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« Regarder à se crever les yeux, à éclater le crâne avec les yeux de derrière les yeux, de derrière la tête ».
L'homme qui écrit ces lignes tentera, toute sa courte vie durant, de voir. Né à Reims en 1907 et mort à trente-six ans à Paris en 1943, le poète Roger Gilbert-Lecomte - que raconte ce roman - est le fondateur avec René Daumal, Roger Vailland et Robert Meyrat de la revue Le Grand Jeu. Au coeur de l'émulation artistique des années 1930, il côtoie André Breton, Arthur Adamov ou encore Antonin Artaud et poursuit, tout au long de sa vie, une quête existentielle et poétique acharnée, accompagnée de prises massives d'alcools et de drogues. La littérature est pour lui considérée - au même titre que diverses substances - comme un moyen de dépassement de la condition humaine.
Loin de l'image d'Épinal du poète maudit, Matthieu Mégevand met en scène la vie de Roger Gilbert-Lecomte en cherchant à approcher son point d'incandescence - c'est-à-dire le moment où l'existence ne se suffit plus, se dépasse, surchauffe, et où l'acte créateur surgit. Au final, un destin d'étoile filante et un roman à son image : éclatant, lumineux, profondément existentiel et qui défile à toute allure.
Un roman biographique qui présente la courte de vie d'un poète peu connu Robert Gibert-Leconte (1907- 1943) ,
Pour lui, la bonne vie, ce n'est pas la vie confortable, respectable et rangée qui l'attend dans sa ville natale de Reims . C'est celle qu'il s'est choisie en partant à Paris à 19 ans avec ses amis de Lycée, ses « phréres simplistes », sortes de mousquetaires d'une poésie nouvelle et intransigeante, qui veut faire table rase des normes d'inspiration et avec lesquels il fondera en 1928 de la revue littéraire Le Grand Jeu , aventure éditoriale qui durera peu .
Un poète à « l'allure de dandy et au visage d'ange déchu » qui s'inscrit dans la tradition des poètes maudits de la fin du 19 siècle . La consommation de drogues variées qui lui permet un dérèglement de tous les sens, lui procure des images hallucinatoires propres « à voir au delà » et à alimenter sa poésie devient progressivement une toxicomanie chronique , ravage son esprit et son corps .
Il vit alors une descente aux enfers et ce « jeune et fougueux révolté , comme choisi par les Dieux pour renverser l'ordre et dominer la capitale » se transforme en une sorte de clochard céleste qui vit de la charité des autres et finit par mourir oublié de ses amis à 37 ans .
La bonne vie, ce fut cette existence débridée mais cruelle, acceptée, revendiquée , comme en témoigne un poème qui porte ce titre et que Matthieu Megevand propose comme conclusion à cet ouvrage .
Cet ouvrage documenté plonge le lecteur dans la bohème littéraire des années 30 , où domine le surréalisme auquel Robert Gilbert-Leconte refuse de s'affilier, préférant se marginaliser et sombrer dans une déchéance à laquelle on assiste, pris entre empathie et pitié pour cet ange déchu .
Le titre « la bonne vie » , ne semble pourtant pas le titre adéquat pour le livre que je viens de finir..
en fait, si, il faut attendre la dernière page pour le comprendre..c'est le titre d'un poème de Roger Gilbert-Lecomte qui clôt ce roman, court roman comme courte fut sa vie !
Ce poète maudit, ami sincère de ses condisciples du lycée de Reims, ennemi de la bourgeoisie dont il est issu et des surréalistes affiliés à Breton, il a tout essayé en matière de stupéfiants depuis cette nuit bien particulière à Reims où il a respiré un mélange détonnant et vécu une expérience inoubliable.. qu'il a voulu renouveler par la suite.
Il quitte sa ville sans le bac, vit chichement, à l'envers, levé à 18.00, couché à 6.00, ne se nourrissant que peu mais avalant force alcools en tous genres, suivis par ses amis, encouragé par des personnalités ; ils créent la revue Le grand jeu , qui réunira des poètes Daumal et Vaillant et des peintres tel Joseph Sima.
Les excès le mèneront dans la tombe prématurément, fin prévisible s'il en est.
Honnêtement je n’avais jamais entendu parler ce cet homme et pourtant c'est le quatrième livre que je lis sur cette période, après ceux consacrés à Desnos, Aragon, Picabia et Giacometti.. période riche s'il en est où il est facile de se repérer dans le Paris de l'entre deux guerres. Jamais je n'avais rencontré son nom, et il faut le dire la médiathèque de ma ville ne comporte aucun titre de lui ! Il a fallu chercher pour découvrir quelques vers, quelques revues, bien souvent illustrées par Sima qui lui, bénéficie encore d'une certaine renommée puisque ses œuvres sont très recherchées et cotées !!
En tous cas, ce roman, mêlant citations reconnues et inventées fut un plaisir à lire et ouvre des horizons encore inexploités ; Merci à l'auteur !
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