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Tout est dans la concentration.
Tout est dans la patience, le calme, la maîtrise du souffle. les bons jours, un seul tir parfaitement réussi suffit à lui donner la joie du travail accompli. alors, le narrateur redescend de ce toit d'immeuble oú il s'était embusqué pour tuer - dans cette ville livrée à la guerre civile -, et il rentre chez lui, retrouver sa mère à demi folle. puis survient myrna, une jeune fille de quinze ans embauchée pour prendre soin de la mère malade.
Myrna dont la naissante féminité devient pour lui un objet de fascination, un rêve d'amour - l'autre chemin vers la perfection ? mathias enard décrit avec une saisissante empathie la psyché de son héros, complexe et perturbée. le réalisme et la paradoxale poésie de sa langue reflètent la cruauté d'un monde abandonné au mal, sans autre bonheur que l'excellence dans l'art d'imposer inexorablement la loi de la force.
Dans une guerre civile du siècle passé qui ne dit pas son nom – ça pourrait être le Liban, les Balkans,... – le narrateur, un jeune homme tout juste sorti de l'adolescence, est sniper. Et il adore ça. A force de concentration, de maîtrise, de patience, il est devenu le meilleur, et il ne s'en contente pas. Sans cesse il recherche le tir parfait et le dépassement de soi en visant des cibles toujours plus difficiles à atteindre. Militaire ou civil, homme, femme, enfant, vieillard, peu lui importe, tant que son tir est une oeuvre d'art. Froid, cruel, amoral, il n'éprouve guère d'autres sentiments que l'amour du travail bien fait.
Une faille pourtant, dans sa carapace de machine meurtrière de précision : Myrna, une jeune fille de 15 ans qu'il a engagée pour s'occuper de sa mère malade. Belle, douce, séduisante, elle l'obsède. Comme un guerrier, un prédateur, il veut la conquérir. Mais comment faire quand on est fasciné par la mort et qu'on est incapable d'exprimer son "amour" autrement que par la violence et avec la brutalité d'une arme contre la tempe ?
"La perfection du tir" est une plongée dans le psychisme d'un tireur d'élite dont tous les repères moraux (à supposer qu'il en ait jamais été doté) se sont effacés dans la sauvagerie de la guerre, et qui se retrouve totalement déstabilisé lorsque la loi du plus fort est mise à mal par celle de l'amour. Mais dans la folie des combats, y aura-t-il un vainqueur ?
Une prose de précision, maîtrisée comme un tir de sniper, calme, tendue, efficace, pour un roman dérangeant et complexe où se mêlent et alternent amour et mort, empathie et répulsion, victimes et coupables. Et où, malgré la noirceur et le gâchis, surgit in extremis une petite lueur d'espoir.
La guerre permanente, chaque jour le soldat sort sur les toits ou en campagne et tire. C'est son travail. Il est un as. Un tireur d'élite. Enard ne mentionne pas les pays en guerre. On peut les deviner seulement. Il tombe amoureux d'une toute jeune fille qui vient s'occuper de sa vieille mère qui a perdu la raison. Mais lui, sait il aimer, ou ne le sait il plus. Tuer est son travail quotidien. Il aime son fusil qui devient part de lui-même. Il devient fou. Il est fou. La guerre... Ces putains de guerres qui rendent fous et on ne sait plus pourquoi... On ne sait pas pourquoi. Un chef d'oeuvre. Un autre chef d'oeuvre écrit par Mathias Enard.
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