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Roman sans lecteurs, interdit par les nazis dès 1933, condamné au silence depuis soixante-treize ans, L'Ordre du jour figure en tête de la " Liste des produits littéraires nocifs et indésirables " établie par les services de propagande du Reich. Avant d'être relégué, saisi, détruit, le produit en question avait pourtant été salué comme un chef-d'oeuvre par les meilleurs critiques de la République de Weimar finissante.
Nocif car pacifiste, indésirable par l'aspect futuriste de son écriture, L'Ordre du jour est le témoignage le plus puissant qu'on ait jamais écrit sur la Première Guerre mondiale. Le lire aujourd'hui, c'est vivre l'horreur côté allemand, tuer du Français, baïonnette au clair, s'enfoncer au bout de la folie, dans l'odeur des gaz et le bruit de la mort. Edlef Köppen est l'un des rares écrivains à avoir servi durant les quatre années du conflit.
D'août 1914 à novembre 1918. Dans ce récit largement autobiographique, il décrit l'horreur d'une guerre sans noblesse ni beauté, à l'opposé de la fascination sentimentale d'un Jünger, très loin de la mièvrerie rugueuse d'un Remarque. Proche des expressionnistes, Köppen invente un style brisé fait de collages et d'éclats où la mitraille des mots du Front s'entrechoque et cohabite avec de brèves et apaisantes vagues venues de l'Arrière, comme des échos de la vie civile : menus, chansons, réclames...
Et ordres du jour. Traqué par les nazis, victime des harcèlements du Völkischer Beobachter, Edlef Köppen est mort de ses blessures en février 1939.
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