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M. Lim Ah Cheng avait raison : au fond d'un puits de Singapour se trouvait bien une vieille bicyclette, dont le pneu arrière est transpercé d'une balle.
La revoir lui rappelle la façon dont elle s'est retrouvée là, 72 ans plus tôt, alors qu'il n'était qu'un gamin des rues dans un Singapour occupé par l'armée japonaise. Une armée dont le principal moyen de locomotion n'était autre que la bicyclette.
Émerveillé par l'agilité d'un soldat sur ce deux roues, Ah Cheng décide de ne plus le lâcher d'une semelle car il rêve de rouler avec autant d'adresse.
Il faut dire que ce simple soldat japonais n'est pas tout à fait comme les autres. Il n'a qu'un but : participer aux Jeux Olympiques en temps que cycliste, une fois la guerre terminée.
Un drôle de tandem se forme, lié par une bicyclette, à la vie à la mort...
Une anecdote historique émouvante et pleine de sens.
Pour son premier roman graphique, Cheah Sinann, auteur d’origine malaisienne qui vit à Singapour, met en lumière une partie de la Seconde guerre mondiale peu connue en Occident : l’occupation de Singapour par l’armée impériale japonaise.
Avec un dessin sobre aux contours bien définis, Cheah Sinann, dessinateur de presse, fait vivre et mourir aussi quelques personnages, dans un noir et blanc impitoyable.
Seule la couverture échappe à la règle, mettant en avant le petit Lim et celui qu’il appelait « Le Professeur », le soldat japonais Toshiro Iwakura qui lui a appris à faire du vélo.
Justement, c’est la découverte d’un vieux vélo au fond d’un puits qui déclenche un récit aussi extraordinaire que violent et émouvant. Cette vieille bicyclette dont le garde-boue arrière a été perforé par une balle, est remise à Michaël de Souza, directeur du musée de la guerre. Ce dernier appelle aussitôt Monsieur Lim ah Cheng qui se souvient, de ce qu’il a vécu soixante-douze ans plus tôt, et nous raconte.
C’est sur cette bicyclette qu’il a appris à rouler dans des circonstances extraordinaires grâce à un soldat japonais beaucoup plus humain que les autres : Toshiro Iwakura.
Au travers de ce récit, c’est toute l’absurdité de la guerre, de l’occupation par une armée étrangère qui transparaît. L’histoire est belle, dramatique, incroyable et profondément humaine. De plus, les éléments historiques en fin d’ouvrage complètent utilement l’album.
La réalité de l’infanterie japonaise à bicyclette durant la seconde guerre mondiale est concrétisée par un croquis détaillé. S’ajoutent un article sur les filles de la nuit rencontrées au cours du récit et un autre sur les Justes japonais comme :
Mamoru Shinozaki qui permit à deux mille prisonniers de fuir des camps de concentration et Chiune Sugihara, diplomate japonais en poste en Lituanie qui aida plus de six mille réfugiés juifs à échapper à la mort.
Comme le petit Lim fonçant pour la première fois sur sa bicyclette, grâce à son Professeur, j’ai été entraîné dans cette BD qui m’a captivé et appris que, si la barbarie a sévi partout, un brin d’humanité peut toujours surgir quand on l’attend le moins.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/08/cheah-sinann-la-bicyclette.html
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