"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans « La machination de Berlin », Monique Dollin du Fresnel réutilise la formule qui m'avait enchanté dans « Le dernier joyau des Romanov », en proposant de nouveau une petite histoire dans la grande.
Camille Mouriez, la généalogiste bordelaise, à qui une famille a demandé de retrouver Pierre Castel, un parent disparu depuis de nombreuses années, reprend du service pour mener à bien cette mission. Mission qui, comme dans son roman précédent, va plonger le lecteur au cœur d'événements historiques, plus précisément la montée du nazisme et la Deuxième Guerre mondiale.
Le récit alterne entre 1991, année durant laquelle se déroule la recherche généalogique, la période de 1932 à 1945, depuis le début de la montée du nazisme jusqu'à la fin du conflit mondial concrétisée par la prise de Berlin par les Soviétiques, et celle d'après-guerre avec la traque des nazis.
Les passages historiques prennent largement le pas sur les recherches de Camille, la jeune femme restant relativement discrète dans le roman. Le récit est essentiellement centré sur le parcours mouvementé de Pierre Castel qui croise à plusieurs reprises « le plus grand psychopathe de tous les temps », notamment dans le fameux bunker de Berlin où le lecteur est convié à assister à la fin, après douze ans, du « Reich de mille ans » prophétisé par Hitler.
Monique Dollin du Fresnel prouve une fois de plus sa maîtrise du suspense. Elle sait tenir en haleine son public en gardant le mystère sur l'issue finale de la quête de la généalogiste pour ce qui est de la petite histoire, mais également en surfant sur quelques énigmes réelles relatives à celle avec un grand H.
Imaginez-vous dans le bunker d'Hitler alors que Berlin est sur le point de tomber entre les mains des Alliés... C'est ce qu'a vécu notre personnage, Pierre Castel, qui contrairement à ce qu'il laisse voir aux nazis, n'est pas l'un des leurs. Avant cela, il avait déjà rencontré Hitler, de loin. Mais le Führer l'ignore, sinon Pierre ne serait plus là.
Dans une fiction qui s'inscrit des années 30 aux années 90, l'autrice Monique Dollin du Fresnel nous entraîne dans les aventures de ce résistant de la première heure. Avec lui, on verra être érigées les premières lois et perpétuer les premiers actes anti-juifs, dans une Allemagne, qui se relève à peine du drame qu'a été la Première Guerre mondiale. On vivra la résolution du conflit, qui rimera dans certains cas avec cruauté et drames, surtout pour les femmes. Et bien d'autres choses, que je ne vous révèle pas, pour ménager le suspens.
J'ai beaucoup aimé les thèmes évoqués dans ce livre : la vision de la fin de la guerre du côté de Pierre et des intimes d'Hitler, les années 30 à travers les interrogations d'une famille juive, la résistance, ainsi que les peurs et sacrifices qu'elle entraîne. J'ai aussi beaucoup aimé les thèmes abordés dans la suite du livre que je garderais secrets, pour ne pas révéler la suite, une nouvelle fois, mais qui sont d'ordre politique et philosophiques.
L'autrice a su me tenir en haleine: la preuve, j'ai lu le livre en deux jours. On a envie de savoir ce qu'il arrive à Pierre et ses proches ! Le style emprunte à la fois au roman historique et au thriller, oscillant entre événements rééls et folle course-poursuite.
Bémol toutefois : quelques "coïncidences" très romanesques, qui apportent de la symbolique à l'histoire mais qui enlève un peu à sa crédibilité. Heureusement que l'histoire est prenante, ça permet de vite enchaîner, sans trop s'arrêter dessus. Les romantiques en tout cas apprécieront ces choix !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !