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Dans son évangile, Jean témoigne de ce qu'il a vu et entendu. Il a vu la venue de la vérité, il en a entendu la parole. Il écrit pour garder et annoncer la nouvelle de cette venue, il écrit pour que la parole « reste ». La langue grecque, la langue maternelle de la philosophie, accueille ainsi en elle un témoignage absolument déconcertant. La vérité a paru en personne, dans la première personne du singulier, et des hommes l'ont vue, entendue, ils pouvaient la toucher, lui adresser la parole. Dans le récit de Jean, il n'y a que des témoins : lui-même, Jean, l'autre Jean, celui qui baptise dans l'eau, la vérité qui témoigne pour elle-même et pour celui qui l'a envoyée, lui, le Père, qui témoigne pour elle, et l'Esprit, dont elle-même annonce la venue et qui témoignera pour elle. Tous les témoins témoignent les uns pour les autres, seule la vérité témoigne pour elle-même. Ils témoignent dans ce que Jean appelle le monde, à la fois contre lui, qui est un règne, et pour lui, pour le « sauver ». Dans le monde, la vérité accomplit l'expérience du non qui lui est opposé. Le chemin de son paraître est le chemin de son service et de son sacrifice, jusqu'à l'heure de la mort, qui est l'heure de la manifestation, qui est l'heure de l'esprit. Pour une philosophie qui en reçoit comme tout homme le témoignage et à sa façon s'arrête devant lui, Jean, dans son évangile, a écrit une phénoménologie de l'esprit.
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