"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Coupable et désiré, symbole de luxe ou de lucre, de raffinement culturel ou de barbarie, l'or a profondément marqué l'imaginaire du XVIe siècle.
Motif littéraire tout autant que réalité économique, il faufile les vers de Ronsard, illumine les visions apocalyptiques de d'Aubigné, projette de sombres éclats sur l'intrigue du Merchant of Venice de Shakespeare. Blonde résille de l'or courtois, feu dévorant de l'avarice et de la damnation, vecteur d'un jeu social faussé, il dit l'angoisse et l'enthousiasme d'une époque où la floraison des arts et du commerce coïncide avec des conflits sanglants, l'apparition de l'inflation et le développement de l'usure, sur laquelle se cristallisent interdits religieux et haines raciales.
La Renaissance est aussi l'époque des premiers ghettos juifs, tandis que la corne d'abondance du Nouveau Continent déverse sur un vieux continent déchiré par les guerres de religion l'or du génocide des Amérindiens. L'or modalise l'ensemble des rapports au sein de la cité, se fait second langage, repris, vitupéré, imité par la langue, matière et aliment du rêve et de la création, motif et aliment des violences qui agitent ce siècle, aux fondements de la modernité.
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