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En 1934, le jeune Witold Gombrowicz commence à rédiger des critiques littéraires pour plusieurs journaux polonais. Ainsi que le révèlent les textes réunis dans ce volume, dont un tiers sont inédits en français, écrire au sujet de tel romancier, désigné comme ami ou comme ennemi, ou afin de protester contre le traitement qu'on lui inflige, c'est souvent pour l'auteur de Ferdydurke l'occasion de débusquer les faux-semblants, de dénoncer les hypocrisies d'une époque riche en controverses. Gombrovicz se livre dans ces pages, en creux, à une sorte d'autoportrait coloré, à la fois profus et précis dans la réflexion, jamais à court de formules pertinentes, provocantes ; le ton est acerbe, tout d'ironie généreuse. Dans plusieurs brefs récits inclus dans le présent volume - autre facette de son écriture -, l'écrivain pose un regard plein d'humour et de perspicacité sur quelques paysages de son pays, ainsi que sur celui de l'Italie fasciste.
Comment être polonais ? Telle est la question politique et existentielle que n'a cessé de poser Gombrovicz, tout le long des années 1930. En juillet 1939, il prend le bateau pour l'Argentine ; peu après, la Pologne est envahie, puis annexée par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique. Cet écrivain qui vivait déjà une forme d'exil intérieur, en son pays d'origine, se voit définitivement privé de sa terre natale. Suivent de longues années de pauvreté à Buenos Aires. Malgré la censure - seul l'Instytut Literacki, en France, qui publie l'influente revue émigrée Kultura, est à même d'éditer ses oeuvres en langue polonaise -, Gombrowicz continue d'exprimer son refus de tout nationalisme et le goût d'une littérature libre de toutes règles :
« Je veux seulement servir ma vérité intérieure », déclare-t-il en 1954 à Glos Polski, journal de la communauté polonaise en Argentine.
Dans les années 1960, Gombrowicz est désormais publié dans plusieurs pays, mais, comme le révèlent les entretiens inclus dans ce volume, il trouve encore de nombreuses occasions, avant sa mort prématurée en 1969, de défendre son point de vue singulier, d'un égotisme audacieux et lucide, à l'écart de l'idéologie et des contraintes de la société.
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