Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Si Friederike Andermann n'avait pas cru en son travail, elle n'aurait pas gravi un à un les échelons de la carrière diplomatique ni supporté l'ennui de la bureaucratie ministérielle, l'angoisse de la zone verte à Bagdad et le désarroi de se voir démise de ses fonctions d'ambassadrice d'Allemagne en Uruguay après le meurtre d'une ressortissante, fille d'une baronne de la presse.
Devenue consule à Istanbul, Fred s'efforce d'obtenir la libération de Meral, intellectuelle dissidente à la santé qui décline, et d'aider son fils, interdit de sortie du territoire pour avoir participé à une manifestation pro-kurde à Berlin. Quand elle découvre que les autorités turques tiennent cette information de la police fédérale allemande elle-même, et que son ami journaliste se retrouve à son tour dans le collimateur du régime, Fred décide de prendre les choses en main.
Avec cette satire politique pince-sans-rire, Lucy Fricke signe un roman brûlant d'actualité, sur la fragilité des relations internationales, les dérives autocratiques et la diplomatie de crise. Elle dresse le portrait d'une femme d'action qui a dû apprendre la patience, d'une diplomate jusqu'ici exemplaire qui, tiraillée entre sa mission et ses idéaux, refusera de rester impuissante.
Lucy Fricke est une auteure allemande qui a publié deux romans, "Les occasions manquées" et "La Diplomate" qui ont rencontré un vif succès en Allemagne. En France elle n’est pas connue du grand public et son dernier roman a été publié aux éditions québécoises Le quartanier.
Et c’est bien dommage, non pas que Le Quartanier ait eu la présence d’esprit de le faire traduire par Isabelle Liber, mais que La Diplomate ne lui ait pas valu plus de reconnaissance.
Car Lucy Fricke est une auteure qui a un ton, un style et une personnalité très reconnaissables. Son écriture a quelque chose de fondamentalement accueillant et de sincère ce qui, nous semble-t-il, n’est pas si fréquent et pourtant très positif.
En effet, la lecture de "La Diplomate" donne lieu à une véritable rencontre : avec un style, avec un univers et avec un personnage principal, Friederike, pour qui on finit inévitablement par avoir beaucoup d’affection.
Commençons par le style.
____ "La Diplomate" ou chroniques en HD
La façon dont Lucy Fricke nous raconte l’histoire de Fred a quelque chose d’absolument jouissif. C’est très vivant, très personnel, très abouti. Il est indéniable que l’auteure de La Diplomate est une conteuse hors pair. Elle distille suspens, humour, tension, douceur, action, rêveries dans une parfaite mesure et fait preuve de beaucoup d’ingéniosité dans la construction de ses « scènes ».
Le rythme est irréprochable et les personnages sont très travaillés. De fait ils apparaissent très normaux, et ils le sont, mais la façon dont elle les fait évoluer leur donne beaucoup de reliefs. Il est facile de les imaginer, de visualiser les décors, de se représenter leurs attitude et gestes.
Tout est très dynamique et Lucy Fricke ne se perd pas dans les méandres psychologiques de ses personnages. Elle n’en a pas besoin pour leur donner de la substance.
___ Il vaut mieux en rire qu’en pleurer
Ce qui surtout fait la différence, c’est que un texte devant lequel on rit de bon cœur. Il y a beaucoup d’autodérision et le ton qui est tout le temps railleur tend à être aussi celui de le confidence.
En cela parler de texte accueillant nous paraît pertinent.
J’ajouterais que les dialogues sont d’une qualité supérieure, très spontanés, intelligents volontairement suspendus, tronqués ou à double sens. Une qualité rare.
Le portrait de Fred _ femme d’action au caractère bien trempé, dans la fleur de l’âge, excessivement indépendante d’après elle, mais un peu romantique quand même, lucide sans être cynique, fine et pince sans rire _ se dessine à travers ses échanges avec les autres protagonistes. C’est une façon très naturelle et bienvenue de la donner à découvrir.
___ De Montevideo à Istanbul, les coulisses de la diplomatie à l’européenne
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ou peu le monde des « relations étrangères », La Diplomate offre une virée très intéressante dans le monde de la diplomatie européenne. On y découvre ses enjeux ses rigidités et ses particularités. On découvre aussi le métier de diplomate et ce qui en fait un métier essentiel mais difficile et notamment parce qu’il est, en tout cas en France mais en Allemagne aussi visiblement, mis à mal par les nouvelles façons qu’ont les pays d’interagir entre eux et le fait par ailleurs que la diplomatie n’est plus le fer de lance des États européens.
La grande partie de l’intrigue se déroulant en Turquie, le lecteur “voyage” et il se retrouve en même temps que Fred en prise avec la corruption des administrations et de la justice. On touche alors du doigt le caractère vicieux du pouvoir et le désespoir qui accompagne les situations inextricables.
Avec "La Diplomate", Lucy Fricke nous livre une histoire haute en couleurs, riche en émotions et en situations comiques, se déroulant dans les coulisses de la diplomatie européenne en Turquie. Elle nous rappelle que le plus important c’est de savoir raconter une histoire et d’y prendre plaisir !
La diplomate est un roman dense. Un livre profondément humain. Best-seller en Allemagne, ce roman brûlant, au ton tragi-comique, est particulièrement d’actualité.
L'histoire :
Friederike Andermann essuie un échec professionnel comme ambassadrice d’Allemagne en Uruguay. Plus tard nommée consule à Istanbul, elle tente d’intervenir en faveur de dissidents germano-turcs. Mais les entraves se multiplient, jusqu’à la piéger.
Entre résidence d’été et palais de justice, elle manœuvre aux frontières de la légalité et se heurte aux limites de l’amitié, de l’État de droit et de l’idée européenne.
Un roman d’actualité sur la diplomatie de crise, les dérives autocratiques et la fragilité des relations internationales.
S’inspirant de l’histoire vraie de la journaliste allemande Meşale Tolu, arrêtée à Istanbul en 2017, Lucy Fricke écrit avec humour et talent un conte rythmé. La morale de ce conte pourfend les jeux de pouvoirs et dénonce l'aveuglement qui mène à la chute. Il est aussi question de ce que l'on ne parle pas, de la vacuité des idéaux des fonctionnaires et de la fragilité de la diplomatie.
un roman d’un « étonnant réalisme, notamment lorsqu’il est question d’égalité de sexes dans ce milieu », selon l’ancien ministre des affaires étrangères allemand Heiko Maas qui a chroniqué le livre pour Die Zeit et qui en recommande la lecture sans hésitation (...)
En pointant les limites de la diplomatie à l’aune des relations germano-turques l'auteure fait preuve de courage. Un courage d’ailleurs non sans risques concrets pour elle, les autorités turques lui ayant formellement déconseillé de se rendre en Turquie jusqu'à nouvel ordre. "
Fred est une diplomate trentenaire et célibataire. Le roman s’ouvre lorsqu’elle est en poste à Montevideo, après l’avoir été à Bagdad.
L’enlèvement d’une touriste fortunée fille à maman va bouleverser son plan de carrière. Et on la retrouve quelques années plus tard à Istanbul.
J’ai aimé qu’il soit question de Droits de l’Homme dans ce roman : le fils de Meral ne peut retourner en Allemagne parce qu’il a participé à une manifestation pro-kurde à Berlin quelques mois auparavant. Meral étant elle-même emprisonnée pour dissidence.
J’ai aimé que le journaliste David ait lui aussi maille à partir avec la police et l’Etat Turque à cause d’un futur article en gestation.
J’ai aimé Philipp, l’ancien collègue de Bagdad, en poste à Ankara, avec qui Fred boit du whisky comme au temps de l’Irak.
J’ai été étonnée du leitmotiv de la porte forcée. Mais la fin éclaire ce détail qui n’en est pas un.
J’ai aimé le regard de Fred sur les pubs irlandais et les Hilton : toujours identiques de par le monde. Un monde qui perd son authenticité.
J’ai aimé la mère de Fred, restée en Allemagne vue son âge, et qui perd peu à peu la tête, gardant ses secrets.
J’ai aimé lire l’Allemagne en creux : ses rapports avec certains autres pays, son passé de pays divisé, sa volonté de défendre les Droits de l’Homme.
L’image que je retiendrai :
Celle du fait qu’un-e ambassadeur-rice ne doit jamais conduire la voiture qui sert à faire fuir des ressortissants.
https://alexmotamots.fr/la-diplomate-lucy-fricke/
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