire dramatique.
Au travers des histoires d’Olanna et Kainene, en alternant début et fin des années 60, l’auteure nous raconte celle du Biafra. Elle parvient à créer une empathie totale entre le lecteur et les personnages : on souffre de les voir souffrir, on a envie de garder comme eux cet espoir fou que le Biafra va gagner la guerre. Une page d’histoire à découvrir ou à se rappeler, et un roman magnifiquement écrit, puissant, cruel, passionnant, bouleversant.
Magnigique
Roman qui sans être historique relate le vécu de certaines familles pendant la guerre du Biafra, région est du Nigéria, qui eut lieu entre 1967 et 1970. Chimamanda Ngozi Adichie, apporte ses sentiments sur celle-ci. Et il convient de rappeler que ce génocide aurait fait plus d'un million de morts! Enfin nous retrouvons, dans ce livre, tous les ingrédients des conflits actuels, avec : une partie prégnante de la religion, une participation de multiples ethnies, ainsi qu'une mauvaise répartition des richesses.
Or donc, Olanna est amoureuse d'un intellectuel engagé, Odenigbo; quant à sa sœur jumelle Kainene, femme réaliste et secrète, elle tombe sous le charme d'un journaliste britannique, lui même fasciné par la culture Igbo. Pendant cette période - début des années 1960 - propice à la réflexion, aux discussions plus ou moins animées et surtout dans le calme relatif de douces soirées; l'inévitable arrive, la sécession de la partie sud est du Nigéria. Aggravée surtout, par le conflit larvé des fractions Haoussas et Yorubas contre les Igbos.
Ainsi débute, une guerre qui verra une hécatombe de soldats mais également de civils, avec toutes les atrocités dont sont capables les êtres humains...Nous suivons donc nos personnages, dans leurs pérégrinations, leurs déchirements, leurs révoltes mais évidemment leur désarroi pendant cette période!
Personnages très attachants, esprits charismatiques, qui nous portent à ressentir et subir toutes les vexations de leur périple pendant la création de cette république éphémère. Ainsi nous partageons: la peur du lendemain, la famine, puis la déception d'une guerre perdue ! Sans bien sûr oublier la géopolitique et l'impéritie des pays occidentaux qui observent ce conflit; et que l'un des personnages désabusé exprime ainsi: "...le monde s'est tu pendant que nous mourions.".
Dans les années 60, au Nigeria, deux soeurs jumelles très différentes, satisfaites de leur vie, ont choisi une trajectoire bien différente.
Olanna, professeur, belle jeune fille ouverte et aimable, contrairement aux voeux de ses parents qui souhaitent la voir épouser un homme susceptible à terme d'être un soutien pour leur entreprise, fait le choix de s'installer à Nsukka avec son fiancé Obdenigbo, un intellectuel engagé et idéaliste qui travaille au sein de l'université.
Kainene, plus discrète pour ne pas dire secrète mais au caractère bien trempé, soucieuse de plaire à ses parents, a fait le choix de travailler dans leur entreprise à Lagos. Elle entretient une relation avec Richard, un journaliste britannique un peu naïf et passionné de l'art local et notamment des ports cordés.
Ce bonheur va prend fin quand une conflit entre la Haoussas, majoritairement au nord du pays et les Ibos, plus au sud éclate. Les Haoussas reprochant aux Ibos, avec l'appui des britanniques, de détenir tous les postes clés du pays. Dès lors, les Ibos seront pourchassés et massacrés.
Olanna et Obdenigbo n'ont d'autres choix que de fuir, Kaneine et Richard ne les rejoindront qu'une fois Lagos aux mains des Haoussas. La communauté des Ibos fera donc sécession avec le Nigeria et créera le Biafra. Cet Etat ne sera par reconnu par la communauté internationale, sauf tardivement par la Tanzanie. Le Nigeria, avec l'aide des britanniques, fera blocus et empêchera les ponts aériens alimentaires de la Croix Rouge. Plus d'un million d'Ibos mourront dans l'indifférence générale des pays occidentaux. Parmi ces morts, un grand nombre d'enfants présentant un syndrome de malnutrition protéino-calorique sévère, dénommé le kwashiorkor.
Les relations entre les différents protagonistes sont très fortes et chargées d'émotions. Ils sont tous dotés d'un caractère leur donnant la force de croire en un avenir meilleur et nous démontre que même si on trébuche, si on tombe, il faut se relever et continuer à avancer.
Ce livre est aussi une belle leçon d'amour, de solidarité, d'entraide. Ce roman me réconcilie avec la nature humaine et me redonne de l'espoir car en ce moment on en a vraiment besoin. Il est aussi une leçon d'histoire car cela explique le rôle qu'ont eu les pays occidentaux et notamment le Royaume Uni dans ce conflit et comment l'Occident, par intérêts, a joué d'indifférence face à un peuple à l'agonie.
Je sors de cette lecture en colère mais j'ai aussi honte d'être occidentale au vu du comportement qui fut le notre et que l'on continue à ce jour à se comporter en censeur, en supérieur vis à vis de l'Afrique. Je sors aussi grandie car j'ai appris beaucoup de choses et je vais faire des recherches pour avoir une meilleure compréhension de ce conflit. Et je tire mon chapeau à l'auteur qui a réussi à ne pas en faire un pamphlet contre le monde occidental mais à raconter une histoire ayant pour base un conflit entre ethnies d'une même pays
Ce roman se déroule au Nigéria de 1960, juste après l'indépendance au tout début de 1970, à la fin de la guerre du Biafra.
Olanna est belle,empathique, elle est amoureuse d'Odenigbo un professeur engagé et idéaliste.
Kainene sa jumelle, a un physique androgyne pas du tout dans les canons de beauté du lieu et de l'époque. Elle est caustique et distante.
Elle rencontre Richard, un journaliste britannique passionné par la culture igbo.
Et puis il y a également Ugwu treize ans qui quitte son village pour devenir le boy d'Odenigbo
qu'il appelle "Master". Il
Ils mènent touts une existence confortable.
Odenigbo et Olanna reçoivent leurs nombreux amis et passent de longues soirées à discourir de l'avenir de leur pays.
Kainene est une femme d'affaire intreprenante, indépendante, elle est très moderne.
Ils s'aiment, se déchirent, s'éloignent les uns des autres.
Et puis surviennent les premiers massacres d'Igbos, ensuite le Biafra proclame son indépendance.
Ils vont être pris dans cette guerre horrible maintenant oubliée : le Nigéria aidé du Royaume Uni va non seulement affamer interminablement les biafrais mais également les bombarder.
Et ils vont se réveler, se retrouver, se pardonner, oublier leurs différends passés devenus bien insignifiants.
Une belle histoire d'amour, de mort et d'espoir omnisprésent même dans les moments les plus sombres.
Un des meilleurs livres de la littérature afro-américaine. L'auteur raconte la guerre du Nigéria, ses causes et ses conséquences. Le point de vue de quelques personnages est utilisé afin de raconter cet événement tragique de manière intime. Les personnages sont forts, la narration est rythmée et soutenue par une écriture agréable et riche.
Dans le Lagos des années soixante, Ugwu, jeune garçon de la brousse vient d’être engagé comme boy chez Odenigbo, un intellectuel idéaliste et excentrique. La magnifique Olanna, issue de la richesse nigériane, éperdument amoureuse d’Odenigbo, partage ses idéaux. Sa soeur jumelle, Kainene, entretient elle une relation avec Richard, un journaliste britannique fasciné par la culture locale.
Sous le regard d’Ugwu, cette société privilégiée évolue, au rythme des questionnements et débats sur l’avenir politique du pays, de dîners arrosés et soirées musicales.
1967. Le Biafra se proclame indépendant au Nigéria, et hisse son drapeau orné d’un demi-soleil jaune. Une guerre civile de trois ans déchire le pays, faisant plus d’un million de victimes. Un conflit ignoré, oublié.
Dans ce roman, mêlant un avant et un après la guerre du Biafra, Chimamanda Ngozi Adichie livre un témoignage non seulement d’un conflit oublié, mais du bouleversement de celui-ci sur la vie. L’écriture poignante de l’auteur met en scène deux héroïnes inoubliables qui nous portent au-delà des frontières de l’espace et de temps. Au fil des chapitres, on se plonge dans les vies aux destins croisés de ces personnages dont la force se révèle à mesure que la guerre approche, puis bat son plein. Adichie dresse un tableau authentique de cette guerre, mêlant les réalités de la famine, des raids aériens, des enfants soldats, de la destruction et la mort, mais aussi et surtout du bonheur et de l’espoir, de l’amour. L’amour entre soeurs, Kainene et Olanna, pourtant si différentes. L’amour passionné d’Olanna et Odenigbo mais aussi celui de Kainene, la sauvage, la cynique, à Richard, l’occidental. C’est un roman bouleversant, tant par la force de ses personnages, qui semblent prendre vie devant nos yeux, que par la pertinence et la maîtrise du contexte historique.
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