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«[...] je n'ai point encore dit l'immense plaisir que Gertrude avait pris à ce concert de Neuchâtel. On y jouait précisément La symphonie pastorale. Je dis précisément car il n'est, on le comprend aisément, pas une oeuvre que j'eusse pu davantage souhaiter de lui faire entendre. Longtemps après que nous eûmes quitté la salle de concert, Gertrude resta encore silencieuse et comme noyée dans l'extase.- Est-ce que vraiment ce que vous voyez est aussi beau que cela ? dit-elle enfin. [...]- Ceux qui ont des yeux, dis-je enfin, ne connaissent pas leur bonheur.- Mais moi qui n'en ai point, s'écria-t-elle aussitôt, je connais le bonheur d'entendre.»
De l’ombre à la lumière, Gide nous livre une belle analyse psychologique sur la vue de l’âme, la vision humaine, et le regard de l’un, de l’autre et des autres, tout en questionnant la conscience religieuse… L’éducation, les sentiments contrariés et les amours tourmentés, sont des sujets littéraires jamais démodés. J’ai eu grand plaisir à lire cette symphonie à la grâce narrative sous forme d’un journal en 2 cahiers et à la grammaire remarquable …
Extrait intéressant sur le style de Gide par Balout Âzâdeh dans la Revue de Téhéran en avril 2009 :
De nombreux critiques ont essayé de définir ce qui rendait le style de Gide si particulier. L’ "atticisme", c’est-à-dire une délicatesse, une finesse du style caractérisées par la pureté et la concision, est un mot dont se servait Gide lui-même pour définir le style qu’il choisissait pour ses récits. Cette manière de s’exprimer donne au lecteur une impression contrastée et contradictoire de légèreté et de densité. Ce résultat est obtenu par l’utilisation de formes légèrement archaïsantes : Gide respecte la concordance des temps, ce qui l’amène à un emploi fréquent de l’imparfait et du plus-que-parfait du subjonctif : "Il semblait qu’elle eût réfléchit pendant la nuit".
De même, il s’attache à utiliser le conditionnel passé, ce que l’on évite systématiquement dans la langue ordinaire : "Une chaumière qu’on eût pu croire inhabitée" [3], "combien cet accueil était loin de celui que j’eusse pu souhaiter".
Dans certains cas, on peut discerner des procédés qui rapprochent le texte d’une forme poétique par l’utilisation d’un rythme discret qui rend la phrase magique : "Et je tenais pour parfaitement inutile, au surplus, qu’elle en fût elle-même avertie".
Cette phrase apparemment banale est constituée de deux alexandrins dont le deuxième respecte la règle de la césure. Selon Philippe Perdrizet, "L’écriture de Gide se caractérise également par la frugalité des notations concernant les détails matériels : ce qui importe c’est seulement l’idée et on retrouve dans son écriture sa volonté de s’éloigner du système d’écriture réaliste. Les descriptions qui nous sont proposées restent donc tout à fait sommaires. Par exemple, à propos de Gertrude, on comprend qu’elle a les cheveux blonds, c’est le seul détail dont nous avons pour imaginer l’héroïne".
Enfin, Gide utilise rarement comparaisons et métaphores, mais elles en dégagent toujours une certaine force : "Ma femme est un jardin de vertus". Il faut aussi signaler parmi ces particularités d’écriture l’allure de la phrase qui est recherchée et resserrée. Il est possible en effet d’isoler certaines phrases qui offrent une étendue de sens considérable par la densité des mots et leur valeur qui s’additionnent dans un ensemble significatif :
"Tant de recommandations, d’admonestations, de réprimandes perdent tout leur tranchant, à l’égal des galets des plages".
Le sens de ces quelques mots est redoublé par les sonorités, les rythmes qui évoquent quelques phrases musicales. On peut dire que Gide s’attache à la musique et il applique les règles musicales à l’écriture :
"Dès l’enfance, combien de fois sommes-nous empêchés de faire ceci ou cela que nous voudrions faire, simplement parce que nous entendons répéter autour de nous : il ne pourra pas le faire…"
Une autre caractéristique de l’écriture de Gide est son amour du mot exact et de sa sonorité propre. Sa prédilection pour les termes surannés tels que "Je m’offusquai" , "point de conteste" , "encore que" , si requis d’ordinaire" , "le cœur me faut" (forme maintenant inusitée du verbe faillir) inscrivent l’ensemble du texte dans une tradition classique. L’utilisation de formes familières comme "refroidir" ou "blouser" participe paradoxalement à ce jeu subtil sur le langage.
http://www.teheran.ir/spip.php?article929#gsc.tab=0
J'ai trouvé la fin de cette histoire trop précipitée, c'est dommage. Ce qu'est devenu le pasteur m'intéressait, d'autant que je déplore le dénouement de cette histoire, comment n'a-t-il pas su gérer ce qui arrivait, ce rapprochement inévitable ? Et sa malheureuse épouse qui a dû subir la présence de cette jeune fille si innocente !
Mais c'est un beau livre, peut-être désuet, plus par le thème que par l'écriture, que je trouve très belle et nullement tortueuse, très limpide et poétique.
Un livre qui amène à se poser plusieurs questions, notamment comment aider son prochain sans en pâtir, sans s'exposer et y laisser quelques plumes ?
Beaucoup d'émotions !
Ce livre tient sont titre de la "Symphonie Eponyme" de Ludwig Van Bethoveen, dans le début du livre le pasteur emmène Gertrude écouter cette symphonie.
Un livre sur le conflit des sentiments et des émotions, paradoxalement la cécité était un cocon protecteur pour Gertrude, aveugle Gertrude n'avait accès qu'au bon coté des choses qu'on lui présentait, voyante elle se retrouve confronté à la "laideur" à laquelle elle n'était pas préparée. Je l'ai lu il y a longtemps au lycée je crois, mais j'en garde un souvenir d'une lecture quelque peu passionnée, peut être amplifiée par l'adolescence.
très tendre et émotif...
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