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Extrait de Regards sur le monde actuel, La liberté de l'esprit succède à La crise de l'esprit qui constatait la faillite de l'Europe après la grande guerre.
Vingt plus tard, posant un regard lucide sur les mutations qui secouent son époque, Valéry dissèque le monde actuel, relevant, non sans pessimisme, les accrocs de la modernité à la dignité de l'esprit. La critique qu'adresse le poète à la modernité et à ce qui la constitue essentiellement: une modification du rapport au temps, une baisse de la valeur de l'Esprit et un assujettissement de l'homme à l'argent. Les essais ici publiés sont éloquents à cet égard. Pour Valéry, c'est la fin du temps libre, ce temps où l'esprit se consacre à son propre développement par la fréquentation de l'art, de la philosophie, de la littérature.
L’Esprit est un mot / concept essentiel chez Valery … qui va d’ailleurs dans ses cours de « poétique » au Collège de France, récemment publié, développer une théorie mettant, notamment, en lumières les « Œuvres de l’Esprit», visant à expliciter un système général s’appuyant sur des concepts comme valeur, échange, producteur, consommateur, … Concepts dont certains sont dans les textes ici repris par les éditions Maniucius et issus de «Regards sur le monde actuels »
Mais au-delà du « système » valérien c’est bien l’expression de l’essentialité de l’esprit et de sa liberté dans la créativité distinctive de l’humanité.
Quand on apprécie (l’esprit et les pensées de) Valéry, tout texte, même repris et déjà lu, est un petit bonheur … pour l’esprit.
Citations au passage :
« C'est que la création et l'existence organisée de la vie intellectuelle se trouvent dans une relation des plus complexes, mais des plus certaines et des plus étroites avec la vie - tout court - la vie humaine. Personne n'a jamais expliqué à quoi nous rimons, nous hommes, et notre bizarrerie qui est esprit. Cet esprit est en nous une puissance qui nous a engagés dans une aventure extraordinaire, notre espèce s'est éloignée de toutes les conditions initiales et normales de la vie. Nous avons inventé un monde pour notre esprit - et voulons vivre dans ce monde de notre esprit. Il veut vivre dans son œuvre. » p 60
« … Car, où il n'y a pas liberté d'esprit, là, la culture s'étiole. » p 62
Et pour illustrer la puissance de son esprit prédictif (repris de « Notre destin et les lettres ») :
« On peut déjà se demander si une littérature purement orale et auditive ne remplacera pas dans un délai assez bref la littérature écrite ce serait là un retour aux âges les plus primitifs et les conséquences techniques en seraient immenses …
Il y a autre chose. Supposez que la vision à distance se développe (et je vous avoue que je ne le souhaite guère), du coup, toute la partie descriptive des œuvres pour être remplacée par une représentation visuelle : paysages, portraits, ne serait plus du ressort des Lettres, ils échapperaient au moyen du langage. On peut encore aller plus loin : la partie sentimentale pourrait également être réduite, sinon tout à fait aboli, moyennant une intervention d'images tendres et de musique bien choisie, déclencher au moment pathétique … » p 96-97.
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