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La "dissert de philo" ; sociologie d'une épreuve scoclaire

Couverture du livre « La
Résumé:

La philosophie, c'est un outil pour la vie, ça devrait être partout, on devrait s'en servir tout le temps. David, nouvel élève de Terminale littéraire, exprime assez bien par ces mots l'enthousiasme de ses pairs à l'idée d'aborder cet enseignement qui permet (enfin) de dire ce qu'on pense. Mais... Voir plus

La philosophie, c'est un outil pour la vie, ça devrait être partout, on devrait s'en servir tout le temps. David, nouvel élève de Terminale littéraire, exprime assez bien par ces mots l'enthousiasme de ses pairs à l'idée d'aborder cet enseignement qui permet (enfin) de dire ce qu'on pense. Mais les premières notes arrivent et tempèrent cette ardeur. Les informations sur les résultats, souvent faibles et aléatoires, obtenus à l'écrit par les aînés font le reste : beaucoup d'apprentis philosophes, craignant de se livrer et de récolter des appréciations peu flatteuses, n'habitent plus leurs copies et ne remettent plus que des textes convenu, qui limitent la prise de risque aux alentours de 8/20. C'est sur cet étrange paradoxe que s'est penchée cette recherche. Elle a tenté de comprendre comment la dissertation de philosophie, construite dans des conditions historiques et sociales bien particulières, se trouve aujourd'hui assimilée par les lycéens à une épreuve parmi d'autres au sein d'un parcours scolaire où l'essentiel est de se maintenir dans le jeu le plus longtemps possible. Car le lycée, désormais ouvert a presque tous, confie à chaque jeune la responsabilité de sa propre trajectoire : l'échec n'y est alors plus imputable qu'à soi et se fait d'autant plus cuisant qu'il met en jeu les capacités de problématisation des sujets. Par ailleurs, les réputations attachées au bon ou au nul en philo risquent de mettre à mal un groupe des pairs dont l'unité est précieuse pour traverser ces années d'incertitudes au long cours. Ce travail voudrait contribuer à une meilleure prise en compte de difficultés d'apprentissage des élèves qui sont certes intellectuelles, mais qui procèdent aussi de conditions actuelles de socialisation peu favorables à l'éclosion de je d'auteurs. Cette génération qui se dit souvent sacrifiée, ces lycéens de milieu populaire dont la frustration est à la mesure des espoirs placés dans l'école développent des capacités critiques, contraignent les enseignants à transiger, mais perdent sans doute aussi l'occasion de se donner, à l'école, les outils que requiert l'espace public du débat.

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