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Paris, 1880. À l'académie Julian, le premier atelier à ouvrir ses portes aux femmes, la vie n'est pas facile. L'apprentissage du métier de peintre est ardu, long et coûteux. Seules les jeunes filles dotées d'un véritable talent et, surtout, d'une grande force de caractère, parviennent à en surmonter les obstacles. Du talent, Zélie Murineau n'en manque pas. De la force de caractère non plus. Pourtant, lorsque le commissaire Alexandre d'Arbourg lui demande de faire le portrait de sa filleule, sa belle assurance est ébranlée : comment ne pas croire que cette commande dissimule d'autres motifs ? Mais même si elle en connaît les risques, elle n'est pas en mesure de refuser le marché du beau commissaire : elle sera donc ses yeux dans cette famille cachant bien des secrets.
Des auberges mal famées jusqu'aux salons de la grande bourgeoisie, elle va l'aider à discerner ce que les grands maîtres de la peinture sont les seuls à voir : les vérités qui se cachent derrière les apparences.
Ce roman historique et policier est passionnant ! Il nous plonge dans le monde de l’art au XIXème siècle à Paris, alors peu enclin au travail artistique des femmes.
« Depuis qu’elles avaient choisi cette vie d’artiste, elles savaient confusément que, sans être tout à fait des femmes déclassées, elles ne correspondraient plus jamais aux normes sociales régissant la gent féminine. »
Nous suivons le commissaire Alexandre d’Arbourg et la jeune peintre Zélie Murineau à travers les salons bourgeois de la capitale mais aussi dans un dédale d’auberges lugubres et pauvres de la campagne environnante. Le roman est ainsi constellé des fortes différences sociales qui règnent à l’époque. Ces deux personnages au fort caractère nous embarquent au cœur d’une enquête policière visant à résoudre l’énigme de la folie meurtrière qui semble s’emparer de plus en plus de personnes en ville. Plusieurs affaires viennent se greffer à l’enquête principale, dont la mystérieuse disparition d’un bébé, et ajoutent de l’intrigue, même s’il on ne tombe pas des nues lors de leur résolution. C’est plutôt le côté entraînant de l’action, l’ambiance et l’attachement aux personnages qui est plaisant ici et qui nous fait vibrer de chapitre en chapitre.
En parallèle, le commissaire chargera Zélie de réaliser le portrait de sa filleule Juliette. Mais ce travail qu’elle ne peut refuser et qui résonne comme une faveur semble cacher une toute autre raison. Zélie, de son côté, dissimule un secret qu’elle ne peut révéler à Alexandre, surtout de par la fonction de ce dernier.
Autant l’aspect policier nous fait passer un agréable moment en compagnie de ces personnages fort sympathiques, autant la condition des femmes peintres au XIXème siècle et l’ambiance artistique du roman portent réellement le récit. Sylvie Gibert a su nous immerger au cœur des toiles de maîtres mais aussi de celles des élèves, et son écriture est semblable à la description d’un tableau. J’ai beaucoup aimé ces passages poétiques et instruits, et lors de l’énonciation de toiles de peintres pas encore reconnus à l’époque – tels que Renoir par exemple -, il m’a plu de visionner leurs images en parallèle sur mon ordinateur afin de me fondre encore davantage dans les descriptions et les dialogues du roman.
« La chaleur était devenue plus intense. Le soleil dardait des rayons féroces qui éclataient en gerbes éblouissantes contre la surface laquée du fleuve et s’insinuaient, comme de fines aiguilles, entre les brins de paille des chapeaux et la dentelle des ombrelles. »
L’académie Julian ainsi que la plupart des élèves présentes dans le livre ont réellement existé, ce qui rend le récit d’autant plus captivant. Nous y rencontrons également le peintre Edgar Degas à l’époque où ses tableaux ne sont pas encore renommés, ce qui offre une vision originale et intrigante de cet art aujourd’hui encensé.
Comme l’explique Sylvie Gibert dans sa postface, ce roman a pris sa source devant un très beau pastel d’Amélie Beaury-Saurel (qui est une des élèves présentes dans le roman, ndlr), « Dans le bleu ». La présence forte du modèle lui a inspiré Zélie Murineau. On sent tout à fait, à travers son récit, l’égard passionnant de l’auteure pour la peinture, celui-là même qu’elle a su nous transmettre.
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/07/31/lecture-latelier-des-poisons-de-sylvie-gibert/
L’atelier des poisons est un roman original, on suit l’histoire de Zelie, jeune femme passionnée de peinture et qui prend des cours à l’académie des femmes Julian. Elle est anticonformiste et ne souhaite que progresser dans son art, elle vit seule dans l’appartement léguée par sa tante avec sa domestique. Loin des codes de la femme de l’époque, son esprit et sa volonté d’être reconnue comme peintre la distingue des femmes assujetties à un rôle domestique.
Par hasard, elle rencontre un commissaire de Police Alexandre d’Arbourg qui lui demande d’utiliser son don d’observation lors d’une enquête qui le touche de près. Consciencieux, tenace, il mène en parallèle une enquête sur la disparition d’un jeune enfant et le meurtre d’un cochet. J’ai apprécié ce côté intrigue qui donne une dimension particulière au récit.
J’ai aimé les descriptions, la retranscription de l’époque, des codifications homme-femme. L’amour de la peinture qui transparait, l’auteur nous fait plonger dans son monde. Avec une écriture efficace, elle déroule par de courts chapitres cette histoire. L’intrigue policière donne du rythme au récit.
La suite sur http://eirenamg.canalblog.com/archives/2016/06/29/34025727.html
Je viens de refermer à regret ce roman,car j'aurais bien aimé poursuivre l'aventure de Zélie Murineau et de son ami le commissaire d'Arbourg.
L'atmosphère du Paris de 1880 m'a semblé si réelle que je m'y suis sentie intégrée.Le combat pour la reconnaissance des femmes en tant que peintres est passionnant car son issue qui nous est actuellement connue,n'a pas été sans drames et injustices,dont les héroïnes ont été oubliées par l'Histoire.
Bravo à l'auteur de les avoir fait revivre le temps d'un roman.
D'une écriture soignée et d'une grande fluidité,est né ce livre dans lequel on croise des personnages tels qu'on peut les imaginer dans la société d'autrefois.
Belle découverte pour moi.
Je vous conseille ce roman qui se lit trés facilement. Il y a deux mystères à élucider.
A la fois historique et policier j'ai passé un bon moment.
Les personnages sont attachants et l'on découvre l'académie Julian et la société parisienne de 1848 .
A lire
«Ce roman a pris sa source devant un très beau pastel d’Amélie Beaury-Saurel, Dans le bleu, une donation faite au musée des Augustins à Toulouse. Le présence forte du modèle m’a inspiré Zélie Murineau.» explique Sylvie Gibert dans sa postface qui lève également le voile sur quelques uns des autres personnages de ce beau roman, dont les compagnes de Zélie au sein de l’atelier des femmes de l’académie Julian – qui ont vraiment existé –, à commencer par Amélie Beaury-Saurel qui finira par épouser son maître : Rodolphe Julian, ainsi que Marie Bashkirtseff, Sophie Schaeppi ou Louise Catherine Breslau, l’amie d’Edgar Degas.
L’héroïne du livre est la donc la jeune Zélie, bien décidée à vivre de sa peinture à un moment où les femmes n’étaient pour ainsi dire pas acceptées dans le cercle restreint des «grands maîtres», représentants d’une peinture académique très classique. Mais nous sommes en 1880, au moment où la société commence à bouger, où le progrès va se mêler aux idées émancipatrices, où les premiers impressionnistes se font huer.
La jeune femme réalise quelques esquisses dans le Jardin des Tuileries lorsqu’elle croise le regard d’un jeune homme. Il s’agit du commissaire Alexandre d'Arbourg, amateur d’art à ses heures perdues. Il s’est longtemps demandé «ce qui faisait la différence entre les peintres amateurs et les grands maîtres» sans trouver de réponse, sinon que les grands maîtres, comme Zélie, possèdent un sens de l’observation absolument extraordinaire : «Cette étonnante perspicacité du regard ne serait-elle pas une partie du secret des grands maîtres de la peinture ?»
C’est cette qualité qu’il va mettre à son service, la jeune fille parvenant à lui décrire de façon détaillée les voleurs qui sévissent dans le parc. Une amitié naît, même si elle inquiète dans un premier temps la jeune artiste qui, pour payer son loyer, n’a pas hésité à reproduire une œuvre de Vélasquez et à la vendre à un brocanteur.
Zélie s’est crue découverte, puis elle comprend qu’Alexandre aimait s’amuser. «Il maniait l’ironie avec une véritable délectation…» Si bien qu’elle accepte son offre de réaliser le portrait de sa filleule Juliette, mais en posant ses conditions. Elle veut que le commissaire l’aide à retrouver l’enfant de la nourrice dont elle réalise le portrait et qui a disparu durant le trajet qui devait le ramener dans sa famille.
Alors qu’Alexandre commence son enquête, Zélie sa charge d’un autre mandat. En se rendant au domicile de Juliette, elle est chargée d’observer ce qui s’y passe, car le maître de maison, banquier de son état, a été victime d’une tentative d’empoisonnement. Entre Henriette, la maîtresse de maison qui s’occupe de sa fille unique «comme on traite un bibelot dont la vue dérange, mais dont il est imposible de se débarrasser parce qu’on vous l’a offert.» Léon, le fils d’un premier mariage qui est amoureux de la nouvelle épouse de son père et la bonne qui a su consoler le banquier durant son veuvage, elle a l’embarras du choix…
Habilement construit, le roman va alors nous entraîner d’une part dans les bas-fonds de la capitale et sur la route de quelques malfrats bien peu recommandables et d’autre part au sein du milieu artistique jusqu’au salon du Palais de l’industrie. En passant, on croisera Alphonse Allais, Edgar Degas et quelques autres artistes dont la renommée est loin d’être acquise à l’époque. Sylvie Gibert joue avec beaucoup de finesse sur les deux tableaux, si je puis dire, et sait distiller les indices qui tiendront le lecteur en haleine. Zélie va-t-elle tomber amoureuse d’Alexandre ? Pourquoi ce dernier, qui a découvert le subterfuge du faux Vélasquez, déclare-t-il à sa protégée : «Il se trouve que pour une raison dont je préfère garder le secret, je ne chercherai jamais à vous nuire… Jamais ! Vous en avez ma parole.» ?
Nous voilà entraînés dans un roman aux registres variés dont la partie policière rappelle, sur bien des aspects, les enquêtes de Nicolas le Floch de Jean-François Parot. Peut-être même aurons nous droit prochainement à un nouvel épisode des aventures de Zélie et Alexandre ? Gageons que ce sera le vœu le plus cher de la plupart des lecteurs de ce passionnant périple dans le Paris de la fin du XIXe siècle.
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