"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les services secrets occidentaux estiment les avoirs détenus par Vladimir Poutine et ses proches entre 150 et 250 milliards d'euros, ce qui en ferait l'égal d'Elon Musk et Bernard Arnault.
Pour la première fois, une BD d'enquête lève le voile sur une des plus grandes entreprises de prédation économique de l'histoire.
1990 : l'URSS est sur le point de s'effondrer. Le KGB organise le détournement vers l'ouest de sommes colossales d'argent occulte, afin de préparer sa survie.
Années 1990 : le service place des hommes de confiance auprès des politiciens et oligarques de la nouvelle Russie. Poutine devient maire-adjoint de Saint-Pétersbourg. Tout est à vendre : la création de casinos, les stations services, le port, le droit d'implanter des sociétés étrangères, etc.
1996 : Poutine rejoint l'administration présidentielle et prend la tête du KGB (devenu FSB) 2 ans plus tard. Les assassinats politiques se multiplient. Le clan Eltsine le désigne comme successeur pour préserver ses pots-de-vin.
2000 : Elu président, Poutine installe au sommet de l'Etat et des grandes entreprises publiques sa garde rapprochée et met au pas les oligarques. Désormais le clan Poutine va capter une partie des recettes pétrolières, gazières et de tous les grands contrats, comme les JO de Sotchi.
Un récit tragi-comique, basé sur des faits réels (enquêtes journalistiques, archives et témoignages inédits) qui dévoile une cupidité sans limite, sous couvert de restaurer la grandeur russe, des affrontements sans merci entre clans, et le dessous d'événements tragiques comme la guerre en Ukraine et la rébellion de Prigojine.
Yvonnick Denoël, spécialiste du renseignement, est l'auteur de nombreuses enquêtes à succès, dont Le livre noir de la CIA, Les guerres secrètes du Mossad ou récemment Les espions du Vatican (Nouveau Monde, coll. Chronos).
Gildas Java, dessinateur breton, a fait ses armes aux éditions Déméter avec la série La IIe rédemption, puis avec les éditions Le Télégramme et Glénat (Alexandre, l'Épopée). Il magnifie cette enquête par un style singulier inspiré de Will Eisner, pour en faire le grand roman noir de la Russie contemporaine.
Voilà une BD qui fait penser tout de suite au fameux roman de Giuliano da Empoli : Le Mage du Kremlin, paru en 2022.
Tenter de décrypter l’ascension de Vladimir Poutine est difficile tant le culte du secret est vif dans ce qui était l’URSS puis la Russie actuelle. L’homme dont il s’agit n’était-il pas membre du KGB ? Lorsque ce sinistre service de renseignement est devenu le FSB, il en fut même le directeur avant de s’installer au poste de Président de la Russie, inamovible Président, même s’il fut un temps chef du gouvernement…
Suivant le scénario de Yvonnick Denoël, Gildas Java a mis tout cela en scène et ses dessins ne pouvaient rien avoir de joyeux. C’est sombre. Les mines sont inquiétantes, sinistres la plupart du temps, affichant bien toute la fourberie du principal personnage. C’est soigné, précis et lugubre à souhait, d’août 1990 à février 2023.
De Saint-Pétersbourg, la base indispensable à l’ascension de Vladimir Poutine, en passant par Berlin, pour s’installer peut-être définitivement au Kremlin, à Moscou, notre homme s’entoure de personnes au dévouement absolu, fait éliminer tous ceux qui lui paraissent douteux et, surtout, accumule un maximum d’argent en s’appuyant sur les pays de l’Ouest qui se sont fait berner durant des années tout en profitant pleinement des avantages que cela procurait et procure encore.
Les tractations, les menaces se succèdent et les banques les plus prestigieuses viennent se prosterner devant Poutine qui n’hésite pas à créer aussi des sociétés financières où il place les hommes les plus dévoués. Quant aux femmes, elles sont reléguées aux moments de détente et de plaisir que ce soit dans ses résidences de grand luxe ou en Suisse.
Quand Poutine s’installe à Moscou, Gildas Java offre trois pleines pages en rouge et blanc, avec sa silhouette principale sous celle du Kremlin. Sous un air modeste, très froid, au visage encore anguleux, le Président de la Russie affiche une volonté sans faille. Lorsqu’il éjecte Tatiana Diatchenko, la fille de Boris Eltsine qui jouait un rôle prépondérant au Kremlin, les yeux globuleux débordant d’une surprise insupportable de la Conseillère à la présidence, en disent plus que tous les discours.
Ne reculant devant aucun moyen – que de suicides et d’empoisonnements malencontreux ! - pour affermir son pouvoir, Vladimir Poutine s’assure donc depuis longtemps d’une fortune considérable et c’est ce que la BD de Denoël et Java montre bien.
Je remercie Vincent pour cette lecture édifiante surtout que le dossier documentaire joint à la BD permet bien de préciser encore plus les choses sur la galaxie Poutine, les autres membres du réseau KGB, les oligarques, les intimes et, c’est encore plus grave, les complicités européennes.
Voilà donc une BD nécessaire pour comprendre un peu plus ce qui se trame depuis longtemps à l’Est et qui plonge dans le malheur, depuis des mois, tout un peuple qui n’aspire qu’à vivre en paix.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/08/la-fortune-de-poutine-bd-denoel-et-java.html
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