Jean-Jacques Pauvert nous conte comment il devint éditeur, au travers de fortunes multiples, pour se retrouver à la fin des années soixante patron d'une importante maison d'édition, puis d'une deuxième, puis d'une librairie qui vend par correspondance dans le monde entier. Cette initiation traverse des périodes mouvementées et contrastées dont il nous fait une description insolite, où le livre et la France passent, comme il le dit, « du XIXe siècle au XXIe », en quelque deux décennies. Roman d'aventures vécues, La Traversée du livre est aussi l'histoire d'une époque jusqu'à l'explosion de mai 68.
Quoi de plus séduisant lorsqu'on aime lire que de découvrir la vie d'un éditeur, ses choix ? Je me suis, en effet souvent demandé ce qui précédait la sortie d'un ouvrage, ce qui faisait que tel titre plutôt que tel autre se trouvait dans la vitrine d'un libraire. Je suis relativement déçue et ne garde pas de cet ouvrage une impression particulièrement positive.
Je sais que Jean-Jacques PAUVERT est un grand éditeur, je sais que c'est un "personnage", je sais qu'il a eu l'occasion de côtoyer des personnalités prestigieuses. J'en attendais donc beaucoup. Et je suis restée sur ma faim... Je n'ai pas rencontré ce plaisir que je ressens en général à la lecture d'une biographie. Plus que des mémoires, j'ai discerné dans ce livre un côté historique écrit par un auteur qui n'est pas historien.
Je ne minimise pas, soyons clairs, le talent de l'éditeur. C'est celui de l'écrivain qui ne m'apparaît pas convaincant. Certes, j'ai apprécié le début, et surtout le premier chapitre qui relate sa rencontre avec Gaston GALLIMARD, moment clé de sa vie. J'ai aimé aussi le récit de son enfance, de sa jeunesse. Je ne peux rester insensible à la vie de ce si jeune garçon déjà attiré par des livres, que l'on pourrait qualifier de confidentiels, par cette attitude déjà hors normes qui le guide vers des sentiers peu communs.
Mais, dans l'ensemble, la lecture de ces mémoires ne m'a pas enthousiasmée. L'écriture est banale et sans grand intérêt. Jean-Jacques PAUVERT relate des faits mais n' y met aucune d'âme (exemple : p. 440 "Disparition d'Albertine", il s'agit quand même là du décès d'Albertine Sarrazin, décrit avec une froideur étonnante, des faits, rien que des faits sans une once d'émotion). Est-ce de sa part un parti pris ou la traduction d'une personnalité pudique et secrète ?
Je n'ai pas apprécié non plus les critiques formulées sur le monde de l'édition. Je veux bien croire qu'elles soient justifiées, mais j'ai toujours énormément de mal à supporter le manque d'esprit corporatiste. Je ne crois pas qu'il s'agisse là d'hypocrisie mais de respect pour le monde dans lequel et duquel on vit . Il y a une grande différence ente dire tout ce que l'on pense et penser ce que l'on dit.
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