Encore plus de livres à rattraper ou à offrir en cette fin d'année !
Aléa la guérisseuse vit dans une cavité rocheuse et, initiée au monde sauvage, soulage les maux de ceux qui la consultent. Eléanore, adolescente de province, s'engage sur les routes d'Europe pour fuir une vie de soumission muette et la tyrannie qui condamne les filles à être sages. Mksheta la conteuse, depuis une caravane de marchands ou au coeur du harem du sultan, charme son public de ses histoires. Entre elles circule un étrange objet : une dent scellée dans de l'ambre, relique convoitée à travers les âges. Parce que toutes trois empruntent des chemins de traverse, le récit officiel tente d'en faire des saintes, des putains ou des folles pour mieux contenir leur puissance et réécrire leur histoire. Leur voix, forte, dangereuse et mystérieuse fait trembler les hommes.
La Dent dure est un conte féministe qui entremêle le destin de ces héroïnes, toutes liées au fil des siècles par un curieux talisman. De la Perse antique à la France contemporaine, ce premier roman fougueux nous fait entendre leur voix qui gronde et grandit tel l'écho irrépressible de la liberté des femmes.
Encore plus de livres à rattraper ou à offrir en cette fin d'année !
Lors de la rentrée littéraire 2023 j'avais découvert ce livre dont j'ai moyennement accroché. On suit le destin de ses 3 femmes entremêler par une relique.
Un premier roman picaresque, historique et conte qui se voulait féministe, récit court sur la force et le courage des femmes avec des histoires tragiques. Des voix qui grondent et faisant écho a travers les temps. L'écriture est sèche, va en guerre et expéditive. L'idée d'une lecture féministe me plaisait, en voyant de nombreuse critique je me suis dit pourquoi n'ai je pas adhéré. Malheureusement j'ai été déçu en refermant les dernières de cette lecture rapide, peut être trop piquant pour moi, des personnages plus ou moins attachants et d'autres fades, une intrigue pourtant originale.
De la Perse antique à la France d'aujourd'hui en passant par le VIIIe siècle, trois femmes vont incarner la condition de leur sexe avec pour fil rouge une dent scellée dans de l'ambre à la fois une relique capable de miracles, un porte-bonheur et, surtout, un « message d'une femme à une autre glissé dans les failles du temps ».
Guérisseuse, putain, sorcière, sainte, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer celles qui ont le pouvoir d'enfanter, un don que les hommes, qui ne le possèdent pas, veulent leur faire payer en les soumettant, en les humiliant, en les faisant taire, en les enfermant, en les torturant, en les violant, en les tuant.
À la frontière du conte, « La Dent dure » est un hymne féministe à la liberté et au refus de la place assignée par les sociétés patriarcales.
Servi par une écriture passionnée, virevoltante et un ton ironique, ce récit écrit par une spécialiste de littérature médiévale a un authentique souffle picaresque digne des meilleurs romans d'aventure.
https://papivore.net/litterature-francophone/critique-la-dent-dure-isabelle-garreau-dalva/
Merci pour ce livre que vous m avez envoyé .Belle découverte . Dès que j ai lu le titre " La dent dure" j ai eu l impression que l auteure essayé d exprimer les couleurs du féminisme. Ce roman aurait pu aussi se nommer " Tête de mule" pour sa persévérance à narrer l émancipation de la femme.
Ce livre doit se lire comme un conte historico-féministe et tout comme un conte doit garder sa part de rêve.
L histoire est percutante marquée par une qualité d écriture précise, imagée, et remplie d un humour caustique.
Cette dent dure représente le trésor du combat féministe. C est une hymne aux femmes
A lire.
Isabelle Garreau croise les lieux, les époques et destins de trois héroïnes. Aléa ouvre le bal avec ses deux chapitres, guérisseuse anachorète du VIIIème en Neustrie, confrontée à un raid de Vikings. Puis on fait la connaissance d'Eléonore, le coeur du roman, adolescente bouillonnante des années 1980 qui subit le corsetage mental de ses parents catholiques quasi intégristes alors qu'elle ne rêve que de vivre pleinement. Et enfin, c'est au tour de Mksheta s'entrer dans la danse, conteuse enfermée dans le harem d'un sultan perse.
Trois marginales évoluant à l'écart des injonctions à être femme de leur temps.
Le fil conducteur de l'intrigue est un objet, une relique convoitée par les hommes pour les pouvoirs magiques qui lui sont attribués ou pour sa valeur pécuniaire : une dent prise dans l'ambre dont on découvrira l'origine et l'incroyable voyage spatio-temporel. Cette dent dure symbolise les épreuves à surmonter pour survivre et accéder à ses droits, pour jouir de sa liberté et briser le cycle ancestral du patriarcat et de la religion. Comme « un message d'une femme à une autre glissé dans les failles du temps »
La Dent dure doit se lire comme un conte, cruel avec ses épisodes violents, d'autres excessifs ( notamment dans ses personnages masculins ) et avec son humour caustique. Un conte féministe surtout, très original car construit comme une réécriture malicieuse de la vie de saintes – fictives – soeurs d'infortune incarnant une féminité plurielle, devenues saintes par la force d'une histoire officielle écrite par les hommes pour mieux contrôler leurs paroles et leur corps, alors que leur vie respective semble très éloignée des canons habituels de la sainteté.
Isabelle Garreau est une vraie conteuse. Sa narration est percutante, très rythmée, portée par une remarquable qualité d'écriture, gourmande en mots rares, précise et imagée, qui se déploie pour montrer à quel point la force de la nature s'allie au féminin sacré dans cette quête éternelle de liberté, fond et forme en symbiose absolue.
« Elle ne tuait pas, ne cuisait pas, se refusait même à faire du feu non seulement pour préserver le secret de son refuge, mais encore pour abolir toute entreprise de domination sur le monde extérieur. Elle ne serait pas complice. Pas d'autre choix que sa solitude sauvage. Sur le seuil, le pied dans la rosée, elle composait des chants pour les arbres, les insectes et les écureuils, pour la berge où roucoulaient les poules d'eau, et pour le héron, seigneur cendré à l'oeil perçant.
Sans le savoir, elle était revenue sur le lieu même de l'ermitage d'Aléa, posant son pas dans le sien. L'Histoire bégayait, les circonvolutions des destinées formaient un labyrinthe, toujours dans la même nuit. Entre le feuilleté des corps péris se tenait embusqué le sens de ces vies qu'on disait humaines.
Le soir elle contemplait le couchant à travers son oeil d'ambre. La dent, pensa-t-elle, avait pris la forme de son destin. Et elle-même s'était faite morsure pour arracher ce lambeau de fierté et de sérénité qu'était devenue sa vie au creux de la terre. »
Le poème final est très beau, très fort, tout comme la couverture mystico-pop conçue par Rémy Tricot ( qui travaille entre autres pour les éditions Dalva et La Manufacture de livres ). Un premier roman émancipateur plein d'énergie et de ferveur.
Le père d'Eléonore est issu d'une famille dans laquelle on est medecin de père en fils et sa mère est la fille d'un riche fermier. La famille est très respectée dans le village , la mère qui est femme au foyer donne des cours de cathéchisme aux enfants de la commune.
Quand Eléonore est devenue " jeune fille " sa mère , pour éviter tout incident, décide de l'envoyer en internat dans l'institut Notre Dame de Soulanges où les bonnes soeurs font régner l'ordre et où les élèves indisciplinées sont envoyées devant le père Vignemale pour une punition.
Le jour où Eléonore est, elle aussi punie, elle va subir l'inimaginable et se retrouver enfermée dans la crypte de l'église. Elle va chercher à fuir et va trouver une petite cache dans laquelle se trouve une relique .........
Elle s'échappe de l'internat mais aussitôt rattrapée elle est enfermée dans un hôpital psychiatrique d'où elle s'échappera et ne sera jamais retrouvée.
Elle va errer avec la relique autour de son cou ...........
un roman quelconque .......
Experte en littérature médiévale, Isabelle Garreau délivre un premier roman singulier, magistral et nécessaire. Il lève le voile sur la cause des femmes de 752 à nos jours.
Un fil rouge, tel un flambeau, un symbole, un talisman. Une dent scellée dans de l’ambre. Objet divinatoire, surpuissant, passeur et spéculatif, toutes, dans ce récit d’ombre et de lumière auront sur leur poitrine, au plus profond de leur cœur, ce filigrane spéculatif.
Nous déambulons dans un texte fragmenté qui va transpercer les siècles.
Elles sont des proies, des soumises, des sorcières jetées en pâture.
« Règne après règne, de Chilpéric en Chlodebert, une solide muraille de pierre enroba le vaste fief des moines et la chapelle Saint-Prou. Une église,peu d’années après, vint magnifier leur espace sacré ; ils la consacrèrent à sainte Barbe ».
Les chemins de traverse dénoncent les religiosités, le poids lourd des diktats d’une société ployée sous les croyances et l’importance du qu’en dira t’on.
L’atmosphère est gémellaire de l’écriture. Superbe et captivante, on est en plongée dans un récit sombre, engagé, aux multiples signaux.
Éléonore prend place. Après Aléa la guérisseuse, Mksheta la conteuse, Ygdrasil, de la Perse antique à la France, toutes sont le reflet des prismes de souffrances et de luttes parce que nées femmes. Éléonore est notre contemporaine et elle est la force des courages. Le poids de l’adversité sur les épaules. La métaphore des diktats d’une société empreinte de préjugés, de faux-semblants. Le loup est dans la bergerie.
Éléonore veut garder son libre-arbitre. Elle ne correspond pas à l’image lisse que ses parents les Bondouffle veulent d’elle. « Mme Bondouffle née Charité exerçait le métier de femme de notable avec zèle. Les réunions Yves Rocher et Tupperware battaient leur plein et instauraient de façon insidieuse l’illusion qu’il existait un contre-pouvoir féminin. Enfin ces rendez-vous servaient surtout à s’occuper car les maris avaient à faire ».
« Depuis peu elle s’était mise en tête d’assurer une formation religieuse aux élèves de l’école Jean-Jaurès, qu’à son grand dam n’enseignait ni la couture ni la morale ».
Conformistes, catholiques, épris de tradition, ils vont confronter leurs volontés éducatives face à la liberté de conscience de leur fille.
Pour Éléonore : « Sa propre pratique religieuse tenait davantage du marxisme, du mysticisme ou du péplum, et malgré les éblouissements des vitraux et la magie des encens, malgré tous ces mystères exotiques, s’abstenir de poser des questions, elle n’y parviendrait jamais ».
De fil en aiguille, ils vont envoyer leur fille à l’Institut Bonne-Dame-De-Soulages. Afin de protéger leur fille des vulnérabilités du monde et des risques de dérapages. Ils sont obnubilés par la foi, les conformismes. Ils sont sacrifier leur fille sur la marche d’une école particulièrement hypocrite. Ils désirent une fille sage, sans désirs, ni passions. Le féminisme jeté en pâture comme du pain moisi. « Elles priaient, balayaient, faisaient la vaisselle et les cours débutaient. L’année 1982 n’avait pas encore quitté les années trente ». « L’après-midi, les pensionnaires pratiquaient le chant, la couture, le repassage. L’horticulture leur tenait lieu d’éducation physique et sportive ».
Éléonore va être confronté au père Vignemale. Il va l’agresser, la violer. Faire de cette jeune femme ployée sous les affres une proie condamnable. Justifier ses gestes de violence en faisant d’Éléonore un péché véniel au regard de l’église.
Il va l’enfermer. Elle va fuir. Emporter avec elle la sacoche de cuir cachée sous un mur glacé. Dans cette sacoche : « La splendeur de l’objet lui conférait une sorte de magnétisme. Les pierres disparates qui l’ornaient, émeraudes, rubis, améthystes, et saphirs, avaient chacune une forme particulière, dont les sertissages épousaient les courbes… L’astre pénétra tout entier dans le magma orangé. Une dent minuscule apparut en intaille sur la lune... ».
Elle fugue. Se terre. Survit. Elle rencontre dans son périple de ténacité des SDF, des marginaux, et comprend que c’est ici qu’elle aura son droit de réponse, son droit d’exister.
Ce roman de combat est à l’instar d’un conte. Et pourtant c’est le reflet des endurances lorsque l’on est une femme. La vie comme une bataille constante. Mais il y a la dent. Cette image révolutionnaire, cette pépite salvatrice et qui est tout au fond ce qu’une femme doit faire pour s’en sortir face à un monde puissamment oppressant et inégalitaire.
C’est un roman prodigieux, qui claque et ne laisse rien passer. Il est dans cette magie intrinsèque d’une histoire d’elles, d’ailes. Il pointe du doigt là où ça fait mal et ne cède rien face à notre contemporanéité qui vacille sous les différences.
Il souligne également combien la route est rude pour le féminisme. Vigilance toujours !
« La dent dure » est également l’emblème du coûte que coûte. Le rocher de Sisyphe et l’image d’une femme résistante. Publié par les Éditions Dalva.
Le roman s’ouvre sur un récit d’invasion, les barbares d’une époque lointaine font main basse sur les territoires qu’ils explorent. Sans surprise, les femmes font partie du butin. Aléa, malgré les dons de guérisseuse dont elle fait bénéficier sa communauté, n’échappe pas à l’appétit des conquérants. D’elle, ne subsistera d’un petit tas de cendres et une dent. Mksheta la conteuse connaît cette histoire . Mais comment de nos jours, Éléonore se retrouve t-elle en possession d’un bijou au centre duquel un dent apparaît figée dans l’ambre ?
Ce voyage temporel a séduit mon âme de lectrice, et éveillé la compassion pour toutes ces femmes victimes d’une oppression sans cesse renouvelée, au nom de la puissance et du droit auto proclamé de propriété sur les corps profanés. Chaque volet de ce conte illustre la révolte qui met en péril les vies de celles qui refusent de entrer dans le rang. Éléonore parviendra t-elle à briser l’anathème ?
De sombres figures masculines hantent les pages : les guerriers certes mais aussi un ecclésiastique libidineux et objet, bien aidé dans ses basses oeuvres par d’aussi perverses comparses.
Ce premier roman porte les couleurs du féminisme, et témoigne de la légitimité du combat pour que cessent les violences faites aux femmes.
Le style reprend les codes du conte et sait bien marquer les ruptures de narration entre les époques. Adopté.
174 pages Dalva 23 août 2023
Trois femmes : Aléa la guérisseuse, Eléonore adolescente rebelle, Mksheta la conteuse.
Trois époques : le VIIIème siècle, le XXème siècle, la Perse Antique.
Un seul thème le sort réservé aux femmes. Un objet commun entre les trois histoires : une dent enchâssée dans une boule d’ambre.
Parce que ces trois femmes ont décidé de ne pas se comporter comme on l’attendait d’elles, qu’elles ont emprunté des chemins de traverse « le récit officiel tente d’en faire des saintes, des putains ou des folles pour mieux contenir leur puissance et réécrire leur histoire. Mais leur voix, forte, dangereuse et mystérieuse, fait trembler les hommes. »
Ce que j’ai aimé dans ce roman : les trois personnages féminins dont les destins se font écho à travers les âges. J’ai apprécié l’écriture de l’autrice qui nous fait entendre les voix de ces femmes qui disent le besoin des femmes de vivre enfin en toute liberté.
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