L'histoire de l'Université de Strasbourg, du fait de sa situation géographique et culturelle - contact sur le Rhin entre deux aires de civilisation et bientôt deux États -, présente une originalité certaine. En rendent compte les étapes de sa création et de son développement : 1538, naissance du Gymmnase municipal et luthérien, fruit de l'humanisme et de la Réforme ; 1566, transformation en Haute École ou Académie par l'empereur Maximilien II, puis en Université en 1621 par Ferdinand II ; 1681-1685, incorporation de la ville libre de Strasbourg dans le royaume de France et maintien des droits et privilèges de l'Université luthérienne ; 1702, transfert à Strasbourg de l'Université épiscopale créée en 1618, à Molsheim, par la Papauté. Cette histoire tourmentée définit les caractères essentiels de l'institution : maintien des liens avec la cité, biconfessionnalisme, trilinguisme de fait (latin, allemand, français), ouverture vers l'étranger, mythe du pont suspendu entre la France et l'Allemagne. Supprimée en droit par le gouvernement révolutionnaire, l'institution a été maintenue en fait dans ses éléments essentiels. Au sortir des troubles, dans le cadre de la nécessaire reconstruction, s'inscrit au sein du nouvel établissement, reconstitué par étapes, la réconciliation obligée, dans le domaine de l'esprit, entre le rêve révolutionnaire et les données éthiques héritées du 18e siècle.
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