Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
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Plus que quelques jours avant les premières chroniques de nos #explolecteurs, venez découvrir les avis de la page 100 !
Les explorateurs de la rentrée littéraire - Avis de la page 100
Un titre énigmatique, une couverture aux allures d'affiche de film : on a hâte d'entrer dans La légende ! Dès les premières lignes, l'immersion se fait, le charme de l'écriture de Philippe Vasset opère, magnifiquement ciselée, comme précieuse. Et cette question à laquelle la page 100 n'apporte pas (encore ?) de réponse : pourquoi le narrateur, qui a occupé plusieurs fonctions auprès du Vatican, a-t-il été défroqué, lui qui évoque évasivement des « turpitudes » et regrette l'immobilisme de la machine pontificale... ? Le suspense est savamment entretenu quant aux raisons de sa déchéance des droits sacerdotaux. Il y a cette femme, Laure, avec qui il goûte aux lectures de la vie des saints et dont il paraît s'éprendre – on pressent le malaise à Rome. Tandis qu'en milieu périurbain (terrain de prédilection de l'auteur), Azyle le tagueur du métro, Pie en quête d'amours homosexuelles clandestines..., sortes de héros punk surgis de nulle part, offrent un visage à la ville moderne, celle de toutes les solitudes. Le dialogue du religieux avec les marges s'annonce passionnant...
Les explorateurs de la rentrée littéraire - Chronique complète
Une image crépusculaire : éclairée par des lampadaires en forme de croix, une voie rapide file entre deux barres d'immeubles. Ou l'ère du religieux s'évanouissant face à l'assaut du tout-béton...
On comprend très vite que le narrateur de ce roman, tour à tour guide au Vatican, professeur de symbolique chrétienne, « convoyeur d'os sacrés »... –, entretient des rapports troubles avec la foi. Lui qui s'emploie, avec l'énergie du désespoir, à réhabiliter des saints et erre dans des lieux de culte désertés, pourquoi a-t-il quitté les ordres et semble-t-il, pour conjurer cette mise en demeure du bulldozer pontifical, ne voir de solution que dans l'exil ? Sa relation avec Laure, avec qui il partage une passion pour les reliquaires et une certaine conception du désir, est-elle davantage qu'une réaction face à une Église décatie, empêtrée dans ses dogmes ?
Dans Un livre blanc, Philippe Vasset se faisait déchiffreur des no man's land parisiens – des zones en marge où l'on tente d'exister dans l'invisibilité du quotidien. Ici, ces à-côtés sont peuplés d'anges ou de fous, dont les chemins de vie (ou de croix) rythment ces pages. Ce territoire de la foi qui fascine le mécréant, avec ses codes immémoriaux et la tentation du blasphème à laquelle notre fougueux narrateur pourrait bien succomber, on l'arpente avec une jubilation mêlée d'appréhension tellement ébranler la machine vaticane paraît sacrilège. L'auteur nous entraîne dans les méandres d'un sacré à réinventer : fuir la pesanteur du dogme pour mieux s'abandonner à cette douce folie qui élève l'âme et éveille les sens... D'une religion déclinante émergent alors des figures christiques... L'écriture au scalpel, travaillée à souhait, est tout à la fois implacable et sereine, lumineuse dans sa noirceur. Il émane de La légende une sorte de grâce intemporelle.
Mon avis à la page 100 :
"Je tourne les pages de ce livre à la fois curieuse et interdite : ce prêtre nous raconte sa descente aux enfers, et comment il a perdu son habit et son nom de prêtre. Mêlant à la fois des explications sur ces personnages célèbres et leur canonisation, il y a une vraie critique de cette "course aux Saints". Il dissèque ses méthodes de travail à la tête de personnes mettant au point les dossiers. La présentation de ces premiers Saints m'a perturbée, mais on s'y habitue très vite car on y découvre les similitudes entre ce que vis le prêtre et ces Saints. Arrivée là, je me questionne : est- ce une histoire vraie ? Je m'interdis d'en faire la recherche car cette question rend ma lecture encore plus intéressante : entre sa foi et l'amour d'une femme, les questions sont encore nombreuses."
C’est en grande partie dans la Villa Médicis que le livre de P. Vasset La Légende a été rédigé : lieu idéal pour parler du thème central du roman, décrit en ces termes par l’auteur lui-même : « Je me suis plongé dans le plus grand studio de fiction au monde : le Vatican, et plus particulièrement, l’administration du récit religieux qui s’appelle l’administration pour la cause des saints, bureau au Vatican où les gens passent leur vie à raconter des vies de catholiques illustres. »
C’est effectivement le cas du narrateur, un prêtre défroqué et tourmenté, qui joue les guides pour les congrégations étrangères place Saint Pierre. C’est son mode de survie. Il a visiblement du mal à s’habituer à sa nouvelle existence : « Mal dans ces pantalons qui me serrent, je regrette la caresse de la soutane. Faire mes courses est un supplice : j’achète au hasard et le plus vite possible des ingrédients que je cuisine n’importe comment. Auparavant, je ne m’inquiétais de rien : tous les jours, c’était réfectoire et, une fois par semaine, des sœurs faisaient ma chambre. » Il a même dû changer de nom : reprendre son identité de laïc. Et ça, c’est peut-être le plus dur.
Que s’est-il passé ? Il a été pendant vingt ans « homme de dossiers ». De quels dossiers, me direz-vous ? De quelle mission était-il investi ? Il appartenait à la Congrégation pour la cause des saints et était une sorte de « greffier des vocations extraordinaires » comme le dit l’auteur, évoquant ces « greffiers de sainteté qui sont aussi scénaristes et écrivains ». Or, s’il se devait de raconter la vie des saints, il lui fallait scrupuleusement vérifier, comme un enquêteur, le bien fondé de ce qui est dit à leur sujet, en supprimant si possible les propos trop fantasques, en gommant les outrances : « recadrer, tâcheronner et affadir, tel était mon rôle ».
Mais, le narrateur ne partage visiblement pas cette vision des choses : pour lui, l’histoire des saints est « un outil de conquête des âmes ». Il faut donc frapper les esprits, adapter le propos à l’époque pour remplir de nouveau les églises. De plus, tel un romancier, le narrateur aime raconter : ces vies de saints sont une source inépuisable d’éléments romanesques dont il serait dommage de se priver et, plutôt que de les placer dans l’ombre, il aurait souhaité les mettre sous les projecteurs telles des rock-stars, crier haut et fort leurs actions démesurées et folles en tirant un feu d’artifice… « Au lieu de saisir les saints dans leurs tremblements, j’en faisais des employés modèles et des ouvriers du mois. Je gâchais de la chair à sermon à longueur de semaine, quand j’aurais pu monter de spectaculaires numéros de dévotion ».
Ce qui lui plaisait ? « Les mortifications scandaleuses, les révélations obscures et les miracles invraisemblables ». Ses saints préférés ? « Le saint jongleur Bosco, qui fascinait ses ouailles en marchant sur les mains », « le célèbre Antoine, qui aurait pu prétendre au titre de patron des dompteurs tant il était capable… de dominer les lions qui visitaient sa grotte », Suzanne Foccart, Gianfranco Maria Chiti… La liste n’est évidemment pas exhaustive et de commenter : « il fallait couper les ailes de ces virtuoses et les faire entrer au chausse-pied dans des tabernacles étroits comme des bocaux. » alors qu’il les rêvait « disco, pulp et kitsch ».
Les écrits de Joseph-Antoine Boullan le fascinent car pour cet homme d’Église « la sainteté n’était pas un exemple, mais un scandale, une folie que rien ne justifiait et qui… ne pouvait s’approcher que par la fiction. Et il s’en donnait à cœur joie : ses textes étaient des machines hors de contrôle, des générateurs échevelés de rubans narratifs, d’adverbes et de superlatifs ». C’est donc l’histoire d’un narrateur qui, comme le dit P. Vasset, « tombe dans la soupe de fiction qu’il touille depuis des années ».
Et puis, il y a cette femme, Laure, qu’il rencontre dans un couloir de la Congrégation. Qui est-elle ? Où entraîne-t-elle le narrateur ? Où va-t-elle elle-même, s’offrant telle une sainte, corps et âme, à ceux qui sont là, autour d’elle pour disparaître soudain et réapparaitre ailleurs ?
Qui sont tous ces inconnus qui se donnent à leur passion, se brûlant le corps pour taguer une rame de métro, risquant de mourir à la recherche d’un partenaire éphémère auquel ils s’offriront ?
Aux marges de la ville sont les saints oubliés que le narrateur appelle à lui, citant leurs noms, un à un, comme il invoquait autrefois « l’immense cortège des saints et des archanges », le monde de ceux qui suivent leur vocation et s’abandonnent à elle dans la joie et la souffrance, entièrement, passionnément, jusqu’à l’inconnu.
J’ai découvert un univers fascinant, celui de la vie des saints et de ceux qui ont comme métier de la raconter. Franchement, je n’avais jamais rien lu là-dessus. Le sujet et la façon dont il est traité m’ont passionnée.
Enfin, l’écriture très maîtrisée de l’œuvre, sa dimension poétique et l’humour très présent ont achevé de me séduire.
Une très belle découverte pour cette rentrée littéraire 2016…
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
Avis de la page 100:
Le narrateur, un prêtre défroqué et tourmenté, joue les guides pour les congrégations étrangères place Saint Pierre. C’est son mode de survie. Il a visiblement du mal à s’habituer à sa nouvelle existence : « Mal dans ces pantalons qui me serrent, je regrette la caresse de la soutane. » Il a changé de nom et repris son identité de laïc. Et ça, c’est peut-être le plus dur. Que s’est-il passé ? Il a été pendant vingt ans « homme de dossiers ». De quels dossiers, me direz-vous ? De quelle mission était-il investi ? Il appartenait à la Congrégation pour la cause des saints et se devait de raconter la vie des saints en vérifiant, comme un enquêteur, le bien fondé de ce qui est dit à leur sujet, en supprimant si possible les propos trop fantasques, en gommant les outrances : « recadrer, tâcheronner et affadir, tel était mon rôle ».
Mais, il ne partage visiblement pas cette vision des choses : pour lui, l’histoire des saints est « un outil de conquête des âmes ». Il faut donc frapper les esprits, adapter le propos à l’époque pour remplir de nouveau les églises. De plus, le narrateur, tel un romancier, aime raconter : ces vies de saints sont une source inépuisable d’éléments romanesques dont il serait dommage de se priver et, plutôt que de les placer dans l’ombre, il aurait souhaité les mettre sous les projecteurs telles des rock-stars, crier haut et fort leurs actions démesurées et folles en tirant un feu d’artifice…
Pas tout à fait ce qu’on attendait de lui… Mais, est-ce pour cela qu’il a été remercié ou y a-t-il un autre mystère ? Et puis, il y a cette femme qu’il a rencontrée dans les couloirs de la Congrégation : qui est-elle, que veut-elle ?
Bilan à la page cent : un sujet original et une écriture non dépourvue d’humour… Un texte riche, maîtrisé : cette peinture d’une âme tourmentée m’a séduite et j’ai hâte de poursuivre le récit pour tenter de la cerner davantage…
Chronique des explorateurs de la rentrée littéraire :
Philippe Vasset a toujours été passionné par les faits de société et cela se sent particulièrement dans son dernier roman, écrit lors d'une résidence à la villa Médicis.
Rome, ville mythique au sens propre et figuré, est au coeur de ce roman. Elle subjugue et intrigue et le Vatican n'y est pas étranger. Le Vatican, ce lieu de tous les mystères, cette machine à saint se trouve être l'ancien lieu d'évolution du personnage principal et narrateur du roman.
"Mon histoire est inaudible, et c'est donc seul que je la ressasse , jour après jour, sur les pages de ce cahier qui fut mon journal spirituel, et n'accompagne désormais qu'une solitude sans appel."
Le narrateur se confie dans un cahier et raconte sa déchéance. Défroqué et démis de ses fonctions à la Congrégation au service de la "validation" des candidats saint, après 20 ans de sacerdoce, il se retrouve sans nom et sans avenir, mais avec Laure.
"La soutane, c'était le masque qui me permettait d'être au monde. Privé de ce faux-fuyant, me voilà balourd, embarrassé de moi-même comme par un énorme de paquet. Ne pouvoir s'oublier est atroce : elle, plus que tout autre, devrait comprendre."
Qu'est ce qui pourrait dévier un homme d'Eglise du droit chemin? C'est une des questions qui sous-tend tout le roman et dont la réponse ultra classique m'a un peu déçue. En revanche, les réflexions de l'ancien religieux sur la machine à créer des mythes et des saints sont riches et bien construites. Les chapitres insérés dans la narration sur des marginaux, des originaux, des dépravés modernes questionnent la société actuelle sur les limites et les possibilités de vivre ensemble sans foi ni loi. Qui sont les dieux et les saints d'aujourd'hui? Certainement, pas ceux que l'on croit...
"Face à une vocation, on est seul, sans secours. Comment être à la hauteur de ce qui appelle ? Que faire ? Quel chemin ? Entendre, dans le vacarme du monde, la singularité de son désir, c'est quitter l'univers des martingales et des recettes, c'est comprendre qu'il n'y a d'élan que vers l'inconnu."
Ce roman n'évolue pas dans mon domaine de prédilection pour la lecture, il m'a parfois ennuyée. Néanmoins, ses qualités littéraires indéniables et son questionnement sociétal ont sauvé ma lecture.
Avis de la page 100 :
Un narrateur qui ne porte plus la soutane mais des pantalons qui l'entravent, confesse dans un cahier ses tourments, sa solitude. Un drame a brisé sa vie : il a été renvoyé de ses fonctions au Vatican. Il n'est plus prêtre non plus mais tout autour de lui baigne encore d'une odeur de sainteté.
Et il y a Laure, cette femme, obsédante qui colonise les pages du roman et l'âme du narrateur.
Et si le drame venait d'elle?
Beau suspense à la page 100 et longs historiques rock & roll sur des saints pas toujours si sages.
J'ai hâte de poursuivre.
Rendez-vous de la page 100 :
La couverture du roman « La légende » m’a intriguée : on y voit une mère et son enfant comme tagués sur la face d’un immeuble dans un espace très urbain. Cette couverture ne permet pas trop de savoir de quoi l’auteur va nous parler.
Je me suis donc tournée vers la quatrième de couverture qui en dit très peu sur le roman, seulement deux lignes. Ce que j’en retiens c’est l’évocation des thèmes de la religion et de l’amour. Beaucoup d’appréhension avant de commencer ce livre car à priori le sujet soulevé ne m’intéresse pas du tout, je ne suis pas sensible aux écrits évoquant la religion.
La construction du récit est originale et intéressante. L’auteur a de l’humour. Le style est agréable et fluide, les phrases sont courtes. Je ne sais pas dans quelle direction l’auteur veut nous emmener. La curiosité que suscite l’auteur et son écriture me permettent de continuer malgré un manque d’intérêt comme je le redoutais pour le thème qu’évoque le livre.
Chronique :
« La légende » évoque la vie d’un homme dont on ne connaît pas le nom, prêtre à Rome qui a été déchu de ses droits sacerdotaux sans que nous en sachions la raison. Cet homme écrit et résume la vie des saints en s’appuyant sur des archives. Les saints dont il résume la vie n’intéressent plus grand monde. Il se trouve en porte à faux avec sa hiérarchie car il souhaiterait pouvoir évoquer des saints plus exubérants qui plairaient davantage aux gens. Quand il était à Rome, il a rencontré une femme à la congrégation, se prénommant Laure, avec qui il se noue une relation. Ils vont tout les deux se mettent à la recherche d’autres modèles qu’ils vont trouver à travers l’abbé Boullan et Adèle Chevalier. Ce qui lui vaut d’être déchu. Alors, il change de nom et retourne vivre à Paris.
Le livre de Philippe Vasset évoque divers thèmes comme la religion, l’amour, l’identité mais aussi la vocation et la solitude.
La construction du récrit est intéressante et originale. L’auteur manie l’humour et découpe ses paragraphes en lui donnant le nom d’un saint dont la caractéristique fait écho à la vie personnelle de son protagoniste.
L’écriture est concise et agréable. Les phrases sont courtes ce qui rend la lecture fluide. Le style de l’auteur m’a permis de continuer la lecture de son roman bien que j’ai eu beaucoup de mal à savoir où il voulait emmener ses lecteurs. J’ai trouvé le thème de livre trop atypique pour qu’il soit accessible à tout le monde. En effet, sans connaissance religieuse, je me suis parfois retrouvée en difficulté pour tout saisir.
Dans la deuxième partie du roman, j’ai décroché doucement jusqu’à parfois lire sans chercher à comprendre les propos de l’auteur.
Je ne me suis pas attachée aux personnages de l’histoire car ils m’ont semblé assez insipides et transparents. J’ai trouvé que les émotions ne transparaissaient très difficilement. Peut être cela peut s’expliquer par le fait que le protagoniste n’ait pas de nom, cela ne le rend pas humain.
« La légende » est un roman très bien documenté. La plume de Philippe Vasset est belle mais il n’a pas réussi à suscité mon intérêt, je suis passée totalement à coté de ce roman.
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