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L'ouvrage part d'une hypothèse simple La majorité des aliments que nous mangerons d'ici vingt ans n'existe pas encore autour de laquelle Paul Ariès articule toute une série de questions : quels seront donc ces nouveaux produits alimentaires ? Qui les produira ? Comment les consommerons-nous ? Où et quand ? L'auteur répond d'emblée aux deux premières questions : Le marché alimentaire sera d'ici à l'an 2000 à hauteur de 80 % aux mains des grandes surfaces, elles-mêmes liées aux géants de l'industrie agro-alimentaire, eux-mêmes de plus en plus intégrés aux puissants complexes médico-pharmaceutiques. Ce passage au complexe technico-industriel global marquerait la fin des traditions culturelles, remplacées aujourd'hui par le marketing et les publicités. En conséquence nous mangerons tous demain les mêmes choses, de la même façon, quels que soient notre condition, notre culture, notre sexe, notre âge. S'il y a diversité, dit l'auteur, il s'agit d'une fausse diversité, offerte à une clientèle de plus en plus ciblée par les techniciens de la vente. On lui fait croire à un choix qu'elle n'a plus. La loi du marché est de transformer les mangeurs en une population apathique qui, à force de trouver n'importe quel aliment, n'importe quand, n'importe où, obéit alors aux modes alimentaires. Le mangeur moderne a remplacé la peur de l'inconnu (empoisonnement) par la certitude que le nouvel aliment, telle la nouvelle lessive qui lave toujours plus blanc, est nécessairement meilleur que l'ancien. De néophobe qu'il était, l'homme devenu néophage avale tout : l'aliment diététique, l'aliment terroir, nostalgique, folklorique ou exotique. La loi du marché transformerait également le mangeur social que nous sommes depuis des millénaires en un mangeur solitaire à frigo ouvert. Ne reste pour restructurer l'homme, coupé de ses traditions, qu'un diététisme soumis aux mêmes forces qui morcelle le corps humain et le transforme à son tour en produit. L'industrie publicitaire soumet à la fois le mangeur à la tentation affolante et à l'interdit qui est devenu un autre marché : celui des produits allégés avec ses 19 millions de consommateurs français, des produits enrichis, des allégés-enrichis et de l'alimentation-santé. Peut-on dire, après un tel exposé, que le livre laisse le lecteur sur sa faim ? Peut-être car l'avenir qui y est esquissé ne va guère au-delà de l'an 2000 qui est devenu temps présent. L'auteur parle traditions certes et en déplore la perte sans vraiment analyser ce que les traditions et les cultures représentent en termes d'adaptation lente à l'environnement, c'est-à-dire en termes de survie. --Futuribles
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