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Le troisième et dernier volume de La Guerre d'Alan d'Emmanuel Guibert était plus qu'attendu, le tome 2 remontant déjà à 2002. Entre-temps Guibert a publié avec le succès que l'on sait Le Photographe, avec Frédéric Lemercier et le regretté Didier Lefèvre. C'est donc après un tournant majeur dans son parcours qu'Emmanuel Guibert est revenu à la retranscription en bande dessinée des souvenirs d'Alan Ingram Cope. Ses lecteurs ne seront pas déçus : avec ces 120 pages époustouflantes, l'auteur, au meilleur de sa forme, nous livre scènes d'anthologie sur planches inoubliables. Aux souvenirs du soldat américain Cope des années de l'immédiat après-guerre, s'articule une enquête que Guibert en personne est allé faire en Allemagne sur les traces de son ami disparu, dessinant des lieux parfois inchangés et retrouvant dans des circonstances elles-mêmes romanesques des témoins et acteurs de cette époque de la vie d'Alan. L'humanisme d'Alan Cope et la sensibilité d'Emmanuel Guibert nous révèlent cette période de l'Histoire sous un jour inouï.
Dans ce volume 3 de La Guerre d’Alan, Alan Cope se confie de plus en plus intimement à Emmanuel Guibert.
Si La Guerre d’Alan est finie, ce qu’il a vécu et surtout ses rencontres nombreuses marqueront toutes les années qu’il lui reste à vivre.
Au final, c’est le couple formé par Gerhart Muench et Vera Lawson qui prend le plus d’importance. Gerhart, en particulier, aura une influence décisive sur le choix de vie d’Alan.
Le récit reprend en Tchécoslovaquie qu’il faut quitter suite aux accords de Yalta. Alan est toujours militaire mais en Allemagne où il faut monter de longues gardes très ennuyeuses avant d’être pris comme dactylographe. Dans le mess des soldats, à Regensburg (Rastisbone), il apprécie Klementine et Erich Rossbauer (16 et 18 ans) qui chantent. Ils se lient d’amitié et Alan est invité dans la famille Rossbauer dont l’aîné, Helmut (22 ans) est dans un camp de prisonniers après avoir eu une jambe arrachée juste un mois avant la fin de la guerre.
Commencent alors ses liens avec la religion car l’aumônier Eliott le recrute comme assistant. Il joue de l’harmonium, chante et surtout conduit le pasteur dans les Alpes, à Bad Wiessee, dans le sud de la Bavière où il passe six mois incroyables. Il accompagne le chapelain à la chasse, visite la région, revient à Regensburg, découvre même le ski et surtout, fait connaissance avec Gerhart Muench, compositeur et pianiste allemand, ainsi que de sa femme, Vera Lawson, poétesse américaine, de Boston. Une partition de Gerhart illustre même une page entière !
Après avoir rencontré Gisela, téléphoniste de l’armée américaine qui avait cru au nazisme, le voilà démobilisé à la mi-mars 1946. Lui qui veut rentrer au pays pour devenir pasteur, reste finalement comme employé civil à Sonthofen, près d’Obertsdorf, dans l’Allgäu. Il travaille à l’hôpital, se régale en montagne puis se fiance par lettre avec Patzi avant de partir la rejoindre.
De retour au pays, il passe chez Lou dans le New Jersey. En Californie, il fait connaissance avec Patzi mais ça ne marche pas entre eux. Études, petits boulots, des amis très religieux, mais c’est avec Landis qu’il commence à ouvrir les yeux sur les manifestations ostentatoires de certains chrétiens.
C’est une lettre de Gerhart qui finit de le convaincre d’abandonner sa formation religieuse et qu’il devient « hérétique ». C’est avec lui et Vera, qu’il découvre la Sierra Nevada, la forêt, les séquoias immenses, les biches, les faons et le vertige d’à-pics impressionnants.
Finalement, il revient en Europe pour vivre d’abord à Paris, faire connaissance avec sa future femme, étudier à l’École des Métiers d’Art, faire de la céramique mais ne décroche pas de diplôme.
Ce tome 3 est très riche en informations artistiques, littéraires. Avec Gerhart Muench, j’ai rencontré Henry Miller mais aussi Truman Capote. Alan travaille dans une base militaire à Poitiers puis à Worms, en Allemagne, divorce, se remarie, est convoyeur de fonds mais surtout réfléchit sur son existence et devient très philosophe.
De nombreuses photos illustrent les dernières pages d’un récit très documenté car Alan donne des nouvelles de toutes celles et de tous ceux qu’il a rencontrés. Emmanuel Guibert ne s’est pas contenté de l’écouter. Il a enquêté soigneusement en Allemagne et, en fin d’ouvrage, remercie tous les gens qui l’ont aidé à mener à bien le récit d’une vie foisonnante, étonnante et surtout pleine d’humanité.
Si Alan est mort durant l’été 1999, huit mois avant la parution du premier tome, il a quand même pu apprécier quelques planches d’Emmanuel Guibert et découvert les premières parutions dans la revue Lapin, de l’Association, qui poursuit sa vie aujourd’hui sous le titre Mon Lapin. Ils s’étaient rencontrés par hasard, sur l’île de Ré, en 1994 et, après La Guerre d’Alan, Emmanuel Guibert a publié L’Enfance d’Alan, en 2012, toujours à l’Association.
Avec trois pages couleurs, Emmanuel Guibert met un point final émouvant à La Guerre d’Alan, une aventure que j’ai pu vivre grâce à Vincent que je remercie encore.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Dernier volume de cette très belle série.
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