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Une dictature militaire vue à travers les yeux d'un enfant qui cherche à comprendre les événements dont il est témoin : un album extrêmement subtil et fort.
Ouvrage sélectionné par le ministère de l'Éducation nationale Alors que les enfants du quartier jouent au football dans la rue, le père de Daniel, un ami de Pedro, est arrêté sous leurs yeux parce qu'il est contre la dictature. Un peu plus tard, un militaire vient dans l'école de Pedro, et demande aux élèves de décrire ce qui se passe le soir chez eux, les discussions, les visites... Que va raconter Pedro, dont les parents luttent eux aussi contre le pouvoir des militaires ?
Toute l'intelligence de cet album, c'est d'adopter d'un bout à l'autre le point de vue d'un jeune garçon qui, en posant des questions, mais surtout en observant et en interprétant les non-dits, esaie de décrypter la réalité qui l'entoure. Pour autant, le lecteur ignore ce que Pedro sait exactement au moment où il se met à écrire sa rédaction. D'où l'incroyable suspense qui sous-tend la seconde partie de l'album, jusqu'à la dernière page... où l'on apprend qu'il faut décidément faire confiance aux enfants.
« La rédaction » de Antonio Skärmeta, illustré par Alfonso Ruano est incontestablement le plus poignant album jeunesse qui existe dans le monde de la littérature. Ce livre a reçu le « Prix du livre jeunesse sur la tolérance » décerné par L’UNESCO en 2002 et ce dernier est sélectionné par le Ministère de l’Education Nationale. Réaliste, puissant, ce récit délivre par des mots les maux du Chili en prise avec la dictature. Fluide, le style contemporain calque l’horreur en filigrane dans chaque lettre de cet album hors du commun. Pedro, héro hyperbolique de ces pages mémorielles comprend d’emblée la gravité des verbes parler et contrer. Le silence est une force face à la dictature. Les militaires viennent un certain jour dans la salle de classe de Pedro afin de demander aux enfants de faire une rédaction sur le déroulement des soirées avec leurs parents. Pedro comprend. Sa rédaction sera des plus conventionnelles. Cacher aux militaires la vérité pour éviter de voir ses parents devenir les prisonniers de la gente militaire ,puis torturés ou assassinés. Les illustrations explicites, expressives, renforcent les lignes de l’auteur chilien. Ces dernières sont empreintes d’une telle force authentique que le récit frappe de plein fouet le lecteur. Nombreux, en plein champ, en arrière- plan les signes de la dictature sont percutants. Incontournable, majeur, primé maintes fois cet album signe d’une plume de maître la plus belle rédaction qui soit allouée en hymne libertaire. « Bon, dit son papa il va falloir acheter un jeu d’échecs, on ne sait jamais. »On ferme le livre avec l’envie furieuse d’apprendre à jouer aux échecs, tant le symbole qui s’y trouve emporte la palme vers la douceur des plus belles libertés qui soient au monde. Cet album, tragique par les faits, renforce aussi l’idée juste, que les enfants grandissent très vite dans un monde en folie.
Voici l’album à lire dans sa vie au moins une fois.
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