Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Aux confins de l'Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s'étendent des terres qui paraissent échapper à l'Histoire...Qui est donc ce criminel aux multiples visages, que Pavel Gartzev et ses compagnons doivent capturer à travers l'immensité de la taïga ? C'est l'aventure de cette longue chasse à l'homme qui nous est contée dans ce puissant roman d'exploration. C'est aussi un dialogue hors du commun, presque hors du monde, entre le soldat épuisé et la proie mystérieuse qu'il poursuit. Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend alors une dimension exaltante, tandis qu'à l'horizon émerge l'archipel des Chantars : là où une « autre vie » devient possible, dans la fragile éternité de l'amour.
L'écriture d'Andreï Makine, j'y suis déjà revenue à plusieurs reprises. Ciselée, lyrique, mélancolique, émouvante, puissante et porteuse de valeurs auxquelles je suis sensible.
Les origines de monsieur Makine, l'histoire douloureuse de son pays servent souvent de toile de fond à ses récits.
Monsieur Makine est un excellent conteur , il sait prendre son lecteur par la main et l'emmener , le transporter dans des lieux où jamais il n'a mis les pieds.
Il sait aussi rêver et nous entraîner à sa suite vers des univers libérés de nos pesanteurs.
Dans les écrits de monsieur Makine, il y a la noirceur de l'humain, l'obscurité, la pesanteur du monde, il y a aussi son antithèse : la lumière, la respiration, l'espoir. Mais surtout monsieur Makine nous fait l'implacable démonstration que nous pouvons nous débarrasser de notre "pantin de chiffon" pour embrasser plus sereinement "l'insoluble simplicité de nos vies".
Monsieur Makine votre écriture est thérapeutique, elle nous incite à explorer nos ombres, à nous débarrasser de nos oripeaux les plus futiles pour Vivre. Certains de vos personnages expérimentent le passage des affres de la vie à ses essentiels. Ils nous donnent envie de les suivre.
La nature, le cadre qui sert d'écrin à cet archipel est une nature peu hospitalière mais que l'on imagine tellement fascinante et où seuls les plus aguerris peuvent survivre.
Je n'aime guère dévoiler l'intrigue d'un roman, sachez qu'il se déroule principalement en 1952, qu'on y parcourt l'histoire de la Russie de 1937 à 2003, que les secousses de l'histoire remuent les hommes et leurs "pantins de chiffon".
Nous nous situons à l’extrême est de la Sibérie, région reculée et sauvage, refuge de diverses ethnies que le roman nous fait rencontrer par le truchement de quelques personnages.
Nous y rencontrons un jeune stagiaire géodésiste, cinq militaires sur les traces d'un mystérieux fugitif, une splendide jeune femme néguidale dont les destins vont se croiser sur ces territoires.
Je referme ce livre à regret, il y a des compagnonnages que l'on aimerait prolonger, des rêves que l'on refuse de clore, des réflexions qui longtemps feront écho.
Pff, quel beauté, quel panache ! Ce livre qui traînait depuis un moment et dont je retardais l'ouverture, ce livre disais-je, je l'ai prêté à ma fille qui me l'a rendu quelques jours plus tard en me disant qu'elle l'avait dévoré et qu'il était excellent. J'aime Andreï Makine et me reste toujours en tête ce magnifique roman qu'est La femme qui attendait. J'entame donc la lecture de L'archipel d'une autre vie et ainsi que prévu, je ne peux le lâcher tant l'histoire est belle. Un roman d'aventures digne des plus grands du nom. Du souffle, des paysages à le couper, une traque qui n'en finit pas parce que la ruse du fuyard ralentit ses poursuivants. Une période compliquée dans le pays, Staline est encore au pouvoir, finissant mais toujours là. La paranoïa, la peur, les intimidations, la torture sont érigées en méthode de gouvernement à tous les niveaux et Pavel, le moins gradé du groupe sent bien qu'en cas d'échec, c'est lui qui paiera les pots cassés. Le groupe n'est pas soudé, les hommes se jaugent et se haïssent, chacun jouant pour lui. Les rapports entre eux en ces temps tendus sont formidablement rendus par l'auteur. Tout cela dans des décors incroyables et des conditions difficiles.
Et puis, en marge de l'aventure proprement dite, il y a le cheminement de Pavel, ces questions qui le hantent, de l'instinct guerrier qui poussent les hommes au pire des exactions envers autrui et surtout les femmes. C'est aussi le roman d'un homme qui change, qui ne sera plus jamais le même après cette traque.
Et enfin, il y a l'écriture d'Andreï Makine, superbe, juste, qui décrit les hommes, leurs relations, leurs angoisses et tourments et les paysages : "Une légère brume voilait l'horizon. L'océan uni au ciel était le seul élément qui nous entourait de toutes parts. Et le soleil, déjà bas, renforçait cette sensation de fusion, recouvrant tout d'un poudroiement doré, ne laissant pas le regard s'accrocher à un détail. Nous étions, je le voyais à présent, au point culminant d'une petite péninsule et la hauteur du lieu créait cet effet de lévitation au-dessus de l'immensité océanique." (p.179)
Un grand roman, coup de cœur, assurément.
Il faut prendre ce roman d'Andreï Makine (un russe qui vit en France et écrit en français) comme remarquable.
Avec cet Archipel d'une autre vie, Makine nous emmène loin vers l'est, au-delà même de la lointaine Sibérie, aux confins de l'orient, sur les rives de la mer froide d'Okhotsk, là où l'on peut apercevoir les îles Kouriles, Sakhalin ou le Kamtchaka. Jusqu'aux îles Chantar, là où le fleuve Amour (grossi par le fleuve Amgoun) se jette dans le Pacifique et où il faut affronter le terrible souloï. Une géographie exotique au froid revigorant !
Pour Makine, ces rives tourmentées d'un Pacifique au nom trompeur, évoquent même le mythique océan Mirovia qui entourait l'ancien continent de la Rodinia.
[...] Le nom de Mirovia s’imposa à ma pensée, oui, cet océan préhistorique entourant le seul continent existant, le fameux Rodinia dont parlaient nos livres de géographie…
Non content de titiller nos neurones géographiques, Makine va nous emmener dans une course folle au cœur de la taïga.
[...] Les poursuites à travers la taïga, les coups de fusil, la maison du chercheur d’or où veillait un mort… Oui, un livre d’aventures, un western. Plus tard, j’ai cru y discerner une vérité bien plus vaste et plus secrète, celle qui me laissa deviner le sens caché de ces mots si simples : « Nous y vivions… »
Une aventure, un 'eastern', une chasse à l'homme ... oui, peut-être, mais ce n'est pas tout.
Nous voici au tout début des années 50 : les russes se remettent à peine de la terrible guerre dont les fantômes viennent toujours les hanter. La terreur stalinienne a rempli les camps et a fait ou fera de chacun un ennemi du peuple, à un moment ou à un autre, forcément.
[...] Il faut toucher le fond, Pavel, c’est la meilleure chose qui puisse arriver à un homme. Après ma première année de prison, j’ai commencé à éprouver cette liberté-là. Oui, la liberté ! Ils pouvaient m’envoyer dans un camp au régime plus sévère, me torturer, me tuer. Cela ne me concernait pas. Leur monde ne me concernait pas, car ce n’était qu’un jeu et je n’étais plus un joueur. Pour jouer, il fallait désirer, haïr, avoir peur. Moi, je n’avais plus ces cartes en main. J’étais libre…
[...] La prison ? C’est pour ne pas y retourner que je suis là… Difficile de survivre dans la taïga ? Moins que dans un camp… »
Un évadé s'échappe de l'un des camps. À ses trousses, on lance un équipage de quelques 'volontaires' ou presque, hantés par les fantômes de la guerre, effrayés par la menace des camps et des commissaires politiques. La course poursuite s'engage avant que l'hiver n'arrive.
[...] La forêt s’effeuillait, protégeant mal ma fuite. Ce qui me sauvait, c’était la vitesse de mon déplacement et ma connaissance, presque tactile, des endroits que je traversais. Et, les premiers jours, l’oubli de la faim.
Mais au fil du temps, la poursuite s'éternise.
[...] Je commençai à tousser, frissonnant sous mes vêtements qui résistaient mal à la morsure du vent. Nous étions partis au début du mois d’août et, à présent, trois semaines plus tard, le froid balayait les petits paradis de tiédeur encore préservés dans les vallons ensoleillés…
Comme si les chats n'étaient finalement pas si pressés d'attraper leur souris (et de rentrer), et comme si la souris attendait ces poursuivants-là, les préférant finalement à une autre troupe plus nombreuse et plus efficace.
La chasse à l'homme dans la taïga prend alors un tour étrange.
[...] L'évadé s’était évertué à escalader la barrière de roche et à reprendre sa route. Nous en étions secrètement soulagés : pas d’affrontement final, encore quelques jours de « congé », comme disait Boutov.
[...] Ne vivre que pour cette marche infinie, ne rien demander d’autre.
[...] J’aurais pu facilement m’enfuir, oui. Pourtant, rester avec lui changeait le sens de ce que je savais de la vie.
Mais le roman de Makine réserve encore bien d'autres surprises que l'on ne peut vous dévoiler.
Nous avions embarqué pour un étrange western à la russe, nous avons tâté du roman initiatique et nous voici bientôt obsédés par une très très belle histoire d'amour (était-ce la proximité du fleuve qui voulait cela ?).
[...] Elkan se mit à décharger sur la rive ses bagages : fusil, outils, toile des tentes… Perplexe devant le peu de biens que nous possédions, je demandai, sans pouvoir cacher mon désarroi : « Et que… qu’est-ce qu’on va faire ici ? » La réponse vint, rendant insignifiante toute autre interrogation : « Nous allons y vivre. »
[...] – Que faisions-nous là-bas ? Nous y vivions… Il dut se rendre compte que ce mot usé était privé de toute sa valeur.
[...] À travers la brume qui enveloppait l’archipel, il distingua les trois points lumineux. Un triangle de feux. « La constellation de notre ciel à nous », pensa-t-il avec une tendresse qui n’avait pas de nom dans le monde qu’il venait de quitter.
[...] Cette nuit-là – je le comprendrais plus tard – nous étions au plus près de ce qu’il y avait en nous de meilleur.
Au bout du bout du monde, les personnages vont découvrir le charme des îles Chantar.
Au fil du voyage initiatique, le lecteur sera lui, tombé sous le charme de la prose d'Andreï Makine : l'âme russe possède décidément un rapport à la nature, un rapport à l'histoire, qui n'appartiennent qu'à elle. Makine est à moitié français et son travail de passeur nous donne ici l'occasion d'être touché par cette grâce.
Pour celles et ceux qui aiment les très belles histoires.
C'est dur, c'est froid, et on évolue dans un environnement de continuelle adversité. Une très belle plume certes, mais un ennui pour ma part. J'ai eu du mal à m'immerger dans l'histoire. Ce n'est qu'à partir du début de la traque que mon intérêt s'est ravivé. Je m'attendais à un contexte historique plus poussé. Un roman que les férus de "Nature Writing" vont certainement adoré.
Le roman commence de fort belle manière avec cet incipit qui annonce la couleur :
« A cet instant de ma jeunesse, le verbe « vivre » a changé de sens. Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des Chantars. Pour toutes les autres manières d'apparaître ici-bas, « exister » allait me suffire. » P 11
Le récit débute en 1970 avec un adolescent, fils de prisonniers, donc considéré comme paria, vivant dans un internat où sont regroupés d'autres ados dans la même situation : intelligents ou non, on s'en moque, les études supérieures leur sont interdites, ils pourraient polluer les autres appartenant à des familles obéissant au régime, et on les oriente d'office vers des métiers singuliers : géodésistes ou grutiers… Et on les envoie le plus loin possible… Il arrive ainsi à Tougour, pas loin du Pacifique.
Personne n'étant venu l'attendre à son arrivée, il se promène dans la ville et finit par suivre un homme, capuche sur la tête dans la taïga. Il s'agit de Pavel Gartsev, qui semble en fuite et finit par repérer notre ado et lui raconter son histoire.
Flash-back (désolée, la traduction de ce mot en français est moins évocatrice !) et on se retrouve en 1952, dans une union soviétique obsédée par la troisième guerre mondiale, nucléaire bien-sûr, et les hommes ont droit à des exercices de simulation, dans des conditions abracadabrantesques, enfermés dans des bunkers pour tenter de survivre… lorsque soudain, on parle d'un prisonnier s'étant échappé d'un camp et qu'il absolument retrouver.
Andreï Makine nous décrit de fort belle manière ce « commando » chargé de la traque est constitué d'un général, héros de guerre, d'un petit chef Louskas aux méthodes dignes du KGB qui ne pense qu'à chercher des coupables pour pouvoir les dénoncer et les torturer, son sous-fifre, Ratinski, qui ne pense qu'à son avancement, et à un comportement vil, digne d'un parfait SS, toujours prêt à dénoncer, qui envoie les autres au casse-pipe dès qu'il y a le moindre risque à l'horizon. On trouve aussi Vassine, qui a traverser des moments durs pendant la guerre, accompagné de son chien (chargé de renifler les traces du fugitif.
On comprend très vite que Pavel ne part avec eux que pour que l'on puisse rejeter sur lui un échec éventuel de la mission et qu'il sera surveillé en permanence, l'obligeant à rester sur ses gardes, à trouver en lui la force et le désir de rester en vie, à surmonter la peur. Seul Vassine est fiable mais les paroles qu'ils échangent peuvent être « interprétées comme une atteinte à la sûreté de l'État, il suffisait de bien ficeler le dossier d'accusation »
J'ai beaucoup aimé cette traque, dans la taïga, chacun progressant difficilement, ces feux qu'on allume tant pour se réchauffer que pour tenter d'envoyer l'autre sur de fausses pistes, chacun révélant de plus en plus ses forces ou ses faiblesses ou encore sa duplicité… j'ai mis mes pas dans ceux de Pavel, dans ces paysages grandioses, cette Sibérie que décrit si bien Andreï Makine et qu'il aime tant, ces noms qui font rêver : l'archipel des Chantars, la Bélitchi, Tougour…. Ces régions où j'aimerais bien aller me perdre, loin de la civilisation, en contact direct avec la nature.
J'ai beaucoup aimé ce roman, qui tient de la poursuite d'un fugitif, et s'avère être aussi une quête initiatique, une réflexion sur le monde soviétique où l'individu n'existe plus, étant au service de l'Etat, de la collectivité… de la liberté (ou de l'illusion de la liberté) dans un décor exceptionnel, et pose une question : est-ce qu'on vit ou se contente-t-on d'exister ? Qu'en est-il du choix du libre arbitre si on n'adhère pas au système ?
« Oui, la liberté ! ils pouvaient m'envoyer dans un camp au régime plus sévère, me torturer, me tuer. Cela ne me concernait pas, car ce n'était qu'un jeu et je n'étais plus un joueur. Pour jouer, il fallait désirer, haïr, avoir peur. Moi, je n'avais plus ces cartes en mains. J'étais libre… » P 168
La construction du roman m'a plu car j'aime ces récits en gigogne, ces allers et retours entre présent et passé, ces rencontres entre deux personnes qui peuvent tisser un vrai lien. L'écriture est belle comme toujours avec Andreï Makine qui nous entraîne dans un voyage extraordinaire. J'avais beaucoup aimé « le testament français » et j'ai eu le même plaisir avec ce roman que l'Obs a qualifié de « véritable western sibérien » et l'Express de « puissant récit d'aventures métaphysique ».
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Un jeune adolescent découvre un homme qui se cache et se sauve , il le suit L'homme, Pavel Gartsev, n'est pas dupe . Il surprend son poursuivant et lui conte son histoire, l'histoire d'un soldat condamné à obéir et à se soumettre, d'un homme qui subit dont la vie est fait d'épreuves et d'embuches, d'un homme qui se voit obligé de poursuivre un fugitif dans la taïga. La traque est longue et étonnante, le fugitif se laisse poursuivre, garde la distance mais sans jamais sembler vouloir( ou pouvoir) s'échapper vraiment. Un long voyage et un long "dialogue" commencent entre le fugitif et ses poursuivants qui traverseront la Russie orientale jusqu'à l'archipel des Chantars .
Un voyage pour traquer un fugitif qui se transforme en voyage intérieur et en réflexion sur le monde, sur les vies qui s'offrent à nous et sur la liberté : peut-on choisir une "autre vie ?" Très bien écrit et construit
Quel plaisir de retrouver Andreï Makine !
Après Le Testament français et Une femme aimée, j’étais curieux de me replonger dans son écriture délicieuse, recherchée, sans sophistication. L’archipel d’une autre vie m’a comblé au-delà de mes espérances, comme Ghislaine me l’avait annoncé !
Le narrateur est à Tougour, dans l’Extrême-Orient sibérien. Il parle un peu de lui mais se laisse prendre à poursuivre un homme, dans la taïga. Ce narrateur a grandi dans un orphelinat réservé à ceux dont les parents ont disparu dans des camps afin qu’ils ne contaminent pas les élèves des écoles ordinaires… Enfant de taulard ? Non, de prisonniers !
La rencontre avec cet homme déclenche un récit captivant, l’histoire de Pavel Gartsev. Elle débute en 1952, quand l’URSS se prépare à un affrontement avec les USA, sur fond de guerre atomique.
Gartsev est vite la cible de supérieurs arrivistes qui n’hésitent pas à faire subir à leurs hommes des épreuves inhumaines. Il passe des heures dans un abri, à la limite de l’asphyxie mais livre d’intéressantes réflexions sur la vie, le monde, les hommes.
Soudain, l’histoire s’emballe à cause de l’évasion d’un criminel, en tout cas désigné comme tel. Une équipe est lancée à ses trousses avec Louskass, un responsable du contre-espionnage qui se sent le plus fort, plus fort que le commandant Boutov et bien secondé par Ratinsky, un homme prêt à tout pour grimper dans la hiérarchie.
Louskass fera un rapport : « Un rapport où, en un paragraphe, le destin de chacun pouvait être scellé : blâme, dégradation, prison. » Malgré ces menaces, la traque se poursuit, dans la taïga, et c’est palpitant. Voilà un roman dont le cinéma devrait s’emparer.
Commandant politique de l’opération, Louskass se montre capricieux, méfiant et surtout très douillet. L’alcool, les difficultés qui s’accumulent révèlent le vrai caractère de chacun. Vassine, cinquième homme de l’expédition, n’aime pas ces souvenirs de guerre enjolivés, racontés auprès du feu : « Je n’aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires. La nouvelle génération écoute, puis se met à rêver de sa propre guerre… »
Sans nuire au suspense de la lecture, il faut dire que la traque, débutée au début août, affronte les premières gelées et l’arrivée inexorable du froid. Gartsev avouait : « Je voulais juste revenir dans ma vie d’autrefois, ma vie de pantin… Le sommeil prolongea ce que j’étais en train de vivre : le sentiment d’exister loin de ce corps qui s’accrochait à sa survie, loin de son passé, du monde des autres où je n’avais plus de rôle à jouer. »
Ce livre magnifique détaille tout le mécanisme odieux mis au point pour fabriquer des « ennemis du peuple » jusqu’à ce que se présente L’archipel d’une autre vie mais ça, seule la lecture de ce roman passionnant et palpitant peut expliquer ce titre !
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Chef d’œuvre ! En poursuivant un fugitif dans la taïga russe extrême-orientale, dans une traque aux conditions hostiles, cinq soldats vont révéler tous les côtés humains et inhumains propres à l’Homme. Face à la nature profonde des individus, A. Makine, comme un sculpteur taille une pierre brute pour en faire un diamant poli, va travailler à la création d’une œuvre pétrie de force, de beauté et d’amour rendant hommage à la foi en l’Humain et dénoncer 'les haines inusables, les violences devenues art de vivre, le mensonge, l’obscénité des guerres'. C’est une prise de conscience du refus d’être résigné et de bien faire la différence entre vivre et exister, de savoir qu’une autre vie est toujours possible. Imprégnés dans une nature sauvage, nous découvrons la résistance des corps qui peuvent survivre avec peu. Le roman est haletant, fourmillant de rebondissements inattendus et magnifiquement bien écrit. C’est un coup de cœur absolu !
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