Qui est donc cette lionne qui se confesse ? Il vous faudra terminer le livre, entre légende et fait divers pour peut-être répondre à cette question.
Ce roman est un grand voyage socioculturel au Mozambique. Inspiré de faits réels, il entraîne le lecteur dans le village de Kulumani où...
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Qui est donc cette lionne qui se confesse ? Il vous faudra terminer le livre, entre légende et fait divers pour peut-être répondre à cette question.
Ce roman est un grand voyage socioculturel au Mozambique. Inspiré de faits réels, il entraîne le lecteur dans le village de Kulumani où l’opposition entre traditions et modernité est vivace.
Ainsi, les croyances traditionnelles, le Christianisme et l’esprit cartésien s’affrontent lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes. Et la chasse aux lions devient l’enjeu de luttes entre les anciens et les modernes.
Ainsi, des femmes, traditionnellement sans existence sociale en dehors de la maternité, se révoltent chacune à leur manière, jusqu’à vaincre cette société d’hommes. Comment oublier Hanifa la rusée, Mariamar la secrète et Naftalinda, la militante ?
Mais le combat de chacun pour le libre arbitre passe par son rapport à l’écrit, source de pouvoir. Pouvoir de faire exister, telles les lettres tracées par Mariamar encore enfant qui apprend à lire avec l’aide de son grand-père. Pouvoir de soumettre, telles les missives écrites par Martina sous la dictée de son mari Henrique qui était incapable de contrôler ce qu’elle inscrivait sur le papier. Pouvoir d’abriter, tel le journal d’Arcanjo qui le fait entrer dans le monde de ceux qui écrivent et qui ont le droit de rester à la maison.
Ce roman s’écrit à deux voix : celle de Mariamar, la jeune femme immergée dans la culture traditionnelle du village ; et celle d’Arcanjo Baleiro, le chasseur de lion, extérieur à Kulumani. Ces deux voix racontent des histoires parallèles, qui ne se croiseront que fortuitement. Mais ce roman est d’abord un formidable récit conté avec vivacité, humour et clarté. Par le biais d’une épopée, la chasse aux lions tueurs, l’auteur nous distille des aphorismes sur la destinée, la complexité humaine, les rapports sociaux, comme des pépites à découvrir dans le flot de l’intrigue. Il nous fait entrer dans le monde des croyances traditionnelles. Il nous fait percevoir la rigidité des relations entre les membres du village. Mais en partant de cette société particulière, il touche à l’universalité humaine. En refermant le livre, on en sait beaucoup plus sur le Mozambique, mais aussi sur nous. Dommage que quelques approximations syntaxiques et lexicales viennent parasiter ce voyage au long cours.
Cette plongée dans les traditions où la logique n’est plus reine se mérite. J’ai eu quelques difficultés à entrer dans cette histoire : j’étais perdue par la profusion des personnages, les passages de la vie réelle au monde onirique, les retours vers le passé. Mais lorsqu’enfin j’ai réussi à lâcher prise, la balade africaine a commencé, et alors, quel enchantement ! Les croyances africaines me devenaient familières, j’acceptais de lâcher mon rationalisme et alors tout devenait possible.
Un livre à lire d’une seule traite pour s’imprégner de son univers, puis à relire lentement, en en dégustant toutes les richesses littéraires et philosophiques.