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Thya est la fille de Gnaeus Sertor, général romain et héros de l'Empire. Mais Thya est aussi une Oracle, peut-être la dernière élue capable de démêler les fils de l'avenir. Elle est donc contrainte de se cacher en Gaule, au fin fond de la forêt d'Aquitania car, à Rome, comme partout ailleurs dans l'Empire, les chrétiens règnent en maîtres et font impitoyablement la chasse aux adorateurs des dieux anciens. Mais lorsque son père est laissé pour mort par des Pictes, Thya n'a plus d'autre solution que de fuir vers le nord pour suivre une étrange vision dans laquelle son père est toujours en vie.
Contrairement à certains lecteurs, qui semblent se lancer dans une véritable vendetta contre leur pile à lire grandissante, je ne suis ni angoissée ni agacée en prenant conscience que celle-ci compte plus de cinq cent livres … Alors bien sûr, je donnerai n’importe quoi pour avoir des journées à minimum 48 heures, afin de pouvoir découvrir toutes ces petites pépites encore inexplorées, mais mon objectif n’est clairement pas de la réduire à néant. Car il n’y a à mes yeux rien de plus extraordinaire que d’avoir une réserve presque sans fin d’histoires à découvrir pour la toute première fois : ma pile à lire, c’est mon trésor. Car autant, quand je choisis de relire un livre, je sais à quoi m’attendre, autant il y a toujours ce petit frisson d’incertitude au moment d’entamer un livre inconnu. A cet instant-là, tout est possible : je n’ai absolument aucune idée de ce que je m’apprête à vivre, dans quel univers, aux côtés de quels personnages … Et lorsque le livre a été acheté il y a plusieurs années, je ne me souviens même pas de la quatrième de couverture, et je m’interdis de la lire, histoire de plonger dans l’histoire sans le moindre a priori ni la moindre attente ! J’aime me laisser surprendre …
Gaule. Cinquième siècle après Jésus-Christ. L’Empire Roman se christianisme, doucement mais surement, et les fidèles des religions païennes se voient contraints de renier leurs divinités et leurs croyances pour ne pas subir les foudres de l’Eglise. Et tout au fond des bois, les faunes, les sylvains et les naïades se terrent, traqués, esseulés. Les présumés sorcières et devins sont brûlés sans autre forme de procès. Aussi, quand il découvre que sa fille, Thya, est oracle, le général Gnaeus Sertor n’hésite pas à quitter Rome pour la mettre en sécurité dans une villa éloignée en Aquitania, prétextant qu’elle était de frêle constitution et que l’air frais de la campagne lui ferait du bien. Année après année, la jeune fille apprend à maitriser son don, à apprivoiser ses visions … Mais voilà que son père revient de la chasse, grièvement blessé mais s’accrochant désespérément à la vie. Alors, l’adolescente n’hésite pas à s’enfuir pour rejoindre le lieu qu’elle ne cesse de voir en songes : Brog, la forteresse où son père a vaincu les Vandales. Pourchassée par son frère, avide de pouvoir et de gloire, aidée par un ancien soldat de son père et un séduisant maquilleur, Thya est loin de se douter de ce qui l’attend au bout du chemin …
Je ne savais pas à quoi m’attendre … mais clairement, je ne m’attendais pas à une telle pépite ! Il ne m’a fallu que quelques pages pour comprendre que ce livre allait être un fabuleux coup de cœur : tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire. Une jeune héroïne à la fois très sensible et très déterminée, loin des clichés de la princesse en détresse ou de la révoltée badasse. Un univers oscillant entre réalisme historique et fantasy délicate, où les divinités antiques interviennent discrètement dans le quotidien des hommes. Une intrigue toute en finesse, où il n’y a pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants, mais où la quête est avant tout initiatique. Le tout porté par une plume admirablement soignée, pleine de délicatesse, de liés et de déliés, mais pourtant parfaitement accessible : c’est beau, tout simplement. C’est un de ces romans où la simplicité n’a d’égale que la richesse : derrière une histoire en apparence fort classique se cache un récit d’une profondeur incroyable, avec tout juste ce qu’il faut d’action, d’émotion et mystère pour tenir le lecteur en haleine sans jamais lui couper le souffle. L’équilibre est trouvé sur tous les aspects, et c’est ce qui rend ce roman aussi agréable à parcourir.
Je le disais, quelques pages m’ont suffi pour être convaincue par ce livre : il faut dire que l’autrice a choisi de ne pas laisser s’éterniser la situation initiale et de lancer le plus rapidement possible l’action. Et c’est un très bon choix : nous rencontrons la jeune Thya alors qu’elle fait face à la plus grande tragédie de sa vie, voir son père entre la vie et la mort. On ne peut qu’avoir la gorge nouée pour cette pauvre enfant, qui a toujours vécu isolée du monde pour sa propre protection, qui se retrouve soudainement livrée à elle-même. Poussée par la certitude que là-bas, dans les montagnes du nord, elle retrouvera son père bien vivant. Comment pourrait-elle en douter : ses visions ne se sont-elles pas toujours réalisées jusqu’à présent ? A travers ce roman, c’est donc la question de la destinée qui s’impose : les choses sont-elles déjà prévues de longue date ou bien le futur est-il en perpétuel changement ? N’est-ce pas en tentant d’éviter l’inéluctable que nous finissons par le faire se réaliser ? Sommes-nous réellement maitre de notre existence, ou bien ne sommes-nous que les jouets impuissants d’une force qui nous dépasse ? Dans sa fuite, dans sa quête, c’est à toutes ces interrogations que Thya va être confrontée, au fil des découvertes et des révélations qui remettent en question tout ce qu’elle tenait pour acquis jusqu’alors …
Mais dans sa quête, notre douce et courageuse Thya n’est pas seule. Elle est accompagnée par un ancien légionnaire dévoué à son père, qui cache bien enfoui au fond de lui une vieille blessure, de vieux remords. Mettius est un personnage discret, mais profondément attachant : on le sent, il s’en veut terriblement, il a besoin de se racheter. De se pardonner à lui-même. Il a un sens du devoir profond, mais aussi un grand cœur. Mais il y a aussi, et surtout, Enoch. Je dois bien le reconnaitre, au début, ce bellâtre séducteur et insouciant m’énervait au plus haut point, et cela d’autant plus qu’on n’était pas certain de pouvoir lui faire confiance, et qu’on avait terriblement peur qu’il ne mette en danger notre petite héroïne innocente. Je dois bien avouer aussi que leur rapprochement m’a quelque peu fait grincer des dents dans les premiers temps : mais pourquoi diable ne peut-on pas trouver un seul roman sans amourette, c’est quand même terriblement affligeant de banalité !? Mais mon côté fleur bleue a vite ressurgi : ils sont mignons, tous les deux, finalement. Et cela d’autant plus qu’Enoch est bien moins superficiel qu’on ne peut le songer au premier abord, et on s’attache aussi grandement à ce jeune homme en quête de repère, en quête de son passé, de son identité … Car c’est aussi une thématique récurrente, ici !
En bref, vous l’aurez bien compris, je suis vraiment tombée sous le charme de cette petite merveille ! Avec ce premier tome, l’autrice explore un contexte historique généralement délaissé de la fantasy : la fin de l’Antiquité et le début du Moyen-Age, cette transition à la fois douce et brutale marqué par un changement profond des croyances, ce qui offre un support idéal à cette petite touche discrète de merveilleux. Avec ce premier tome, elle nous invite finalement à faire connaissance avec la jeune Thya et le jeune Enoch, qui avant de devenir les véritables héros de la saga doivent d’abord apprendre à se connaitre eux-mêmes en explorant leur passé. Avec ce premier tome enfin, elle nous fait rêver les yeux grands ouverts, elle nous fait vivre une aventure follement palpitante sans bouger de notre fauteuil. C’est un de ces livres tellement bien écrits qu’ils parviennent à nous faire oublier le monde réel et tout ce qu’il comporte de malheurs, qu’ils réussissent l’incroyable pari de nous transporter corps et âme au cœur de l’histoire jusqu’à ce qu’on ait le sentiment de vivre l’aventure au lieu de la lire. Une vraie réussite, donc, qui donne envie de se ruer sur la suite sans plus attendre !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/01/la-voie-des-oracles-tome-1-thya-estelle.html
J’ai tout de suite été séduite par l’idée d’une série fantasy historique se déroulant à cette époque, que l’on retrouve rarement dans les romans ados. Séduite également par l’idée que la fantasy soit amenée par la mythologie et ses créatures antiques telles que les faunes, les Nodens, les ondines, etc. Bref, très impatiente de me lancer dans cette lecture… et aucunement déçue en le refermant ! Les personnages sont intéressants, attachants. Notamment Enoch, jeune homme qu’elle va rapidement croiser sur sa route. Je trouve que c’est un des personnages les plus intéressants ! Il apparaît dans un premier temps très superficiel mais on découvre petit à petit d’autres aspects de sa personnalité. Parfois agaçant, parfois attendrissant, il nous semble corruptible puis on est tenté de lui faire confiance… Un super personnage secondaire ! L’intrigue n’est pas particulièrement dynamique mais on est malgré tout happé par l’histoire et les rebondissements. Le fil se déroule tranquillement, mine de rien… et on arrive déjà à la fin du premier tome ! Les éléments de fantasy sont distillés dans l’histoire avec parcimonie et beaucoup de justesse. J'ai hâte de me laisser dans le deuxième tome qui m'attend déjà !
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