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Toma, chercheur en génétique tchèque d'une quarantaine d'années, peine à se remettre de son divorce. Il se rend à contrecoeur à un colloque à Bangalore, capitale indienne de la Silicon Valley. D'humeur taciturne et solitaire, il rechigne à se lier avec les autres. Rien ne trouve grâce à ses yeux : les trottoirs sont sales, les couleurs des saris criardes et les tuk-tuks trop bruyants. Mais sa rencontre avec une brillante chercheuse indienne va bousculer les certitudes de cet Européen suffisant. L'Amour au temps du changement climatique est un texte profond et dérangeant qui interroge les racines de la xénophobie du point de vue d'un citoyen du monde. C'est aussi un roman porté par une langue agitée et enivrante pour lequel il a obtenu le prix Magnesia Litera, l'équivalent du Goncourt tchèque.
Josef Pánek est un chercheur en génétique moléculaire tchèque dont le premier roman L’amour au temps du changement climatique fut lauréat du Prix Magnesia Litera en 2019, le plus important prix littéraire de République Tchèque. Il met en scène Tomáš, chercheur lui-aussi, se rendant à un colloque à Bangalore, en Inde.
Avant de s’intéresser au contenu du livre à proprement parler, attardons-nous sur le style de la narration. Le narrateur omniscient semble s’adresse à Tomáš avec un « vous » omniprésent qui déstabilise le lecteur dans les premières pages avant de créer une réelle habitude de lecture qui fait de ce livre une vraie réussite. Les phrases sont parfois très longues, entrecoupées de nombreuses virgules, commençant souvent par « Et » ; de nombreuses répétitions jalonnent le récit. Sur ce point, L’amour au temps du changement climatique représente déjà un réel dépaysement !
Un dépaysement qui est également le lot de Tomáš. Déboussolé, rempli d’idées reçues sur l’Inde et ses habitants, il est déstabilisé par ce qu’il voit :
Il y a des feux qui brûlent à même le goudron, des tas de pneus usagés qui servent d’habitation, des bouts de viande sanguinolente, des vaches dans les rues, des moutons égorgés mais toujours attachés par le cou, un ruisseau bordé d’une palissade de 5 m de hauteur avec une corniche rempli de détritus, d’eaux usées, de saloperies (…). Et ainsi de suite, des pneus qui brûlent, des feux de déchets qui couvent, des feux à même le goudron et partout, au milieu, il y a des gens, des femmes en saris bariolés, leurs bicoques sont faites avec des guenilles, des bouts de tôle et des vieux pneus, couvertes de couleurs diverses et passées, et vous qui avez parcouru le monde entier, qui avez vécu 3 ans à Bergen, en Norvège, et 7 ans à Brisbane, dans le Queensland, en Australie, et qui n’avez jamais fait la moindre photo, voilà que votre téléphone en est plein, et, quand vous les prenez en photo, ils vous adressent de larges, de radieux sourires, sont attentifs et se laissent faire pour ensuite vous prendre des mains votre téléphone, tendrement, et vous sourire et disparaître avec et puis vous le ramener, et vous, vous avez peur de le toucher parce que vous avez peur de leur dysenterie, de leur peste, de leur typhus, de leur hépatite et de leur SIDA.
Tomáš essaie de prendre ses repères dans son hôtel, dans les quartiers environnants ; ses préjugés vont néanmoins être remis en question grâce à la rencontre avec une jeune doctorante indienne, très belle, mais il hésite entre attirance et appréhension en raison de sa couleur de peau… Si l’essentiel du roman traite de l’Inde au présent, une partie importante est également consacrée à un voyage en Islande que Tomáš avait réalisé dans sa jeunesse après la Chute du mur. Les deux parties ont en commun le fait de montrer le rapport à l’autre dans un pays où l’on est étranger.
Et de toute façon, elle vous dit pour conclure, comme tu n’es pas indien, tu ne peux pas comprendre ce que je suis en train de te dire.
Ce roman est riche car il aborde de nombreux thèmes : les problèmes de communication ; le racisme bien sûr, mais plus généralement l’intolérance, la différence, l’attitude vis-à-vis des gens qui arrivent d’un pays et d’une culture différents. Chacun porte l’étiquette de sa nationalité et fait l’objet de préjugés. Une intolérance qui s’exerce également à l’intérieur d’un même pays, d’une même famille. Josef Pánek montre l’absurdité du racisme dans un monde où les populations sont en mouvement.
Enfin, ce roman illustre le talent de conteur de l’auteur, que ce soit avec le choix narratif adopté, ou encore dans la partie consacrée à l’Islande qui est passionnante à lire.
Une très belle découverte que je vous conseille de lire à votre tour
https://etsionbouquinait.com/2024/02/08/josef-panek-lamour-au-temps-du-changement-climatique/
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