"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
21 octobre 79. Les Pompéiens ne savent pas que le Vésuve, cette douce colline qui domine leur ville, est au bord de l'éruption. Ils ignorent ces signes étranges qui se multiplient : l'assèchement des cours d'eau, les odeurs nauséabondes et inconnues, la fuite des animaux.
Dans un compte à rebours implacable, Gilbert Bordes nous fait vivre les derniers instants de la prospère Pompéi. au coeur de cette cité fascinante, on suit Marcus, le noble exilé de retour pour retrouver ses enfants et son amour de jeunesse, la belle Rectina ; Caelus, l'esclave affranchi qui a bâti une immense fortune ; Paoelus, l'héritier déchu séduit par les croyances nouvelles des chrétiens ; Julius, le gladiateur élevé au rang d'un dieu.
Tous vont être pris au piège. L'explosion fatale. La cité dévastée et figée à jamais par un Vésuve de feu et de sang. La dernière nuit de Pompéi.
Un roman bouleversant sur l'un des plus grands cataclysmes de l'histoire Une épopée humaine inoubliable
Dernières heures à Pompéi
Merci à NetGalley France et aux éditions XO pour m’avoir fait découvrir ce roman qui nous fait vivre les dernières heures de Pompéi (#LadernièrenuitdePompéi #NetGalleyFrance).
En l’an 79, Pompéi est une ville prospère bien que régulièrement secouée par de petits tremblements de terre. D’ailleurs en 62, un séisme avait causé de gros dégâts et provoqué la fuite de certains habitants (les plus aisés) vers Naples ou Rome. C’est le cas de Marcus Flavius Pansa, un patricien, qui a perdu toute sa famille dans la catastrophe de 62 : son épouse et ses trois enfants. Pourtant si le corps de sa femme avait été découvert dans les décombres de sa belle villa, ceux de son fils Julius, 6 ans, et des jumeaux Stephanus et Cellia 2 ans n’avaient pu être retrouvés. Aujourd’hui, en ce 21 octobre 79, Marcus revient à Pompéi car une voyante lui a affirmé que ses enfants étaient vivants ! Marcus peine à reconnaître la cité paisible qu’il a quittée dix-sept ans plus tôt : Pompéi grouille d’une population bigarrée, riches parvenus, esclaves affranchis, commerçants enrichis, banquiers véreux… Des élections doivent avoir lieu prochainement et le forum bruisse de discours politiques enflammés, sans compter les adeptes de Jésus qui prêchent la nouvelle religion… Personne ne le sait, mais Pompéi n’a plus que 75 heures à vivre, un peu plus de trois jours avant que l’éruption du Vésuve anéantisse la ville.
Gilbert Bordes en excellent conteur nous fait vivre les dernières heures de Pompéi à travers plusieurs personnages. Marcus qui cherche ses enfants aidé par son amis Massimus un affranchi converti à la religion chrétienne, Rectina son amour de jeunesse qu’il espère reconquérir mais aussi toute foule de protagonistes représentatifs de la population de Pompéi : Aulus un érudit qui s’est constitué avec son compagnon Clopurnius une inestimable bibliothèque de papyrus, Caelus un affranchi enrichi qui a tout fait pour oublier (et faire oublier) ses origines, tourné vers la politique et prêt à toutes les bassesses pour réussir, Julius le gladiateur, les esclaves dont certains avaient encore moins de valeur qu’un animal domestique… La force de ce roman est de nous plonger dans l’atmosphère de Pompéi, on se promène dans les rues continuellement en travaux (on réparait encore les dégâts des séismes précédents, notamment sur le système de distribution d’eau), on fait du commerce rue de l’Abondance, on assiste aux discussions au forum, on prépare avec les gladiateurs les jeux d’automne, on découvre l’envers du décors avec les esclaves (certaines scènes, à la boulangerie ou à la blanchisserie, sont particulièrement dures)… Les secousses telluriques se font de plus en plus ressentir, les signes avant coureurs de la catastrophe sont nombreux (les animaux pris de folie, les oiseaux qui ont déserté, les fumerolles, l’odeur de souffre, les « geysers » d’eau brulante qui surgissent au beau milieu des routes, les failles qui s’ouvrent dans les jardins…) mais personne, ou presque, ne semble en prendre la mesure. Lorsque le Vésuve entre en éruption le 24 octobre 79, il est midi : chacun vaque à ses occupations. Les Pompéiens voient avec curiosité l’impressionnante colonne noire qui s’élève à des centaines de mètres au dessus du volcan (décrit par Pline le Jeune comme «Un nuage d'une taille et d'un aspect inhabituel… Sa forme rappelait celle d'un arbre et, plus exactement, celle d'un pin. Il se dressait comme un tronc gigantesque et s'élargissait dans les airs en rameaux. »), puis subissent implacablement la chute des scories volcaniques (pierres ponces, rochers) avant d’être balayés par les nuées ardentes… Peu sont parvenus à fuir et à s’en sortir.
Une lecture instructive, très documentée, que je recommande aux passionnés d’Histoire mais également de romanesque.
La visite des sites archéologiques de Pompéi et d’Herculanum (à Herculanum il y a moins de monde qu’à Pompéi et les vestiges sont magnifiques) est un incontournable du tourisme de la région napolitaine et suscite beaucoup d’émotions.
Aujourd’hui la région de Naples est toujours dominée par l’impressionnant volcan et sous la menace d’une nouvelle éruption, le volcan étant toujours actif. Naples et ses environs, c’est quatre millions de personnes… Mais bien pire que l’éruption du Vésuve, c’est le réveil d’un autre volcan de la région qui inquiète les spécialistes, un volcan caché : les champs Phlégréens…
https://www.nationalgeographic.fr/sciences/volcan-activite-volcanique-italie-pres-de-naples-un-supervolcan-se-reveille-doucement
Octobre 79. Les signes se multiplient, notamment de nombreux petits tremblements de terre et des perturbations hydrauliques – puits et cours d’eau asséchés –, mais à Pompéi et tout autour du Vésuve, réputé éteint depuis deux millénaires, personne ne s’inquiète. Il faut dire que, comparées au puissant séisme qui dix-sept ans plus tôt a ravagé la région, occasionnant de nombreuses victimes et des dégâts matériels encore visibles, ces dernières anomalies paraissent bien mineures. Et pourtant…
En un inéluctable compte à rebours qui n’empêche pas, avec un certain suspense, l’espoir du lecteur pour la survie d’au moins quelques personnages, la narration s’enclenche trois jours avant la catastrophe. La vie va son train ordinaire, nous donnant l’occasion d'une plongée dans le quotidien d’une ville romaine, par bien des aspects du récit assez moderne si l’on fait abstraction de l’esclavage, des jeux du cirque et de la répression à l’encontre des tout nouveaux Chrétiens. Le récent séisme ayant fait fuir bon nombre de patriciens – comme Marcus enfin de retour avec l’espoir de retrouver ses enfants et son ancien amour –, la cité encore en reconstruction s’est aussi réorganisée socialement. Parmi les nouveaux riches, l’esclave affranchi Caelus entend bien préserver coûte que coûte ses récents acquis, tandis que d’autres, ruinés ou toujours asservis, tendent une oreille de plus en plus dissidente aux paroles d’égalité chrétienne.
Dans la nuit du 24 octobre, le Vésuve entre pour de bon en éruption, d’abord en presque une journée d’accumulation de lave à l’intérieur du volcan, engendrant, à cause de la pression, une pluie de pierres ponces aussi destructrice et meurtrière qu’un bombardement, puis, le lendemain, finissant par exploser et cracher des nuées ardentes qui ensevelissent Pompéi et les villes alentours, tuant tout le monde au passage. Ainsi, la ville de Pompéi ne meurt pas en un instant, saisie avec ses habitants dans les postures du quotidien. Tués dans des éboulis ou par la chute des pierres projetées par le volcan, asphyxiés ou soufflés par la première déferlante ardente, les Pompéiens ont pour beaucoup essayé de fuir vers la mer et les navires venus tenter de les sauver sous le commandement de Pline l’Ancien. La narration a donc le temps de nous faire partager leur panique, les scènes de pillage et d’empoignades, les tentatives éperdues pour s’échapper tournant à la certitude d’être pris au piège.
Imaginés à partir des récits comme ceux de Pline le Jeune ou des restes retrouvés lors des fouilles, les personnages fictifs du roman redonnent vie et chair, le temps de trois jours, à la ville pétrifiée avec tous ses habitants. Après avoir frémi de leur inconscience, l’on est emporté avec eux dans des scènes d’apocalypse qui contrastent violemment avec le silence lunaire du décor de cendres grises qui leur succèdent. Les mots de conclusion, retraçant les faits purement historiques dans leur implacable nudité, n’en résonnent que davantage, en un sombre générique sobrement ouvert sur l’inconnu : le prochain réveil du monstre…
Une fresque impressionnante, qui, l’imagination de l’écrivain recréant la vie et l’émotion au milieu des cendres et des chantiers de fouille, réussit à nous rendre terriblement proches ces hommes et ces femmes dramatiquement disparus il y deux millénaires. Après tout, n’en sommes nous pas aussi aux signes précurseurs de cataclysmes à venir, d’origine climatique ceux-là ?
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