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Deux mois seulement après son retour du bagne de Nouvelle-Calédonie, Louise Michel est prise de la passion d'écrire une première fiction.
Elle a tant à dire, elle a besoin de place et son imagination fertile s'accommode aisément du genre le plus populaire qui soit, le roman feuilleton, très en vogue dans les années 1880. Ainsi germe La Misère, roman-fleuve, dont la gestation est rendue difficile par sa mésentente avec son coauteur Marguerite Tinayre (alias Jean Guêtré) qui châtre le manuscrit avant de le confier à l'éditeur Fayard. Mais la force du dévoilement balaie ces frictions et le succès du roman (il aura 40 000 abonnés) doit tout à sa peinture plus vraie que nature, à son écriture hyperréaliste.
Si La Misère n'ouvre pas des chemins bordés de roses, c'est que la Commune et le bagne ont détourné le sentimentalisme mystique de la première Louise Michel, au profit d'une parole qui fouille au scalpel une société moribonde et vitriole les mécanismes du vieux monde qui attend sa régénération.
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