80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
Basile est de ceux qui n'abdiquent pas. Philosophe, il s'interroge sans désemparer sur le Sens, dans un monde qui en paraît dépourvu. Même si ses tentatives de mener à bien sa somme sur l'éclipse de la pensée se soldent par de stériles ruminations, même si sa femme, avec qui il avait partagé les utopies des années soixante-dix, l'a quitté, et si ses séances hebdomadaires avec son psychiatre débouchent sur une impasse, il veut croire encore, dans un sublime désarroi, que la philosophie peut sauver le monde.
Le surgissement de l'amour sous la forme d'un éblouissement érotique pour Shadi, moderne Mélisande rencontrée dans la touffeur de la grande serre du Jardin des Plantes, vient à point nommé réenchanter sa vie. Shadi est iranienne, son père a été exécuté lors de la révolution des mollahs, et pour ces deux êtres que rapproche l'héritage de pères problématiques - Basile se souvient de ses visites au sien à la prison de Tulle, après la guerre d'Algérie -, l'extase se matérialise dans la fusion des corps.
La musique, la poésie, les errances urbaines dans un Paris fantasmagorique, l'exploration de la magie du corps féminin, sont autant de jalons d'une flamboyante dérive amoureuse et philosophique. Philippe de la Genardière, confrontant la folle logique des hommes et celle de son héros exalté, brouille au fil d'un récit somptueux les repères de la raison. Au terme de ce roman total, il n'est pas certain que l'individu sorte vainqueur de la société post-moderne et mondialisée... Mais l'écrivain donne ici la preuve éclatante que la littérature, elle, le peut.
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