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Nous n'avons cessé de représenter les diverses manières que l'amour a de faire miraculeusement irruption dans nos vies. Pourtant, cette culture qui a tant à dire sur la naissance de l'amour est beaucoup moins prolixe lorsqu'il s'agit des moments, non moins mystérieux, où l'on évite de tomber amoureux, où l'on devient indifférent à celui ou celle qui nous tenait éveillé la nuit, où l'on cesse d'aimer.
Eva Illouz fait du « désamour » un problème sociologique de première importance et examine l'ensemble des façons qu'ont les relations d'avorter à peine commencées, de se dissoudre faute d'engagement, d'aboutir à une séparation ou un divorce, ce qu'elle désigne comme des « relations négatives ». L'amour semble aujourd'hui marqué par la liberté de ne pas choisir, faisant du non-choix une nouvelle modalité de l'action. La sociologie, non moins que la psychologie, a beaucoup à dire sur le désarroi qui règne dans nos vies privées.
Après 20ans d’enquête sur la question de l’amour, l’intérêt de l’autrice s’est porté sur ce qui lui emboîte le pas, le non-amour qui, comme elle le dit si bien, est à la fois un processus, un sentiment et un évènement. Sociologue, elle a travaillé sur les émotions du non-amour. Elle a découvert dans cet essai qu’elle a constitué auprès d’entretiens d’hommes et de femmes que le social s’insinue dans notre vie psychique et la structure.
Dans le fond la sociologie est très proche de ce qu’on appelle la sagesse Pierre Bourdieu.
Ce livre se veut donc une ethnographie de l’hétérosexualité contemporaine qui relate la liberté émotionnelle et personnelle comme un phénomène protéiforme.
Et l’on observera de près la liberté négative. Axel Honneth appelle celle-ci la liberté réflexive. La liberté réflexive exige que les acteurs réfléchissent à ce qu’ils veulent et les pousse à examiner leur volonté de près à travers la technologie qui aujourd’hui nous entoure avec le marché de la consommation.
Une relation négative, c’est comme chercher quelqu’un dans un ensemble de personnes, d’artéfacts et de lieux, et ne pas le trouver ; c’est ressentir cette absence de l’indétermination de ses intentions et de ses désirs.
Cet essai parle donc de sujet sexo-économique et des dissensions qui se trouvent à cheval entre la sexualité et les sentiments, entre l’identité masculine et l’identité féminine entre le besoin de reconnaissance et les besoins d’autonomies, entre l’égalité féministe et une identité régie par une visualité produite par des industries capitalistes contrôlés par des hommes.
Un livre très bien documenté où l’on retrouve des interviews, une prise de conscience dans le monde où l’on vit aujourd’hui et de ce comment pourrait être réglé notre couple demain. On n’y trouve pas de solution miracle pour conserver notre âme sœur, mais on y trouve bien des conséquences de la fin de l’amour.
Très bel essai de 2020.
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