"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Rospo et ses amis, dans La Nébuleuse (on parle aujourd'hui de « nébuleuses terroristes ») forment une bande de losers : ces pilleurs, ces violeurs, ces voleurs, ces profanateurs, à l'instant où la nausée est à son comble, que le lecteur, c'est-à-dire le spectateur commence à parfaitement les haïr, voilà que Pasolini, par leurs rires, par leur naïveté, par leur douleur aussi, par leur abandon surtout, parvient in extremis à nous rappeler ce qu'ils sont : des enfants. Et il nous dit ceci, que l'enfance est une longue nuit, que l'enfance, que l'adolescence ne sont pas la vie, mais son hideux brouillon, son nauséeux laboratoire, et que seuls ceux qui n'en ont eues aucune sont en mesure de pouvoir les regretter.
Mais autre chose fait monter les larmes aux yeux, quand se déroulent les scènes de ce film écrit à la hâte par un génie qui le laissa réaliser, à l'époque par un tâcheron (sous le titre Milano Nera, en 1963) : c'est que ces jeunes paumés, ces déclassés, ces révoltés, gavés à la pulsion de mort, à l'attrait du glauque, à la haine de soi et de tout ce qui respire ici-bas, ce sont les mêmes qui, un soir, sur une plage, ont combiné l'affreux assassinat de Pasolini, quatorze ans plus tard. Ici, Pasolini ne dit pas seulement la mort ; il raconte la sienne." Yann Moix.
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